La répartition de l'année scolaire en deux semestres est meilleure que sa subdivision en trois trimestres, en raison de l'épuisement et de la pression dont souffraient, indistinctement, l'enseignant et l'élève dans l'ancien système L'une des grandes satisfactions de la réforme du système éducatif est sans aucun doute le calendrier scolaire. Sa nouvelle conception instaure une meilleure organisation des cours et soulage élèves et enseignants. Un temps scolaire bien réparti participe largement à améliorer l'attitude des uns et des autres : il rend les premiers plus motivés et les seconds plus dévoués. Ces nouvelles conditions favorables sont de nature à apaiser le stress et à stimuler la bonne humeur. Seulement voilà, certains sont insatisfaits de ce nouveau calendrier et réclament, fortement, le maintien de l'ancien pour préserver les vacances d'hiver. Pourquoi tant d'attachement ? Quel est l'intérêt que représentent ces dernières ? Sont-elles si bénéfiques pour les élèves ? Ou bien les raisons de ces contestataires sont à chercher ailleurs ? Un acquis pour le secteur Tout d'abord, il importe de rappeler que c'est une commission tripartite, constituée du ministère de l'Education, de l'Ugtt et de l'Institut arabe des droits de l'Homme, qui était chargée de la réforme du système éducatif pendant l'été dernier. Pour une meilleure efficacité, cette commission nationale de réforme était subdivisée en sous-commissions qui se sont réparties les tâches. Parmi elles, figurait celle relative au calendrier scolaire qui a établi un plan de travail minutieux pour mener à bien cette entreprise très délicate. En effet, après avoir mené des études approfondies au niveau des milliers d'établissements scolaires du pays et des commissariats régionaux à l'éducation, ces sous-commissions ont rédigé un rapport synthétique qui était appuyé par une commission technique composée d'un ensemble d'experts, à savoir des médecins, des psychologues spécialistes en psychologie de l'adolescence, des conseillers sociaux et des représentants du ministère des Transports. Dès l'abord, la mission de ces sous-commissions étaient clairement définies afin qu'elles n'empiètent pas sur celles des autres commissions : concevoir un calendrier global qui ne traite pas des horaires hebdomadaires, ni journaliers qui relèvent des tâches de la commission des programmes et de l'évaluation. Quant aux raisons qui sous-tendent cette nouvelle conception, elles sont inhérentes, bien évidemment, aux défaillances flagrantes de l'ancien système qui se vérifiaient, nettement, à travers la disproportionnalité entre les trois trimestres. Effectivement, le premier, qui intervenait après des vacances prolongées, durait 14 semaines, c'est-à-dire pendant une période de trois mois et demi, alors que le troisième ne dépassait pas un mois de travail effectif pour les classes terminales, et un mois et demi pour les autres niveaux. Le dernier accord autour du calendrier scolaire est considéré, par le Syndicat général de l'enseignement secondaire, comme étant un nouvel acquis pour le secteur de l'enseignement pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la répartition de l'année scolaire en deux semestres est meilleure que sa subdivision en trois trimestres, en raison de l'épuisement et de la pression dont souffraient, indistinctement, l'enseignant et l'élève surtout pendant le dernier trimestre dans l'ancien système. Ensuite, la fréquence des vacances est apaisante, étant donné que toutes les cinq semaines de cours sont suivies d'une semaine de vacances, contrairement à l'ancien système où les élèves n'avaient droit qu'à trois jours de repos en novembre et en février après environ sept semaines de cours. Enfin, on bénéficie, dorénavant, de six semaines de vacances (1semaine/ 1semaine/deux semaines/1 semaine/ 1 semaine), contre cinq avant (4semaines pour les vacances d'hiver et de printemps + 6 jours aux mois de novembre et de février). Cette semaine supplémentaire est jugée par les enseignants