L'Association tunisienne d'assistance aux malades du cancer du sein (Atamcs) a organisé, samedi dernier, le 5e forum «La vie en rose» sur le thème «le cancer du sein chez la femme jeune» à l'hôtel Golden Tulip Mechtel. Cette pathologie, qui touche les femmes généralement, dès la trentaine, prend progressivement de l'ampleur dans le nombre de cas diagnostiqués partout dans le monde. Selon une étude élaborée récemment par un groupe de médecins spécialistes à l'institut Salah Azaïez de cancérologie, plus de 14.000 cas de cancer du sein sont dépistés à un stade avancé, ce qui laisse peu de chances aux femmes jeunes, notamment qui souffrent de cette maladie, de survivre. Inaugurant ce forum, Pr Khaled Rahal, chef de service de chirurgie à l'institut Salah Azaïez et président de l'Atamcs, a présenté les résultats de l'étude mettant en garde contre la banalisation d'une maladie qui tue à un stade avancé. Les droits des personnes atteintes La femme jeune est la première concernée par le dépistage pour un diagnostic posé et précoce d'une éventuelle tumeur cancéreuse touchant les seins. Il a indiqué récemment «Plus de 60% des cas de cancer du sein sont dépistés à un stade avancé et souvent incurables avec des tumeurs de trois et de quatre centimètres de diamètre». De son côté, Me Wahida Mastoura, avocate, a insisté sur l'importance du dépistage précoce. Elle a insisté également sur le droit social et professionnel du statut de la jeune femme malade. En général, ce sont les hommes qui demandent le divorce suite à la découverte de cette maladie chez leurs femmes. Cette maladie du cancer des seins serait-elle devenue une faute pour celle qui en est atteinte et causant un préjudice moral? Le droit tunisien n'a pas défini clairement le préjudice. La jurisprudence tunisienne distingue entre deux situations : la première quand la maladie survient avant le mariage et la femme malade cache la vérité de sa maladie; ce qui peut entraîner sa responsabilité et, selon l'article 82 du code des obligations et des contrats, dans ce cas le mari peut demander le divorce par faute et la deuxième situation quand la maladie survient après le mariage, le mari ne peut demander le divorce et ne peut pas fonder la demande de divorce sur la maladie de sa femme. 2.000 nouveaux cas par an Dans le cas du cancer du sein, il existe un protocole bien précis à mettre en route en fonction du stade de la tumeur. Ce protocole englobe «une chirurgie, une chimiothérapie, une radiothérapie et une hormonothérapie», a expliqué l'avocat. Une femme au foyer âgée de 32 ans, présente dans l'assistance, a raconté son expérience. «Je n'ai jamais fait d'échographie. Je me suis dit que c'est l'occasion de le faire pour m'assurer que je n'ai rien car le cancer du sein est sournois et silencieux. J'ai compris que c'est grâce à un examen de routine qu'il est possible de le diagnostiquer à un stade précoce». Une autre femme voilée, âgée de 33 ans, habitant à Gabès, est venue pour s'informer sur la grosseur anormale qu'elle vient de découvrir au niveau de son sein. «Je suis venue pour exposer au médecin mon cas. Je suis là car je trouve que cette grosse boule est anormale et je panique». En Tunisie, 2.000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année, dont un sur cinq à un stade avancé. Les facteurs de risque sont nombreux: ménopause et grossesse tardives, absence d'enfants, prise d'un traitement hormonal substitutif pendant une longue durée, antécédents familiaux... Le droit à la vie «Le combat continue avec autant de persévérance afin de dépister un plus grand nombre de cancers à un stade précoce et d'ancrer chez la femme la culture de la prévention», a relevé le docteur Mounir Chibani, professeur en gynécologie obstétrique à l'Hôpital Militaire de Tunis, ajoutant, par ailleurs, que « les femmes devraient effectuer un examen de routine. En cas de doute, il est indispensable de faire une échographie mammaire et une mammographie. Pour celles âgées de plus de 35 ans, l'examen par mammographie suffit», renchérit-il. Raja Ben Amor, psychologue, a déclaré que les retentissements psychologiques du cancer chez la femme jeune de moins de 35 ans sont importants. «La femme jeune ne vit pas le même sentiment qu'une femme mariée ou fiancée. Elle vit une perturbation et un choc psychologique importants. Ses émotions basculent entre angoisse, panique et peur de l'inconnu. Elle se sent coupable de sa maladie, elle la vit comme une punition, par conséquent la prise en charge psychologique est importante. Il faut être à l'écoute de la patiente car cela l'aide à donner un sens à son vécu. Il y a, par contre, des femmes qui se replient sur elles-mêmes. Il faut au contraire qu'elles extériorisent leur souffrance et qu'elles expriment leur peur et leur angoisse. Il faut parler et faire du sport pour pouvoir s'en sortir». L'alimentation est aussi un facteur primordial pour préserver leur qualité de vie et leur bien-être, «Il est indispensable, de même, de boire beaucoup d'eau et de consommer des fruits et des légumes.Il faut opter pour une alimentation saine et équilibrée pour rester en bonne santé», a conclu le nutritionniste.