Il n'était pas possible de rendre hommage aux femmes qui ont marqué la vie sportive féminine en Tunisie sans penser à elle. Elle, c'est Mme Samira Ben Ghazi, la Tunisienne qui, portée par l'esprit combatif et la conviction au principe qui lie étroitement l'esprit sain au corps sain, a été à l'initiative de l'insertion sportive de la femme. Récemment, et dans le cadre de la tenue du colloque international sur « la pratique sportive de la femme et son impact sur son statut social et psychologique», Mme Samira Ben Ghazi a reçu, dûment d'ailleurs, le trophée «Elyssa», lequel trophée lui a été attribué par le comité international olympique tunisien et remis, conjointement, par M. Slim Chiboub et Mme Saloua Terzi Ben Attia, respectivement président du Comité national olympique tunisien et présidente de l'Union nationale de la femme tunisienne. Ce trophée n'est point un simple geste de gratitude. Il acquiert une symbolique particulière dans la mesure où il couronne un parcours exclusif d'une femme servant aussi bien la cause féminine que le secteur des sports. Il faut dire, en effet, que le parcours de cette militante de la cause féminine dans un domaine bien particulier s'avère unique. Son action pour l'introduction des activités sportives et artistiques dans le programme éducatif se présente comme une démarche pionnière surtout qu'elle remonte à l'année 1954, juste après la fin du protectorat et, bien évidemment, avant même la déclaration de l'Indépendance. A cette époque, cette femme tunisienne anticipait déjà sur le principe de la liberté de la femme, sur son insertion à la vie active et prouvait ses performances en tant que bon élément social parfaitement apte à prendre et à assumer des responsabilités. L'introduction des activités sportives dans les établissements d'éducation a été réalisée grâce à la prise de décision de Mme Ben Ghazi, alors première directrice du lycée Montfleury. Une des premières directrices d'établissements éducatifs en Tunisie, elle a également été pionnière en matière de création d'association sportive féminine. Il s'agit de l'Association sportive tunisienne, créée, elle aussi en 1954. Il y a lieu de rappeler que ces actions, quoi qu'elles semblent anodines de nos jours, n'étaient point facile à réaliser vu le contexte politique et social fort critique d'un pays qui se battait pour décrocher son Indépendance. La création d'une association sportive purement féminine était encore plus insensée. A cette époque, la majorité écrasante des familles étaient conservatrices. Permettre à leurs filles d'adhérer à une association sportive était loin d'être évident. Mais le défi a, quand même, été relevé, grâce notamment à l'irréprochable réputation de cette sportive-éducatrice. Active depuis 1954, l'association a donné naissance à plusieurs sections sportives féminines dont la section du basketball, volley-ball, hand-ball, ,escrime etc. Les femmes des années cinquante ont ainsi pu découvrir des loisirs aussi passionnants qu'utiles. Certaines d'entre elles ont pu exploiter leurs potentiels en matière de sport et percer dans ce domaine, prouvant ainsi que les talents féminins peuvent être autres que la broderie et le crochet. Déterminée plus que jamais à guider les sportives vers le chemin de la gloire, Mme Samira Ben Ghazi a consacré sa vie à cette vocation ; celle de booster le sport féminin. Mariée à un diplomate, elle a pourtant refusé de quitter le pays pour être à côté de son mari, convaincue qu'elle était que la promotion du sport féminin était bien prioritaire.