«L'obésité est devenue le 3e fléau au monde qui a des causes multifactorielles nécessitant une prise en charge globale», a déclaré Dr Mourad Adala, spécialiste tunisien de la chirurgie de l'obésité. Et, à ce «jeu», la Tunisie n'est pas en reste avec un triste positionnement au 4e rang mondial, selon des statistiques publiées en 2014 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) C'est dans ce contexte que l'Association tunisienne de chirurgie métabolique et bariatrique (Atcmb) et l'Association tunisienne des sciences de la nutrition (Atsn) ont organisé ce week-end les 1ères journées scientifiques s'intéressant au traitement chirurgical de l'obésité. «Cette maladie chronique qui constitue un véritable problème de santé dans notre pays de par sa prévalence, qui ne cesse d'augmenter aussi bien chez les adultes que chez les enfants et les adolescents, et son retentissement psychosocial et somatique», selon Pr Henda Jamoussi, présidente de l'Atsn. En effet, selon des statistiques publiées en 2014 par l'OMS, 50% des Tunisiens seraient en surpoids. Un chiffre d'autant plus inquiétant qu'effarant que le nombre d'obèses en Tunisie serait passé du simple au double en à peine dix ans. Seulement, jusqu'à présent, le seul moyen de lutter contre ce fléau reposait, avant tout, sur la diététique couplée à l'activité physique et à la psychothérapie. «Mais les échecs des mesures hygiéno-diététiques sont fréquents. Aujourd'hui, il est bien établi que la chirurgie est le mode de prise en charge le plus efficace de l'obésité sévère et de certaines comorbidités qui y sont associées», affirmé Pr Henda Jamoussi. Un avis que partage Dr Mourad Adala, président de l'Atcmb, qui confirme : «En tant que solution incontournable, la chirurgie de l'obésité a longtemps souffert d'une mortalité élevée avec des conséquences lourdes et n'était réservée qu'aux cas extrêmes. Des règles à respecter Mais, de nos jours, les innovations technologiques et le développement des techniques non-invasives ont rendu la chirurgie accessible à l'ensemble des patients obèses. Les résultats de cette chirurgie se sont améliorés, aussi bien sur le plan du poids que sur le plan métabolique, avec un taux de mortalité équivalent aux pathologies chirurgicales habituelles». Cependant, la chirurgie de l'obésité, appelée également chirurgie bariatrique, garde ses spécificités et doit répondre à un guide de bonnes pratiques. Les complications nutritionnelles et chirurgicales sont en effet fréquentes, notamment en l'absence de respect des indications, des contre-indications, d'une évaluation préopératoire et d'un suivi postopératoire à vie. C'est dans ce sens que l'Atcmb a consacré ses premières journées aux thèmes des «Indications de la chirurgie bariatrique», de la «Prise en charge nutritionnelle pré et postopératoire» et des «Résultats du traitement chirurgical de l'obésité». Une occasion également «pour que l'on communique entre nous, pour échanger les expériences, pour organiser la prise en charge de tous nos patients qui nous font confiance, et former nos jeunes collègues», ajoutera Pr Henda Jamoussi. Le même vœu émis par Dr Mourad Adala qui conclut : «Nous souhaitons une collaboration médicochirurgicale optimale qui permette au plus grand nombre de patients obèses de bénéficier dans les meilleures conditions des résultats remarquables de la chirurgie bariatrique et de retrouver une espérance et une qualité de vie qu'ils n'ont souvent jamais connues, tout en diminuant le coût économique et social de l'obésité et de ses complications».