«La démocratie en Tunisie est encore jeune, même après six ans. Donc, il faut du temps pour gagner en stabilité, très importante pour l'investissement et le domaine des affaires»... En visite de deux jours à Tunis, le Lord-maire de la cité de Londres est accompagné d'une importante délégation d'experts et d'hommes d'affaires. L'objet de sa visite consiste à promouvoir la coopération entre les deux pays (sur fond de Brexit) dans le créneau des services financiers, à même de faire de la Tunisie un hub régional dans ce domaine. La Presse l'a rencontré et a obtenu des éclaircissements. En quoi un petit marché comme la Tunisie est-il intéressant pour le Royaume-Uni ? C'est un grand plaisir d'être en Tunisie. Au fait, nous avons travaillé avec la Tunisie depuis plusieurs siècles et ce n'est pas une nouvelle idée. Certains considèrent le Royaume-Uni comme pays européen, mais il n'est pas uniquement une partie de l'Europe. Il a aussi un centre international pour le commerce global. Mais cela ne nous empêche pas de continuer à travailler avec la Tunisie... Avant votre arrivée, vous avez annoncé l'intention d'aider la Tunisie à devenir un centre financier régional. Quelle est votre stratégie pour réaliser cela ? Certes, la cité de Londres est le premier hub financier dans le monde. Mais il y a encore de la place pour faire des centres régionaux. La Tunisie a une bonne position dans le centre de la Méditerranée pour cela et je suis particulièrement intéressé d'aider la Tunisie à devenir un hub financier dans la région. Je représente l'ensemble du Royaume-Uni et pas uniquement la cité financière de Londres. Je ne suis pas venu tout seul, mais avec une équipe d'homme d'affaires et d'experts. Nous allons procéder à un échange d'expertise dans les deux sens. Et on croit vraiment au développement des relations bilatérales dans ce domaine. Concrètement, qu'est-ce qu'il faut pour mettre en place un centre financier ? La cité de Londres a une grande expérience dans ce domaine. Donc, l'expérience est nécessaire tout comme l'expertise. Mais pour y parvenir, il y a un apprentissage à faire. Il ne s'agit pas d'apprendre l'anglais uniquement qui est la langue universelle des affaires, mais aussi les services financiers comme domaine d'éducation. Aujourd'hui, nous allons lancer la troisième session de la Bourse Mention-house de l'éducation en faveur des étudiants tunisiens. C'est une opportunité de venir à Londres pour étudier les services financiers. Lorsqu'il s'agit d'investir, il y a toujours cette question de confiance qui revient. Pensez-vous que les investisseurs ont suffisamment confiance en la Tunisie pour y placer de l'argent ? La démocratie en Tunisie est encore jeune, même après six ans. Mais, par exemple en Grande-Bretagne, on a passé des siècles pour établir une vraie démocratie. Donc, il faut du temps pour gagner en stabilité, très importante pour l'investissement et le domaine des affaires, et je suis confiant que ce pays va gagner sa prospérité. Quels sont les engagements que vous envisagez de signer à l'occasion de cette visite ? Mon programme comprend des entretiens avec le chef du gouvernement, la ministre des Finances, la ministre de l'Energie et le gouverneur de la Banque centrale. Personnellement, je ne vais pas signer de documents, mais je serai témoin de la signature d'un mémorandum dans les services financiers, qui va constituer un nouveau chapitre dans l'industrie financière en Tunisie. Aujourd'hui, on a de plus en plus d'incertitudes dans le monde. Quelle est votre lecture du nouveau contexte et son impact sur l'économie globale en général ? Certainement, je suis optimiste. L'économie globale est grande et elle va continuer. Il y a sans doute des défis. Mais l'essentiel est de transformer ces défis en opportunités. Le Brexit est un défi, par exemple, pour le Royaume-Uni, mais qui pourrait être une opportunité pour mieux faire et devenir encore plus grand. Londres a survécu suite au grand incendie, à la grande dépression, et elle survivra suite au Brexit. Avez-vous un message particulier à adresser aux Tunisiens ? Il y a deux choses. Premièrement, j'ai déjà invité, en coordination avec l'ambassade, un groupe d'experts et d'hommes d'affaires tunisiens à venir à Londres afin de discuter davantage. Et deuxièmement, quel beau pays vous avez ! Et il est très regrettable de ne pas l'avoir visité avant l'âge de soixante ans.