Malgré la consommation relativement élevée de stupéfiants, la Tunisie est loin d'être une plateforme de transit A la lumière du rapport mondial 2016 de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), il est possible de conclure que notre pays n'est pas frappé par le fléau de la drogue dans la mesure où on ne figure même pas dans la cartographie des habitudes des consommations de drogues par pays. Paradoxalement, «experts» et représentants d'ONG tirent la sonnette d'alarme quand ils évoquent la consommation et la distribution des stupéfiants dans notre pays. Pas de mafia de la drogue en Tunisie En 2014, l'ancien ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a indiqué que la quantité de drogue saisie dans le pays est en hausse constante. Certains experts internationaux n'ont pas hésité, à cette époque, à brosser un tableau sombre en présentant notre pays comme une nouvelle plaque tournante de la drogue en raison du relâchement post-révolutionnaire de l'appareil sécuritaire. La donne a changé aujourd'hui et les unités spécialisées dans la lutte contre les stupéfiants d'engranger des succès. Les arrestations se poursuivent dans les rangs des distributeurs comme dans ceux des consommateurs et la vigilance est de mise dans les aéroports et sur les frontières terrestres et maritimes comme en témoigne la saisie, le 12 mars dernier, d'une grande quantité de cocaïne estimée à des millions de dinars à bord d'une vedette italienne au large des côtes tunisiennes selon le ministère de l'Intérieur. L'un des cadres de la police a confirmé l'absence de «mafia de drogue» dans le pays. «C'est le cannabis (Zatla) qui vient en première ligne au niveau de la consommation et de la distribution», a-t-il expliqué, mais le marché de la cocaïne commence à connaître une augmentation relative chez une certaine classe aisée de la société tunisienne, ajoute-t-il. L'Onudc confirme dans un contexte plus général que «les groupes les plus nantis sont plus enclins à la consommation de drogues que les groupes qui le sont moins, mais ce sont ces derniers qui paient le prix le plus élevé parce qu'ils sont plus susceptibles de devenir dépendants». Pour une stratégie maghrébine de lutte contre la drogue C'est au niveau du port de La Goulette que l'étau se resserre de plus en plus sur les passeurs de psychotropes. Ils sont en général en provenance de Marseille, d'Italie ou de Belgique et usent de divers subterfuges pour faire passer leurs marchandises . En décembre 2016, une femme en provenance de Gênes en Italie a été arrêtée à bord de sa voiture au port de La Goulette avec plus de 20 mille pilules d'ecstasy et 150 grammes de cocaïne. Généralement, l'écoulement des stupéfiants est concentré dans les gouvernorats de Sousse, Nabeul (Hammamet) et dans le Grand Tunis. Une source sécuritaire, qui a préféré garder l'anonymat, a expliqué que la Tunisie sert aussi de point de passage pour quelques distributeurs vers la Libye et l'Algérie. Ce qui rassure, c'est que la Tunisie n'est pas classée comme principal marché ou pays de transit par l'Onudc. «L'Europe, l'Afrique du Nord, ainsi que le Proche et le Moyen-Orient demeurent les principaux marchés de résine de cannabis, toujours produite en majeure partie au Maroc et en Afghanistan», note l'organisation mondiale. L'inondation des pays d'Afrique du Nord et du Sahel de cannabis pose problème, estiment certains experts onusiens. Les pays du Maghreb arabe demeurent menacés par ce fléau, en raison de la perpétuelle quête de nouveaux marchés par les trafiquants et l'apparition de nouvelles drogues. Ces pays sont condamnés à coordonner leur action sécuritaire pour lutter efficacement contre ce fléau, aussi bien dans le cadre du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur que dans celui de l'Union du Maghreb arabe.