On se souvient bien de ce qui s'est passé, l'année dernière, devant les stations-services, aux quatre coins du Grand Tunis, lorsque leurs fournisseurs en carburants ont débrayé, sans préavis, laissant les automobilistes traîner dans une panne sèche. C'était, opportunément, en bonne période de la fête de l'Aïd El Idha, là où grand nombre d'usagers rendent visite à leurs familles. Ce fut, alors, bien calculé pour obtenir gain de cause. Et si le même scénario se reproduisait en copié-collé ! On ne croit pas aux coïncidences. Il y a quelques jours, l'Ugtt a annoncé qu'une grève aura lieu, les 26 et 27 de ce mois, dans toutes les stations-services du pays. Un appel déguisé en préavis lancé à l'intention de leurs clients pour faire le plein avant même le week-end prochain. Selon l'Ugtt, cette grève de deux jours a été décidée, en signe de protestation contre le refus de l'Utica de signer l'accord relatif aux augmentations salariales au titre de 2015 au profit des employés de ces stations-services. Soit, la même raison à l'origine de la grève observée l'année dernière. Que les mêmes causes mènent aux mêmes conséquences, dirait-on. Encore une fois, le torchon semble brûler entre l'organisation patronale et la centrale syndicale, deux parties prenantes dans le pacte social, mais qui se regardent, plus souvent, en chiens de faïence. C'est qu'il ne passe pas une année ou presque sans que ces sœurs rivales ne reviennent à la charge, dans de nouveaux rounds de négociations beaucoup plus ardus. Sur la même lancée, les transporteurs de marchandises et de carburants seront, eux aussi, en grève sectorielle du 7 au 9 septembre prochain, en réponse à l'appel de leur fédération générale du transport, relevant de l'Ugtt. Dans une déclaration, avant-hier, sur les ondes de radio Mosaïque FM, le secrétaire général de la fédération, M. Moncef Ben Romdhane, a évoqué que les revendications en termes de majorations salariales pour l'exercice 2014 ne sont pas encore satisfaites. L'accord tripartite gouvernement-Utica-Ugtt déjà signé, il y a plusieurs mois, n'a pas été suivi d'effet. Le fait que la Chambre syndicale de transport du carburant n'en fait qu'à sa tête, le problème finira par se poser avec plus d'acuité. Ce qui pourrait, alors, compromettre la démarche consensuelle du pacte de Carthage, dans lequel la trêve sociale est dictée comme un gage de confiance dans le prochain gouvernement d'union nationale.