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Du nouveau dans la maison
La Rachidia
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 03 - 2017

Rendez-vous le 30 avril au Théâtre municipal de Tunis et une participation qui reste encore à confirmer au Festival de Carthage.
Le bruit a couru, ces derniers temps, que la Rachidia céderait ses locaux de la rue Driba au profit d'un Centre culturel turc. Il n'en est rien de cette histoire inventée de toutes pièces par les réseaux sociaux. Interrogé, Hédi Mouhli, président de l'Association Rachidia, affirme sans équivoque que la Rachidia ne changera pas de locaux et ne les cédera à quiconque. « Il s'agit d'une convention de partenariat qui a été signée entre le ministère de la Culture tunisien et l'ambassade de Turquie pour la mise en place d'un Centre culturel tunisien à Istanbul et d'un autre à Tunis. Il serait question d'installer le futur Centre culturel turc dans une partie de Dar Daoulatli jouxtant le siège de la Rachidia, qui a été autrefois une prison, mais il n'est pas question de déloger la Rachidia ailleurs », explique Hédi Mouhli.
D'autre part, la Rachidia élargit son champ d'activité et se procure 3 pièces vides à Dar Lasram 2 pour y installer dans chacune d'elle un projet, dont le coût total est d'un million trois cents mille dinars. Le premier projet consiste en la création d'un Centre de recherche, d'étude et de numérisation des archives qui serait dirigé par des jeunes musicologues de la Rachidia et des associations de musique qui s'intéresseraient au patrimoine musical et à sa diffusion. Un club de malouf piloté par Fathi Bousnina avec l'organisation d'un mini-concert de malouf avec comme invité un artiste confirmé, et ce, chaque samedi. Le troisième projet est la création d'un musée permanent de la Rachidia.
En attendant que la rue du Dey soit prête, d'autres projets verront le jour et seront annoncés au moment opportun, la Rachidia de la rue de Driba poursuit ses activités : apprentissage de la musique assuré par le grand compositeur Abdelkarim Shabou, organisation de colloques et de concerts en faisant participer les six autres institutions de la Rachidia à l'intérieur du pays. « A l'occasion de la réouverture du Théâtre municipal de Tunis, la grande troupe de la Rachidia sous la conduite du maestro Nabil Zommit et de Sofien Zaïdi pour la direction vocale donnera, le 30 avril 2017, un concert avec la participation de vedettes de la chanson, comme Lotfi Bouchnaq et Najet Attia, ainsi que de jeunes talents, à l'instar de Asma Ben Ahmed et Mohamed Salah», a annoncé Hédi Mouhli. La troupe organisera des concerts tous les deux mois.
Parmi les autres rendez-vous importants prévus au cours du mois de Ramadan, l'organisation de la 3e édition de Tarnimet : Layali Rachidia, avec la participation des troupes venues d'Algérie et du Maroc, célèbres pour le malouf andalou. Il reste à la troupe de la Rachidia la scène de Carthage qu'elle mérite amplement. Mokhtar Rassaâ, le nouveau directeur du Festival de Carthage, féru de chant authentique qu'il soit du terroir ou du vaste répertoire du malouf offrira-t-il une fleur à cette troupe vieille de 82 ans, en la programmant cet été dans le plus prestigieux festival du pays ? Ce serait à la fois un couronnement pour la troupe et une représentation de la musique tunisienne qui a encore de nombreux adeptes.
Une histoire glorieuse
Etablissement d'apprentissage de musique arabe, la Rachidia, ou Association de l'Institut Al-Rachidi de musique, est un institut de musique tunisienne qui a vu le jour en 1934 grâce à une élite de mélomanes algériens et tunisiens, à leur tête Mustapha Sfar (1898-1941), musicologue, lettré, grand commis et Cheikh El Médina de Tunis. Cette institution, qui assure la protection et la pérennité de la musique savante tunisienne, a connu des hauts et des bas au cours de son histoire.
Gardienne du temple de la musique savante comme le malouf, cette institution a pour objectif principal de défendre les vieilles traditions de l'orchestre malouf et ses partitions nuba et protéger cette musique contre les influences étrangères dominantes. La Rachidia est la première institution musicale en Tunisie et une des plus vieilles institutions de musique arabe.
Deux ans donc après le congrès de la musique arabe organisé en mars 1932 au Caire, la Rachidia voit le jour en réaction à l'envahissement des espaces publics (cafés) par la musique orientale, à l'arrivée de chansons tunisiennes en français (défense de l'identité nationale en période de colonisation) et aux effets d'une chanson de variété légère alors considérée comme « de bas de gamme ». Dans une première étape, l'institution vise la sauvegarde du patrimoine musical tunisien, dont le malouf et ses variantes. Dans une seconde étape, elle vise la documentation d'un patrimoine considérable : les premiers essais d'adaptation de notation musicale sont exécutés par Mohamed Triki.
