Par Khaled TEBOURBI Curieux, ce «gai brouhaha» autour de la cellule de presse de «Carthage». Amusant, voire, puisque ceux qui s'en occupent sont les intéressés eux-mêmes. Eux, seuls, décrètent leur propre «réussite», et eux tous, pratiquement, en revendiquent la «propriété». Evoquer le détail nous pèse pour de bon. C'est une indigestion d'ego. Une revue de «paons faisant la roue». Non : le plus convenable est de se poser quelques questions. Pourquoi ce manège ? Pourquoi ce tralala ? Pourquoi toutes ces exhibitions ? Trois réponses possibles. Une : la «factuelle». Sous la dictature tous les mérites (réels ou supposés») revenaient de plein droit à Ben Ali. En tout et partout. Aux autres, jusqu'aux «maîtres d'œuvres», ne revenaient que les menus «restes», et encore, il fallait l'accord du manitou. Avec la révolution, on est passé à l'autre extrême. Pas de à «chacun son dû .Pas de justice rendue». Mais à qui sait en prendre possession... Concrètement, c'est à qui monopolise la parole, qui a ses «entrées» ou ses «appuis». Sans «l'autorité solitaire», le pouvoir est réduit en «bribes». «Voie libre» à qui en saisit un bout. Les communicants de «Carthage» se sont «auto-complimentés» ? Aucune objection. Leurs partenaires, leurs publicitaires, leurs «témoins triés sur le volet», aussi. Pas l'once d'une voix dissonante. On a bouclé la boucle des sycophantes. On a quadrillé les «issues». Bizarre, comme cela rappelle l'époque de Ben Ali. Deux : la « naturelle», l'«anthropologique». Cette autre de nos «schizophrénies». Nous, Tunisiens, n'avons pas d'égal pour moquer les prétentieux. Au café, dans les soirées, quand un des nôtres s'y laisse prendre, nous avons «mille regards», «mille mots» pour, vite, l'en dissuader. Mais nous-mêmes, par ailleurs, dès qu'une brèche se présente, adorons «susciter des admirations». On accueillait un public ami l'autre jour à la clôture : la belle «faille» ! Qui se gave au buffet n'a généralement pas d'objections à faire. D'où le défilé des sycophantes, d'où la «revue des paons». Trois : la logique, en dernière instance la «politique». Quelle utilité y a-t-il à faire l'éloge de la com d'un festival, alors qu'on ne pipe mot de ce dernier ? Avec «Carthage», en principe, et en vertu d'une vocation bel et bien établie, nous avons le seul et unique souci de l'art et de la culture. Soit : de la qualité et de la beauté des œuvres et des prestations. Qu'avions-nous, ainsi, à nous épancher sur la «prouesse des agents de presse et des préposés à la communication?» A quoi cela servait-il vraiment ? A «soigner» des carrières, à consolider des «postes», à «préserver des intérêts» ? Que pensent donc les responsables du 53e festival international de «Carthage» ? Comme contenu culturel et artistique, proprement rien. A peine de petites réserves marmonnées sur les participations tunisiennes, et puis motus. C'est pourtant un sujet central. Autre problème tu, «émargé» : le «syndrome des recettes» et des «gradins bondés». «Mission Accomplie !», a simplement conclu le directeur Mokhtar Rassaâ. Laquelle au juste ? Celle d'avoir drainé des publics «à tout prix» ? Ou d'avoir aidé à les maintenir «en l'état» ? Le débat sur les festivals reprendra. Même si les zélés de la com, les bureaucrates de la culture, les «commis» et les opportunistes de toutes sortes, trouvent toujours avantage à l'occulter.