Les communications, au cours de ce colloque, se sont articulées autour de plusieurs thèmes relatifs à la santé mentale et physique des seniors. L'Association des personnes âgées de Kairouan a organisé la première rencontre de gériatrie de Kairouan en présence d'éminents conférenciers, de modérateurs de séances et d'animateurs d'ateliers spécialisés dans plusieurs domaines qui touchent à la gériatrie. Au total, 4 séances plénières comportant 12 communications ont été organisées autour de plusieurs thèmes relatifs à la santé mentale et physique des personnes âgées, à leurs différentes pathologies et à leur prise en charge. Il va sans dire qu'au cours des débats, l'on a beaucoup insisté sur les modifications morphologiques et fonctionnelles des vieillards, sur l'importance de l'évaluation gériatrique standardisée afin d'évaluer les différentes fonctions bio-psycho-sociales de l'individu, sur les mesures diététiques et les moyens thérapeutiques pour une vieillesse réussie. Dr Samir Fejji, président du Comité d'organisation de ce colloque, nous a précisé que le thème de cette manifestation s'est imposé vu l'accroissement du vieillissement de la population tunisienne (11% de la population ont plus de 60 ans) : «C'est pourquoi nous nous sommes fixé comme objectif la promotion de la santé de la personne âgée dans sa globalité et la contribution au guidage du praticien de première ligne exerçant en libre pratique ou en hospitalo-sanitaire par l'élaboration de recommandations pratiques permettant d'améliorer la prise en charge de ces patients». Deux ateliers de formation A côté de cela, deux ateliers de formation au profit du personnel paramédical dans le domaine de la gériatrie ont été organisés et ont soulevé des thèmes relatifs à l'abord psychologique de la personne âgée et la prévention des escarres en gériatrie. Pour évaluer ce colloque, nous avons recueilli les impressions de trois participants. Des échanges scientifiques très importants Le Pr Mohamed Ghannem, chef de service de cardiologie à la fondation Léopold-Bellan à Paris, qui a séduit le public avec sa communication intitulée «Comment adapter le traitement du coronarien en fonction de l'âge, trouve judicieux le choix du thème de cette rencontre scientifique : «A mon avis, ce colloque a été l'occasion d'un échange de points de vue entre des spécialistes venus de divers horizons pour évoquer la spécialité de la gériatrie dans tous ses états. Ce qu'il faut savoir dans ce contexte, c'est qu'avec l'âge, il y a beaucoup d'organes qui vieillissent et qui vont présenter petit à petit une insuffisance de fonctionnement. Ces organes, qui sont le foie, le rein, le cœur et le cerveau, sont importants dans le métabolisme... Quand on prend un médicament, il passe systématiquement par le foie et le rein se charge de l'éliminer. En cas d'insuffisance rénale ou hépatique, il peut y avoir un surdosage de médicaments dans l'organisme, ce qui est dangereux. Par ailleurs, il y a aussi le vieillissement de l'appareil cardio-vasculaire, surtout au niveau des artères coronaires qui peuvent provoquer des angines de poitrine, des infarctus du myocarde. Cela sans oublier le vieillissement du muscle cardiaque qui provoque une insuffisance cardiaque, étant donné que le cœur n'ejecte pas assez de sang pour subvenir aux besoins de l'organisme. Et au niveau du cerveau, il y a aussi le vieillissement des artères cérébrales et un risque d'accident vasculaire cérébral et parfois d'atrophie corticale et de démence sénile. De plus, avec les années qui passent, il y a une augmentation de la rigidité artérielle qui est responsable de l'hypertension artérielle, un facteur de risque de morbimortalité cardio-neuro-vasculaire fréquent, d'où l'importance des traitements et d'une hygiène de vie au niveau de l'alimentation et de l'activité physique...». Prévenir et guérir M.Imed Negra, infirmier spécialisé dans la prise en charge des plaies à l'hôpital Ibn El Jazzar de Kairouan, a abordé, dans sa conférence intitulée «Prévention et mise en charge des escarres en gériatrie», l'importance d'un régime riche en protéïnes pour prévenir l'apparition des lésions de la peau dont les escarres qui sont une complication qui se prévient, se soigne et s'accompagne comme toute autre pathologie : «Prévenir et guérir les escarres doivent donc être une préoccupation essentielle du personnel soignant d'autant plus qu'elles sont une source de souffrance physique et morale. Le mieux est d'agir au début lorsque la cicatrice n'est encore qu'une rougeur sensible au toucher. Il faut donc surveiller régulièrement la peau du sujet âgé, surtout aux endroits où elle est fragilisée par des frottements, et ce, pour éviter beaucoup de complications. D'ailleurs, le traitement des plaies s'est affiné avec l'utilisation de pansements dits modernes, mais aussi la mise sur le marché des pansements intelligents, le traitement par pression négative les substituts cutanés greffables. Le principal défi actuel reste donc la transmission aux soignants de ces nouvelles connaissances...». Les troubles de la marche sont d'origine neurologique, douloureuse ou psychique La conférence de Mme Fatma Ben Frej, professeur agrégée à l'hôpital Sahloul (Sousse) et intitulée «Chute de la personne âgée», a été très appréciée par tous les participants à cette rencontre scientifique, d'autant plus qu'elle a détaillé les facteurs prédisposant au trouble de la marche et aux chutes des personnes âgées, à savoir le vieillissement, la prise de médicaments et des processus pathologiques divers, notamment cardiovasculaires et neurologiques. «En outre, le syndrome post-chute se définit par l'apparition, dans les jours suivant une chute, d'une diminution des activités et de l'autonomie physique, bien que l'examen clinique ne décèle pas de complication mécanique. C'est pourquoi la conduite à tenir après la survenue d'une chute comporte une prise en charge standardisée et multidisciplinaire.