67,9% des particuliers de plus de 15 ans n'ont pas accès ou font une utilisation limitée des comptes bancaires formels, alors que 73,6% des particuliers sont non servis (ou mal servis) en matière de services financiers. L'inclusion financière et bancaire en Tunisie 2016-2017 est une étude élaborée par le Pr Sami Mouley, expert, et le Dr Majdi Hassen, conseiller exécutif relevant de l'Institut arabe des chefs d'entreprises (Iace). L'inclusion bancaire repose essentiellement sur le niveau des conditions d'accès (offre), mesurées par des facteurs de pénétration, couverture, détention et disponibilité de comptes formels de dépôts (compte bancaire ou postal) L'inclusion financière est calculée sur la base d'indicateurs d'usage (demande) de services financiers, reflétant les capacités d'accès des individus (adultes de plus de 15 ans) aux produits d'épargne, aux emprunts bancaires, aux transferts postaux, aux instruments de la micro-finance, aux produits d'assurance et plus globalement à des services financiers de base ainsi qu'à des dispositifs de paiement adéquats. L'inclusion financière s'adresse particulièrement aux conditions d'accès des catégories les plus vulnérables (pauvres) de la population ainsi que des TP-PME à une gamme complète de services et de produits financiers abordables, sûrs, accessibles, adaptés et utilisables, à des coûts de transaction raisonnables. Services financiers non fournis Il s'est avéré que le taux d'inclusion financière en Tunisie est relativement faible se limitant à 32,1%. Aussi, 67,9% des particuliers de plus de 15 ans n'ont pas accès ou font une utilisation limitée des comptes bancaires formels. De même, 73,6% des particuliers sont non servis (ou mal servis) en matière de services financiers. D'ailleurs, la situation de la bancarisation des particuliers est en détérioration entre 2011 et 2014 de 27,4%. Le référentiel international est utile, mais ne rend pas compte de la complexité de la problématique régionale en Tunisie, dans la mesure où il ne couvre pas tout le territoire tunisien avec ses 24 gouvernorats et ne touche pas tous les secteurs d'activité et toutes les tailles. L'Iace a opté, quant à elle, pour un échantillon d'analyse couvrant tout le territoire national et composé de 600 particuliers, 400 PME avec une diversité de représentativité sectorielle et 165 agences bancaires appartenant au secteur bancaire on-shore. La méthode de collecte des données s'est basée sur une enquête dont les résultats ont été obtenus par questionnaire via la méthode «face to face». La collecte des données a été effectuée au cours des 3e et 4e trimestres de 2016. La structure de l'échantillon par gouvernorat montre une concentration importante de l'ordre de 52% répartie dans le Grand-Tunis (35.5%), Sfax (9.25%) et Sousse (7.25%), qui représentent respectivement les trois grands pôles économiques de la Tunisie. Le Grand-Tunis, le Nord-Est et le Centre-Est accaparent la concentration la plus importante de la population. Le ciblage de la population la plus exposée à l'exclusion financière concerne le Nord-Ouest, le Centre-Ouest et Sud-Ouest avec 34.16% de l'échantillon. L'inclusion financière est «faible» à l'échelle nationale puisque l'indice est égal à 0,284. Le sous-indice de disponibilité de services financiers est considéré aussi comme «faible» avec un score égal à (0,275). Le sous-indice d'usage de services bancaires est qualifié, quant à lui, comme «moyen à modéré» avec un score égal à 0,319. Enfin, le sous-indice de pénétration bancaire est « moyen à modéré » avec un score égal à 0,476. A noter que ces indices et sous-indices sont variables selon les gouvernorats. Les raisons de la non-bancarisation sont multiples. Certaines personnes justifient une telle situation par des agences bancaires jugées trop éloignées (14,7%), des commissions et frais bancaires jugés élevés (25,2%), l'absence de documents nécessaires pour l'ouverture de comptes (17,4%), le manque de confiance dans le secteur bancaire (18,4%), l'insuffisance d'argent pour l'utiliser (73,3%), des raisons religieuses (25,9%) et par l'existence d'un compte déjà ouvert par quelqu'un d'autre dans la famille (19,6%).