WASHINGTON/LONDRES/PARIS (Reuters) — Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont prévenu hier leurs ressortissants du risque de voir Al Qaïda et des groupes islamistes affiliés commettre des attentats en Europe. Dans une consigne destinée aux candidats aux voyages à l'étranger, le département d'Etat a précisé que des transports publics et des sites touristiques européens pourraient être pris pour cibles. «Le département d'Etat alerte les ressortissants américains du risque potentiel d'attentats terroristes en Europe», lit-on dans cette note qui repose sur «des informations actualisées» suggérant que la nébuleuse islamiste d'Oussama Ben Laden et ses affiliés continuent de préparer des attentats. A la suite de cette mise en garde, la Grande-Bretagne a fait passer de «général» à «élevé», dans ses conseils aux voyageurs britanniques, le niveau de menace terroriste concernant la France et l'Allemagne. La France, elle, maintient à «rouge» son niveau d'alerte. Un raid effectué par un drone américain au Nord-Waziristan, zone tribale pakistanaise frontalière de l'Afghanistan, a permis de déjouer un complot au stade préliminaire visant à commettre une série d'attentats coordonnés sur le Vieux Continent, a-t-on appris cette semaine de sources proches des services de sécurité. A Paris, le ministère des Affaires étrangères dit avoir «pris bonne note des recommandations de vigilance formulées par les Etats-Unis pour les ressortissants américains voyageant en Europe». Dans un communiqué, il souligne que ces recommandations sont «en ligne» avec celles que Paris adresse à la population française. Il précise que les indications transmises par les autorités américaines sont «analysées, recoupées et le cas échéant prises en compte» dans l'évaluation française de la menace, qui s'appuie sur «un ensemble d'éléments». «La menace terroriste en France demeurant élevée, le niveau d'alerte est maintenu inchangé, au niveau rouge», précise le Quai d'Orsay. En Grande-Bretagne aussi Le gouvernement français a actualisé ces dernières semaines le niveau rouge du plan antiterroriste «Vigipirate», avant-dernier niveau d'alerte et qui est en vigueur dans le pays depuis les attentats de Londres en 2005. En Grande-Bretagne, la ministre de l'Intérieur, Theresa May, a également déclaré que la mise en garde américaine correspondait aux propres conclusions des autorités britanniques. Elle a ajouté que son pays était confronté à une menace terroriste «sérieuse et réelle». «Le niveau de menace reste élevé, ce qui veut dire qu'un attentat est hautement probable», a-t-elle précisé dans un communiqué. «Nous coopérons étroitement avec nos partenaires internationaux dans la lutte contre le terrorisme», a-t-elle poursuivi. Une vigilance accrue a été décidée en France après l'exécution, revendiquée par l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), de l'otage français Michel Germaneau en juillet dernier au Sahel. Depuis, l'enlèvement de sept personnes, dont cinq Français travaillant pour Areva ou une filiale de Vinci il y a deux semaines à Arlit, dans le nord du Niger, a accru les inquiétudes. Cette action a été revendiquée par la même organisation, qui a diffusé un enregistrement sonore et des photos des otages. Les alertes à la bombe se sont multipliées depuis le début du mois et les autorités ont décidé d'évacuer la Tour Eiffel, monument emblématique de Paris, à deux reprises à la suite d'appels téléphoniques qui se sont avérés infondés. L'opposition a reproché au gouvernement d'avoir trop communiqué depuis la mi-septembre sur une éventuelle menace terroriste, au risque d'alarmer inutilement la population. Les deux tiers des Français ne croient pas que le risque d'attentat en France soit renforcé, selon un sondage BVA pour Canal + diffusé jeudi. Mais le ministre de la Défense, Hervé Morin, a réaffirmé hier que la menace terroriste était réelle. «En permanence, des réseaux s'organisant pour préparer des attentats sont démantelés dans le monde. C'est bien que les Français le sachent», dit-il dans Le Parisien. «La menace terroriste existe, et peut nous frapper à tout moment», ajoute-t-il. Hervé Morin réaffirme que des «informations émanant des services alliés évoquaient des risques sur l'Europe et plus particulièrement sur la France».