L'assurance vie a besoin d'un cadre réglementaire clair et pérenne. Le 30e anniversaire de la société Assurances Hayett a été l'occasion de débattre d'un sujet d'actualité et de très haute importance en ces temps caractérisés par une profonde crise des caisses de sécurité sociale, causée, en majeure partie, par le système de retraite par répartition et la phase de transition démographique amorcées par la population tunisienne. Plusieurs experts tunisiens et étrangers se sont penchés ce vendredi 13 octobre sur la «Problématique de la retraite et assurance vie» pour s'interroger sur les systèmes de retraite et l'assurance vie comme nouveau vecteur de développement économique. En instance des réformes La société Hayett a vu le jour à une époque où l'assurance vie ne représentait que 5 à 6% du chiffre d'affaires du marché, a fait savoir M. Lotfi Ben Haj Kacem, directeur général de la société Assurances Hayett qui figure après 30 ans d'activité parmi les principaux opérateurs du marché. Elle offre une gamme de produits riches et diversifiés qui répondent aux besoins de sa clientèle, ainsi que des services de qualité au bénéfice de ses 50.000 clients. Fier des acquis et prêt à relever les défis, il rappelle que le démarrage fut bien difficile en 1987 en raison de la méconnaissance du grand public de l'assurance vie, la fiscalité qui n‘encourageait pas le développement de l'activité et l'interdiction de la banque assurance.Le chiffre de l'exercice au titre de l'année 2016 se présente comme suit : un total bilan de 250 MDT, 51 MDT de chiffre d'affaires, 217 MDT de provision technique, 216 MDT de placement financier, 25,5 MDT de fonds propres et un résultat net de 3,1 MDT. «La célébration de ce 30e anniversaire est pour nous l'occasion de poursuivre notre métier avec professionnalisme, sérieux et efficacité, dans le respect total de la loi et de l'éthique, explique M. Lotfi Ben Haj Kacem. Nous entamons la prochaine décennie avec de grands projets dont plusieurs sont déjà lancés et qui visent notamment à poursuivre notre action en vue d'enrichir notre gamme de produits et à améliorer, de façon continue, la qualité de nos services, essentiellement à travers la refonte du système d'information, la transformation digitale de l'entreprise et la décentralisation des opérations de souscription de gestion de contrats et de prestations sur nos différents réseaux», ajoute-t-il. Le thème de la «Problématique de la retraite et assurance vie», a été déjà débattu lors de la conférence organisée à l'occasion du 20e anniversaire de Hayett. Nonobstant la réforme des régimes de retraite par répartition qui sont gérés par les caisses de sécurité sociale tarde à venir, alors qu'il est plus que jamais nécessaire et urgent d'apporter les solutions pour assurer l'équilibre de ce système afin d'en assurer la pérennité, fait remarquer M. Ben Haj Kacem. L'assurance vie à la rescousse de l'Etat Avec son développement, l'assurance vie est en mesure de financer durablement l'économie de notre pays, a souligné lors de son intervention M. Hafedh Gharbi, président du Comité général des assurances. L'assureur-vie devient un investisseur institutionnel de premier plan, capable de recueillir et de mobiliser une épargne longue et stable. Ainsi, l'assurance vie pourrait-elle participer de façon significative au financement même de la dette de l'Etat. Le succès repose sur la confiance et la confiance se nourrit de la stabilité. A cet égard, une menace majeure réside dans l'insécurité fiscale et juridique qui pèse régulièrement sur le secteur. L'assurance vie a besoin d'évoluer dans un cadre réglementaire clair et pérenne, a expliqué M. Gharbi durant son exposé. Des statiques alarmantes pour les caisses sociales Kamel Meddouri, directeur général de la sécurité sociale au ministère des Affaires sociales, a évoqué le déficit des caisses de sécurité sociale qui est passée de 40 MDT en 2010 à 772 MDT en 2017. Les causes de cette descente aux abîmes sont dues à plusieurs facteurs, à commencer par la succession des résultats négatifs enregistrés dans les deux secteurs public et privé. Le déficit est passé de 117 MDT en 2010 à 862 MDT dans le public, et de 211 MDT en 2010 à 1.040 MDT en 2017 dans le privé. Ceci a eu un impact négatif sur la capacité de la Cnss et la Cnrps à honorer leur engagement à l'égard de la Cnam. Autres raisons qui ont contribué au déficit dans le secteur public, le vieillissement de la population, l'allongement de l'espérance de vie, la «générosité» du système des caisses de retraite, l'augmentation continue du nombre des retraités qui partent avant l'âge légal de départ à la retraite, les régimes spéciaux de retraite, la non-déclaration des salaires ou la fausse déclaration des salaires, ainsi que le développement du secteur informel, explique M. Meddouri. Pour ce qui est de la réforme du système de la sécurité sociale et des caisses de retraite, des concertations sont en cours avec les parties sociales, et on espère qu'on arrivera à un consensus, note M. Meddouri qui se veut rassurant à la fin de son intervention, en confirmant que les perspectives sont prometteuses dans ce contexte. La réforme doit être consensuelle, responsable, équilibrée et juste, conclut-il. La réforme entre logique économique et enjeux politiques M. Mehdi Ben Brahim (maître de conférences, Université de Tunis) a évoqué, dans une critique frontale, les faiblesses du système de retraite par répartition et les options offertes en matière de réforme, les conflits d'intérêts qui peuvent bloquer ces réformes. Il énumère les faiblesses : pas de relation actuarielle d'équilibre, impact des évolutions démographiques, paradoxe entre rendements élevés et faiblesse des pensions, problèmes de couverture, Il ajoute que le problème n'est pas financier, il est idéologique, qu'il faut se poser la question : quels objectifs, Quelle vision stratégique voulons-nous ? Le système de retraite en France Eric Martin, directeur actuaires au Crédit Agricole et invité d'honneur à la conférence, a présenté le système d'assurance dans son pays.Il a parlé d'un système composé de six strates, la retraite générale, la retraite complémentaire, la retraite d'entreprise, la retraite individuelle aidée, la retraite individuelle, la retraite et l'assurance prévoyance. La retraite en France est principalement organisée par les pouvoirs publics au travers de la retraite générale, dite de base, et de son complément Agirc/Arrco. Les pouvoirs publics restent les premiers acteurs de la retraite en France avec un système de répartition qui souffre de la pyramide des âges et du taux d'emploi.