Etre un adolescent est une épreuve, mais être le parent d'un adolescent l'est encore plus, dans la mesure où la responsabilité de mener l'ado à bon port lui incombe. Mais avant tout, c'est quoi l'adolescence ? Pourquoi est-elle marquée par tant de frasques ? Dr Sofiène Zribi, psychiatre, nous répond. On sait que durant l'adolescence, le corps de l'enfant change. Egalement, des changements de comportement et d'humeur se manifestent. Alors, c'est quoi l'adolescence, exactement ? Tout d'abord, il faut commencer par la définition chronologique de l'adolescence. Elle est la période intermédiaire entre l'enfance et l'âge adulte. Biologiquement, l'adolescence est la transformation du corps du petit enfant vers celui d'une personne adulte. Elle se caractérise par l'apparition de signes sexuels secondaires, tels que le développement de la masse musculaire et le changement de la voix qui s'aggrave chez le garçon et l'opulence de la poitrine et la menstruation chez la fille. Quand cette transformation du corps se termine, c'est, désormais, la croissance qui s'achève. Par contre, la définition psychologique est, tout de même, centrée sur la transformation du corps, mais elle peut précéder la puberté comme elle peut prendre fin après la fin de l'adolescence biologique. Généralement, on constate un changement du comportement de l'enfant qui se caractérise par des relations conflictuelles avec son entourage. On a pris l'habitude de l'appeler crise d'adolescence. Alors, pourquoi l'enfant a-t-il toujours des relations conflictuelles et compliquées avec son environnement ? Le propre de l'adolescent est la sensibilité émotionnelle. C'est désormais une période de transformation qui s'accompagne de réactions émotionnelles beaucoup plus importantes que celles d'un adulte. Il est en perpétuelle lutte. Il doit trouver sa place parmi ses frères, parmi ses copains, parmi ses parents... il est encore dépendant de ses parents, mais il va refuser cette situation. Il veut réclamer un espace indépendant. De là, surgissent les conflits avec ses parents autour de l'école, de l'habillement, de la sexualité, parfois il réclame des libertés inadmissibles par les parents, telles que la liberté de se droguer. Ces libertés, c'est lui qui les définit en fonction du milieu où il vit. En effet, son entourage (l'école) se divise en deux catégories, ceux qui sont populaires et aimés, et ceux qui sont médiocres et rejetés. Bien évidemment, il veut se positionner parmi les aimés. Or, la famille a ses propres valeurs, avec lesquelles il a été éduqué. Et c'est à ce moment-là qu'il ressent de la souffrance. A cause de la confusion de ne plus savoir où se situer, de l'absence d'un modèle à suivre, il passe par des moments difficiles marqués par des conflits et un refus de son image qui peut parfois mener à des tentatives de suicide. C'est précisément au cours de cette période-là que l'adolescent commence à donner de l'importance à son apparence, à travers un habillement distingué. Par quoi explique-t-on cette attitude ? Oui, il est vrai que l'adolescent commence à donner plus d'importance à son apparence, toutefois, en conformité avec le groupe dans lequel il évolue. Si l'on parle d'une famille ouverte ou au contraire conservatrice, d'un quartier populaire ou huppé, les standards de la façon de paraître varient et changent. Une chose est sûre, c'est que l'adolescent veut être non seulement conforme aux standards dictés par son milieu, mais il veut également «exister» dans son groupe. Pour éviter le mal, c'est-à-dire les conduites à risques et les frasques, peut-être regrettables, et pour mieux contenir son enfant durant ces moments difficiles, que préconise-t-on aux parents ? Quant au corps enseignant, comment doit-il agir, sachant qu'il assume également une part de responsabilité ? Il faut tout d'abord signaler que l'adolescence est la dernière chance de l'enfant de se stabiliser et de se faire une personnalité. C'est la dernière chance, également, pour les parents de revoir la relation avec leur enfant. C'est une épreuve que les parents doivent affronter en dehors de toute violence. Le cas échéant, la situation empirera davantage. Par contre, le parent est appelé à être réaliste, à rester toujours en communication. Il ne faut jamais perdre le fil de la communication. Il faut le faire, surtout, avec sensibilité et subtilité. Il faut également accepter en tant que parent qu'il est devenu adulte et l'initier aux problèmes de la famille et le responsabiliser. Etre tout le temps à son écoute. Etre son ami(e). Pour le corps enseignant, c'est encore difficile. Un enseignant sans rêve, sec, sans art est un enseignant qui n'adhère pas à l'éducation épanouie de l'adolescent. Malheureusement, une part non négligeable des enseignants, surtout au collège et au lycée, ne cultive pas ce côté ludique de l'enseignement. Il est important que les professeurs créent du rêve plutôt qu'imposent aux élèves un apprentissage sans cœur.