1/ «Jamais à un paradoxe près, les sélectionneurs de renom n'ont été aussi absents qu'en mère patrie. Certes, il y a eu Sami Trabelsi et Faouzi Benzarti. Mais il y a eu aussi Cuelho, Lemerre, Leekens en passant par le court intermède de Marchand. Maintenant, on a renoué avec Henri Kasperzcak, un technicien chevronné. Ce choix n'est pas fortuit. Mais c'est aussi une question de mentalité et de compétence. Cela fait cliché. Mais c'est tout un climat cohérent qui aide, bien évidemment, à réussir. Il ne s'agit pas toujours de préjugés défavorables et d'image préconçue. A titre d'exemple, pour l'entraînement spécifique des gardiens de l'élite, il faut combiner méthodologie, apprentissage et perfectionnement. Il faut maîtriser son sujet pour livrer un enseignement de qualité sur tous les sujets, qu'ils soient technique, tactique, physique, psychologique, théorique, pratique ou pédagogique. Il faut dire que le cursus suivi surtout en Europe n'est pas le même que le nôtre. La formation en alternance pour disposer d'une certification à terme, les mises en situation pratique, l'évaluation pédagogique formative et sommative continue. Tout cela est indispensable pour être jugé apte. En Tunisie, le problème est structurel. Je note que plusieurs professeurs d'éducation physique deviennent entraîneurs du haut niveau (Ligue 1). Or, le transfert ne doit pas se faire à la hâte. Il y a une méthodologie à aborder selon la vision des choses. Ce sont les observations émises qui vous délivrent le certificat d'exercer et non le diplôme en soi. C'est tout un management de ce poste sensible qui doit être repensé. Bien entendu, l'expérience joue un rôle prépondérant. Un ancien portier international doit être privilégié car rien ne vaut le vécu par rapport au théorique. Etre par exemple capable d'analyser, d'évaluer une performance et de bâtir une séance en conséquence. Mettre à niveau sa conduite et son évolution des procédés d'entraînement à destination des gardiens de l'équipe nationale (utilisation des différentes formes de pédagogie). A ce titre, en sélection, nous nous efforçons de définir un protocole de suivi de performances des gardiens de but. Pour toucher au but et faire parvenir le message, la communication doit être interactive et soignée (développement d'une communication interindividuelle). Bref, coacher le must de nos portiers n'est pas aussi simple. Il faut sans cesse proposer des séances aux contenus adaptés. Chaque semaine, les problématiques sont changées, les contraintes modifiées et il faut sans cesse s'adapter. Je suis donc en perpétuel apprentissage. C'est long, fastidieux mais tellement épanouissant quand on note que cela déteint sur le niveau de vos protégés». 2/ «Entraîner un gardien de but international est devenu une tâche particulière. Le dernier rempart doit être encadré selon des modules de formation à suivre. Mettre en place les créneaux, définir les besoins matériels, répartir l'effort, adapter le travail et justifier ses choix auprès du staff et auprès des gardiens. Le second module s'intéressera au plan d'oxygénation et à l'intensité des cours dispensés. Est-ce que tout cela est pris en compte chez nous via des techniciens autochtones ? Je ne peux m'avancer sur ce terrain glissant. Mais je crois tout de même que nous devons encore nous recycler pour épouser l'air du temps et établir une relation de confiance pour travailler sereinement. Car l'objectif final est le même: préparer au mieux les gardiens lors des rassemblements en prenant le relais du travail des clubs et ainsi ne pas dérégler le travail réalisé en amont. Moi, je dois m'assurer que les gardiens seront prêts le jour «J» avec une dominante psychologique par la création d'un état de confort, de concentration et de quiétude. En débarquant au sein du «team national», ils ont déjà une expérience considérable et je dois les aider à développer leur détermination pour les échéances à venir. Être à l'écoute des joueurs, leur proposer un contenu élaboré et en phase avec leurs besoins, le tout, en parfaite osmose avec le plateau technique. Nous travaillons en prenant en compte l'échéance internationale à venir. Et le reste du temps, l'emploi du temps est tout aussi chargé. Car même s'il n'y a pas de proximité physique, je porte une attention pointue et régulière aux performances des sélectionnables. Je visionne des matchs et l'intégralité de ceux qui concernent directement un gardien sélectionné. Je me déplace sur les terrains pour échanger avec les gardiens mais aussi les entraîneurs pour avoir les derniers échos sur les états physique et mental. En Tunisie, Balbouli, Ben Cherifia, Farouk Ben Mustapha, Dkhili, Jebali, Achref Krir et Rami Jeridi, pour ne citer que ceux-là, sont les garants d'une réputation établie. Ce que je confirme sans coup férir est en rapport avec la qualité de l'enseignement prodigué. Je le répète, il faut sans cesse se recycler et faire des analyses comparatives avec ce qui se fait de mieux à l'international. Il faut régulièrement se certifier et ainsi obtenir une plus-value dans le travail quotidien. C'est à ce titre que le travail accompli sera bonifié. En clair, l'entraîneur étranger apporte une plus-value réelle s'il permet aux locaux de s'engouffrer dans la brèche (adopter ses méthodes) et moderniser par là même leur approche de travail. L'exemple de Tarak Abdelhalim et de Jean-Jacques Tizié est là pour nous le rappeler».