Les origines de l'appellation «Rachidia» remonte à Mohamed Rachid Bey (1710-1759), troisième prince régnant husseinite, un amateur de musique, réfugié en Algérie lors du grand conflit guerrier entre les Husseiniyas et les Bachiyas (1736-1756). Durant les vingt années de son exil, il étudie le chant andalou et écrit des poèmes qu'il compose en chansons. Certains lui attribuent l'agencement du malouf et la fixation de l'alternance de ses composantes ainsi que l'inoculation d'éléments grecs et turcs, dont les bachrafs (Waraqat, H. H. Abdul-Wahhab).
En dépit de l'appellation empruntée à Mohamed Rachid Bey, il n'existe aucun lien entre la Rachidia et le régime beylical. L'institution musicale prend naissance dans un contexte de pure verve nationaliste stimulée par l'acuité des conflits politico-religieux et aucune personnalité officielle du Palais ou de la famille royale n'en faisait partie. Bien au contraire, les beys et leurs entourages continuaient à consommer l'art consacré par l'ensemble des citoyens sans souci particulier d'actualité ou de qualité.
Des élans novateurs et des glissements
Mustapha Sfar et ses compagnons Mohamed Triki et Khemaïs Tarnane ont voulu faire revivre la musique andalouse dans les règles de l'art. Tout d'abord l'institution de la Rachidia fonctionne comme une école dont la tâche principale est de répertorier le malouf, d'aménager des structures de conservation de cette richesse et d'assurer la transcription des œuvres afin de garantir leur survie.
A partir de 1940, la Rachidia prend des élans novateurs, inspirant ainsi de nombreux créateurs. Le «foundou» devient la musique dominante, ce qui a transformé la scène musicale de cette époque. Les premières années suscitent l'enthousiasme des paroliers et des musiciens. Ces derniers, réunis au sein d'une cellule (khaliya), donnent leur premier concert au Théâtre municipal de Tunis.
La Rachidia fait appel à des chanteuses comme Chafia Rochdi, Saliha et Fathia Khaïri qui deviennent vite des vedettes incontournables. Cette phase de développement se poursuit après l'Indépendance avec la création par Khemaïs Tarnane d'un conservatoire pour l'apprentissage du malouf qui donne un second souffle à l'institution avec l'apparition des figures de proue tels Tahar Gharsa, Mohamed Saâda, Abdelhamid Ben Aljia, Ridha Kalaï, et des chanteuses, dont Naâma et Oulaya. À partir des années 1950, l'enseignement y est introduit avec la même mission de sauvegarde du patrimoine et d'encouragement de la créativité et de l'innovation chez les jeunes musiciens de tous horizons.
Avec le lancement de l'orchestre de la radio-télévision tunisienne, les musiciens et chanteurs commencent à déserter l'orchestre de la Rachidia. Après le décès de Khemaïs Tarnane en 1964, Tahar Gharsa est nommé responsable de l'ensemble vocal jusqu'en 1978. Par ailleurs, une décision présidentielle est prise en 1991 pour renforcer le budget de l'institution et la réhabiliter par la relance de la troupe première, l'actualisation du patrimoine musical national, la réintroduction de l'enseignement et l'encouragement des créateurs dans toutes les branches de la musique, une mission dont est chargé Abdelhamid Ben Aljia avec l'aide de Tahar Gharsa. Le fils de ce dernier, Zied Gharsa, assure la direction de l'ensemble musical à partir de 2003 et remplace Ben Aljia à la tête de l'orchestre en juillet 2006.
Le comité artistique assure la charge de la collecte du patrimoine et de la révision des nouvelles compositions. Le deuxième comité, composé de poètes et d'auteurs, se penche sur l'étude des textes des chansons. La Rachidia anime des mini-concerts mensuels à l'Institut supérieur de musique et des concerts au Théâtre municipal de Tunis (aujourd'hui fermé pour rénovation). En 2005, l'ouverture du Festival international de Carthage est consacrée à célébrer les 70 ans de cette institution.
Toutefois, depuis le 14 janvier, l'institution connaît des hauts et des bas. Avec le déclin du marché du disque et de l'industrie quasi inexistante, la Rachidia essaie tant bien que mal de jouer un rôle de sauvegarde de la musique tunisienne et de la faire exister sur la scène musicale, ce qui n'est pas toujours évident. En 2011, des conflits émergent entre membres du comité directeur, et des démissions à la pelle perturbent les activités de la Rachidia qui se trouve dans une mauvaise passe. Celle qui était à l'avant-garde de la musique, en s'opposant fortement à la médiocrité régnante par la formation d'une troupe homogène et la constitution d'un corpus de compositions consistantes interprétées par des chanteurs de grande facture tels que Zied Gharsa et Sofiène Zaidi, se range discrètement derrière le rap et la musique populaire. Une quasi-absence médiatique la confine dans le silence. La musique savante est-elle surclassée de nos jours et la Rachidia avec ?
Le comité directeur
Président : Hédi Mouhli
Vice-président : Mohieddine Boularès
Secrétaire général : Fathi Bouhouch
Secrétaire général adjoint : Ali Aâmira
Trésorier : Mohamed Hédi Blouza
Trésorier adjoint : Mohamed Habib Essoussi
Membres : Mariem Lakhoua, Ali Sayari, Kaouther Mahfoudh Bourisa, Sihem Hajer Gharbi, Saloua Hfaiedh, Sonia Ben Ammar.


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