Après une heure moins le quart de retard, et dans une salle pleine comme un œuf de journalistes et d'avocats, la conférence de presse du cadre sécuritaire Issam Dardouri, prévue hier matin dans un hôtel de la capitale, s'ouvre pour se... fermer quelques minutes après La rumeur de l'interdiction de la conférence commence à circuler dès 10h30. L'avocat Imed Ben Halima prend la parole à 10h45 : «Nous savons aujourd'hui que ce n'est pas le régime de Ben Ali qui est tombé, mais uniquement sa tête. La preuve, les hommes de l'ancien système continuent à diriger le ministère de l'Intérieur et à utiliser ses anciennes méthodes. Car voilà que nous avons été aujourd'hui pris de court par la décision des autorités d'interdire notre conférence de presse. Une interdiction verbale, qui dénote, d'une part, la persistance des pratiques autoritaires et, d'autre part, la véracité des faits et des réalités que nous voulions communiquer aux médias. Comme nous ne pouvons pas affronter l'Etat, je suis dans ce cas contraint d'annoncer l'annulation de la conférence de presse». Devant les protestations et les cris de désapprobation des journalistes, — «sommes-nous revenus aux temps où le pouvoir annulait les réunions publiques ?», s'insurge un caméraman — Maître Ben Halima intervient de nouveau pour affirmer préférer protéger son client d'une nouvelle arrestation. Tout en signalant que Issam Dardouri subit une campagne de dénigrement et de calomnie depuis plusieurs mois et que son arme ne lui a encore pas été rendue malgré toutes les menaces qui l‘assaillent quotidiennement. Rappelons que Issam Dardouri, 29 ans, président de l'Association tunisienne de la sécurité et du citoyen, a été arrêté par la brigade antiterroriste le 6 février 2016 sur la base de ses déclarations télévisées selon lesquelles il considérait que la remise en liberté de Mohamed Amine Guebli, l'accusé principal dans l'attentat du Bardo, comme une complicité avec les terroristes. Issam Dardouri a été provisoirement libéré dix jours plus tard. « Ce n'est nullement pour la notoriété que j'ai décidé de parler encore une fois aujourd'hui, mais plutôt pour rendre justice à mes confrères sécuritaires tombés dans la bataille contre le terrorisme », soutient Issam Dardouri. Dans les coulisses de la conférence de presse, les neuf avocats du jeune cadre sécuritaire, dont Maître Charf Eddine Kellil, divulguent quelques-unes des révélations que devaient faire Issam Dardouri. Des preuves par l'image et le son de malversations qui contamineraient le pôle judiciaire antiterroriste à travers une vidéo montrant les relations intimistes entre un juge et une jeune terroriste de 17 ans. Imed Ben Halima promet : «La prochaine conférence de presse sur cette affaire, ce sont les avocats d'Issam qui l'organiseront. On y relatera très bientôt tous les faits sur cette affaire dans le détail !».