Celui que l'on surnomme le «James Brown sénégalais» et qui chante sa société, la jeunesse et l'inconnu a mobilisé les passants au pied du fort. 53 ans déjà...Le Festival international de Hammamet en a vu passer des artistes importants et moins importants, des directeurs créatifs ou pas du tout, et des publics fans, curieux ou complaisants...Le voilà essayant de retrouver son identité, pour ne pas perdre le nord comme c'est le cas pour d'autres manifestations estivales, et tenter de rétablir la connexion avec la ville, ses habitants et vacanciers. D'ailleurs, c'est dans cet objectif que le In door a été créé. Il s'agit, rappelons –le, d'un programme off dont la 2e édition a lieu depuis samedi dernier au pied du fort, et se poursuivra jusqu'au 14 de ce mois Le coup d'envoi a été donné par un défilé qui a fait le tour du centre-ville à partir d'un quartier commerçant appelé «lahounet». Une «Kharja», des voitures d'époque portant l'enseigne d'une radio, des calèches transportant des femmes en costumes traditionnels, un groupe de filles avec leurs marionnettes géantes, des ados déguisés et un orchestre de cuivre, ont, hélas, bloqué la circulation intense du week-end et ont provoqué la colère des conducteurs. Au pied du fort, les passants attirés par cette scène montée pour la circonstance attendent déjà. Malgré l'affiche géante collée au mur, souhaitant la bienvenue à la 53e édition du Festival international de Hammamet, illustrée par une petite fille aux cheveux blonds portant une robe et un tee shirt orné de notes de musique, et tenant à la main une guitare, les gens s'interrogent et se demandent ce qui se passe. «C'est un spectacle de Sihem Belkhodja qui va commencer», affirme l'un. «Mais non, c'est de l'animation artistique», corrige l'autre. Le jeu des torches allumées et les feux d'artifice attirent de plus en plus de curieux. A 22 heures, le spectacle commence. Il s'agit, en fait, d'un concert signé Sahad Sarr. Le chanteur guitariste que l'on surnomme le «James Brown sénégalais» était accompagné de son groupe «The Nataal Patchwork». Nataal, c'est le portrait. Patchwork, c'est le tout. Et cela part d'une philosophie, d'un constat qui dit que chaque être humain a une identité fixée par la société. Ces artistes sont le reflet d'une culture, des différentes façons de penser et de faire la musique. Sahad, qui dirige son groupe comme le ferait un chef d'orchestre, était donc le nom indiqué pour l'ouverture de l'In door. Contrairement au groupe «intello-verbeux» de l'an passé, ce dernier a réussi à mobiliser les passants. Le chanteur, ses guitaristes, son batteur, son organiste et ses trois trompettistes ont séduit avec leur musique sur fond d'afrobeat, de blues, de jazz et de reggae, leur façon si performante de jouer sans partitions mais à l'oreille, et leur manière de danser si élégante. Le but de cette nouvelle section du festival est-il enfin atteint ?En tout cas, c'est bon de sentir que dans la rue tunisienne, il n'y a pas que de la marchandise made in China, des «Chapatis» et de la chicha parfumée aux pommes. Il y a aussi de la belle musique en live.