L'évolution entre 3,5 et 4,75% du taux directeur de la BCT au cours des cinq dernières années était liée non pas à la valeur du dinar, mais plutôt à l'inflation, la liquidité et la consommation Après une semaine exceptionnellement agitée, des suites d'une chute exceptionnelle et injustifiée du dinar par rapports aux principales monnaies de nos échanges, l'euro et le dollar, la Banque centrale de Tunisie a fini par intervenir en injectant 100 millions de dollars mardi dernier et en relevant le taux d'intérêt directeur de 50 points de base pour le porter à 4,75% pour les crédits bancaires et à 4% pour l'épargne. Si aucune déclaration n'avait été faite concernant la valeur du dinar, on aurait certainement évité toute équivoque et ces coûts supplémentaires dont personne n'avait besoin. Mais le fait est là, au moment où l'économie s'apprêtait à reprendre, avec des indicateurs d'investissements relativement à la hausse, des réservations touristiques étaient, pour le moins, prometteuses sur certains marchés ayant boudé la Tunisie par le passé, la place de Tunis a été contrainte à supporter cette rude épreuve avec toujours un espoir qu'elle soit passagère. Certes, en augmentant le taux d'intérêt de la sorte, le recours au crédit bancaire pour financer l'investissement sera ralenti. Mais cela serait peut-être plus bénéfique pour recourir à d'autres sources d'investissement, à travers le marché financier en l'occurrence. Dans le même ordre d'idées, le taux de 4% exercé sur l'épargne devrait doter le système financier de plus de liquidité, mais encore faut-il que les ménages aient de l'argent à mettre de côté... Cela étant, le taux d'intérêt directeur a subi plusieurs ajustements au cours des cinq dernières années. En 2012, il était de 3,5%. Il a été élevé à 3,75% en janvier 2013, puis à 4% en mars de la même année, 4,5% en janvier 2014, puis 4,75% en juillet de la même année. Et ce n'est qu'en janvier 2016 qu'il a été abaissé à 4,25% pour retrouver le niveau de 4,75% mercredi dernier. Cette évolution entre 3,5 et 4,75% au cours des cinq dernières années était justifiée, non pas par la valeur du dinar, mais par l'inflation, la liquidité et la consommation. En abaissant le taux d'intérêt, on a souvent remarqué que la consommation augmentait, on avait même eu des craintes de déflation à un certain moment. Ralentissement Le système en place avait besoin de booster la consommation pour relancer la croissance économique. La consommation était d'ailleurs le moteur économique de dernier recours en l'absence d'investissements et à l'ombre du déficit du commerce extérieur. Mais malheureusement, il s'est avéré que la valeur ajoutée consentie au niveau de la consommation a été absorbée par les importations et ses effets n'étaient pas aussi bénéfiques qu'on le souhaitait. Aujourd'hui, il s'avère que les investissements directs étrangers reprennent. D'ailleurs, ils ne dépendent pas du financement bancaire local. L'on s'attendrait aussi à un léger ralentissement de la consommation et par voie de conséquence de l'inflation, ce qui aurait des répercussions certaines sur les échanges commerciaux et donc la valeur du dinar. Mais tout cela n'est que conjoncturel. Les réformes structurelles auxquelles la Banque centrale a appelé d'accélérer touchent principalement le déficit commercial et le déficit budgétaire. Les maux économiques de la Tunisie sont connus. Il existe bien des mesures à prendre pour rationaliser les comptes publics au niveau des dépenses de gestion, le rééquilibrage des caisses sociales et la stabilisation des populations, à même de rétablir une confiance fortement altérée ces dernières années et d'augmenter la productivité pour pouvoir générer de la valeur et créer des emplois dans l'économie réelle. Par ailleurs, il existe un aspect important lié au moral des agents économiques. Et cet aspect est fortement lié à la communication. A ce niveau précis, la Tunisie n'a pas encore développé de traditions durables. Nous somme passé d'une opacité presque totale avant 2011 à une fausse transparence effrénée et dont les effets étaient plutôt néfastes et non maîtrisés. D'après certains points de vue (voir interview de Hakim Ben Hamouda), il existe un équilibre à trouver entre les besoins de transparence et le calme des opérateurs. Sans donner de fausses nouvelles, ni de promesses qu'on ne puisse tenir, il existe un terrain sur lequel on peut informer tout en protégeant le marché.