Dans le bras de fer qui ne cesse d'opposer le ministère de l'Education et les deux syndicats de l'enseignement (primaire et secondaire), on commence à percevoir une éclaircie Bien qu'on assiste aux dernières «salves» d'une part et d'autre, la tension devrait baisser d'ici les prochains jours. Les responsables des mouvements de protestation ont voulu maintenir la pression jusqu'au bout avant la tenue de la Commission administrative (CA), le 3 mars. Cette réunion s'est poursuivie jusque tard dans la nuit. Aux dernières déclarations des responsables, les travaux de la CA auraient été suspendus pour être repris à la fin de la semaine prochaine. Entre-temps, le ministère de l'Education a fait savoir qu'il utiliserait son droit de prélèvement sur les salaires pour les enseignants grévistes. En parallèle, une dizaine de directeurs d'établissements scolaires auraient été relevés de leurs fonctions pour avoir refusé de fournir à l'administration centrale la liste des enseignants grévistes. A ce propos, on vient d'apprendre, justement, que le chef du gouvernement aurait annulé cette décision. Intervention déterminante de Taboubi Bien sûr, le syndicat concerné a réagi en considérant qu'il s'agit «d'un autre affront» infligé aux enseignants. Par conséquent, tout serait fait pour s'opposer à cette mesure par la protection des directeurs concernés. La riposte ne devrait pas se faire attendre. Mais, malgré cette tension apparente, le climat dans les coulisses «officielles » serait à l'apaisement. Les tractations se poursuivent loin du tapage médiatique. On ne serait pas loin d'une issue et d'une solution « radicale ». Le secrétaire général de la centrale syndicale, lui-même, serait monté au créneau au cours de la réunion de la Commission administrative pour appeler à plus de retenue. Il conviendrait, selon lui de ne pas aller dans le sens de l'escalade et de donner une chance d'aboutir. L'option des 10 jours de suspension des cours proposée pour la fin du mois de mars n'est pas la bonne solution. Des propositions ramèneraient la suspension à trois jours, uniquement. La séance de la CA prévue samedi prochain (11 mars) serait décisive dans ce sens. Le SG du Syndicat général de l'enseignement secondaire s'en tient, quant à lui, à ses déclarations. M. Noureddine Taboubi prône, pour sa part, une attitude plus raisonnable qui tienne compte des intérêts supérieurs du pays dans la conjoncture particulière que tout le monde connaît. Il insiste sur la nécessité d'éviter à l'Ecole plus de perturbations et de lui permettre d'achever ce qui reste de l'année dans des conditions, au moins, normales. Cette intervention du SG de l'Ugtt pourrait peser sur les décisions à adopter pour parvenir à la résolution des litiges qui existent et barrer le chemin devant les extrémismes de tous bords. Une fois, encore, l'Ugtt nous rappelle que nous sommes face à une organisation nationale qui sait se positionner quand c'est nécessaire. Alors, se demanderait-on, sommes-nous devant l'émergence d'une nouvelle Direction syndicale plus responsable et plus consciente des enjeux nationaux ? Coup sur coup, on voit que les dossiers des négociations sur l'augmentation des salaires dans le secteur privé sont sur la bonne voie ainsi que les accords sur le relèvement du Smig. A mettre à l'actif de la nouvelle gestion de l'Ugtt. Tandis que certains affûtent leurs armes pour bloquer toute sortie de crise, il y aurait des tentatives sérieuses, cette fois, de trouver des arrangements pour assurer une issue à la crise sans léser l'une ou l'autre des parties. Les secrétaires généraux de l'enseignement de base et de l'enseignement secondaire feraient cavalier seul pour adopter des mesures communes en vue de réagir à celles prises par le ministère de l'Education. L'avis de grèves les 8 et 9 mars dans le primaire reste valable, jusqu'à preuve du contraire. Toujours est-il que les parents peuvent se réjouir de constater, qu'enfin, il existe un responsable à l'Ugtt qui peut impulser un nouveau souffle à la centrale syndicale et lui indiquer la meilleure voie dans ses combats pour la dignité de la classe ouvrière. Et, le Tunisien se prend à rêver : un dirigeant syndical de la trempe de Habib Achour est-il en train de naître ?