et leur syndicat comme un acquis légitime eu égard à la pénibilité du métier d'enseigner. Mais malgré ce travail bien élaboré, et dont la performance est reconnue dans des pays performants dans ce domaine, tels que la France, la Finlande et d'autres pays scandinaves, une pétition a fait irruption et dont les auteurs prétendent que ce travail méticuleux est inspiré par des visées islamistes !! Ces pétitionnaires, dont le nombre avoisinait les 2.200, sollicitaient le ministre de l'Education nationale de ne pas toucher aux vacances d'hiver, afin que « les élèves en Tunisie aient les mêmes vacances que tous les élèves du monde entier... que les élèves n'aillent pas à l'école un 1er janvier... », et que 60 ans d'histoire soient respectés. « Non à l'islamisation de notre système éducatif », scandent-ils. Vacances non standardisées Pour répondre au premier grief, nous rappelons que tous les élèves du monde n'ont pas les mêmes vacances. Ils devraient savoir que le monde n'est pas agencé seulement par le calendrier grégorien et qu'il en existe bien d'autres, tels que le calendrier chinois, le calendrier égyptien, le calendrier haab, le calendrier copte, le calendrier éthiopien, le calendrier persan, le calendrier julien et le calendrier républicain ou révolutionnaire français qui rompait avec la monarchie et le christianisme et s'appuyait sur le système décimal et qui était appliqué de 1792 à 1806 ainsi que pendant la Commune de Paris. Pour les pays orthodoxes de l'Europe centrale, notamment les anciennes républiques yougoslaves, tels que la Serbie, les vacances de Noël, c'est entre le 31 décembre et le 8 janvier, tandis que les vacances d'hiver sont fixées du 31 décembre au 19 janvier. Sachant que, conformément au calendrier Julien, en vigueur dans ces pays, le jour de Noël c'est le 7 janvier et que le jour du nouvel an coïncide avec le 14 janvier. Un autre exemple est édifiant à ce propos, celui du nouvel an chinois (Chun Jie) : il se situe entre le 7 et le 13 février, période où commencent les vacances scolaires d'hiver. Pour ce qui est de leur deuxième grief, il ne tient pas la route, car, déjà dans le nouveau calendrier scolaire, le 1er janvier est un jour férié. De plus et suite à leur insistance, le chef du gouvernement a acquiescé à la demande du ministre de l'Enseignement, en y ajoutant le 31 décembre et le 2 janvier pour ramener à trois jours la fête de fin d'année et les élèves et les enseignants auront, ainsi, droit à des vacances prolongées. D'autre part, à propos des 60 ans d'histoire, devrions-nous restés prisonniers du passé et refuser systématiquement tout changement ? Pour avancer, une société humaine n'a-t-elle pas besoin de revoir constamment ses anciennes méthodes et d'en emprunter de nouvelles ? Qu'est-ce qui compte le plus pour ces nostalgiques: permettre à nos élèves et à leurs enseignants de bénéficier de bonnes conditions de travail, en vue d'améliorer la qualité de notre enseignement, ou bien préserver le passé ? Enfin, où voient-ils l'islamisation de notre système éducatif dans le nouveau calendrier scolaire ? Dans l'allègement des cours ? Dans la dissipation de la pression que ressentaient élèves et enseignants? On comprend mal leur attachement aux anciennes vacances d'hiver auxquelles on ne trouve aucun intérêt particulier, à moins que ce ne soient les stations de ski et la fête de Noël. Au regard de toutes ces données, qui est, réellement, tenté de donner à ces vacances d'hiver un aspect religieux ? Les pétitionnaires ou les membres de la commission de réforme du système éducatif ? Ceci ne serait-il pas le projet des premiers? Car pour ce qui est des seconds, leur seul souci et le seul objectif sur lequel ils se sont concentrés, dans les ateliers de travail, tout au long de la période estivale, c'est la conception d'un calendrier scolaire qui soit efficace et qui rompt, définitivement, avec l'infructuosité de l'ancien, qui est l'une des raisons principales de la dégradation de l'enseignement en Tunisie.