La Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Maroc et l'Algérie sont les marchés à l'export les plus convoités, notamment par les 101 entreprises, 13 start-up et 19 groupements qui bénéficieront de l'appui de «Tasdir+» dans sa première session Lancé par la Maison de l'exportateur (Cepex) depuis le mois de décembre dernier en partenariat avec la Banque mondiale, le Fonds d'appui à la compétitivité et au développement des exportations, baptisé «Tasdir+», vient de présenter, hier, l'état d'avancement de ses travaux. Ce programme, qui s'étalera sur cinq ans, a pu recueillir 344 candidatures, pour son premier projet de conseil technique et d'appui financier aux entreprises voulant booster leurs exportations ou s'implanter à l'étranger. Parmi elles, 108 sont des sociétés de services et les 236 autres sont des sociétés manufacturières, a indiqué hier Mme Aziza Htira, présidente de Tasdir+ et PDG du Cepex. Les entreprises candidates sont des start-up, PME et des groupements installés dans 22 gouvernorats. Le comité de pilotage du projet, dont des représentants du Cepex et du ministère du Commerce, ainsi que des experts, en a sélectionné 101 entreprises, 13 Start-up et 19 groupements d'entreprises pour bénéficier de l'appui de Tasdir+. Ce dernier fait partie du 3e projet de développement des exportations (PDE3) lancé fin 2015. D'après la directrice coordinatrice du projet, Mme Chefia Chalbia, le classement des candidatures s'est fait selon des critères de pondération scientifique avec une bonification pour les entreprises installées dans les régions intérieures. Parmi ces critères, elle a cité les fonds de roulement, la rentabilité de l'entreprise, la masse salariale. Et puis, il y a les critères selon les objectifs du projet dont le soutien aux start-up, la formation des jeunes, la valeur ajoutée, le développement régional et celui des femmes, la diversification des produits, le regroupement des sociétés et l'implantation à l'étranger. Elle a précisé que des visites ont eu lieu dans les différents gouvernorats pour évaluer les entreprises candidates. Le comité de pilotage du projet a procédé hier au siège du Cepex à la signature de conventions d'appui et de financement avec 58 entreprises visitées. «Pour les 101 entreprises, elles sont toutes admises. Pour les 13 start-up et les 19 groupements, nous devons les visiter pour compléter notre évaluation», a ajouté Mme Chalbia. Le comité de pilotage a, au fur et à mesure de la finalisation des dossiers, tenu trois réunions qui ont permis de valider 58 dossiers pour un total d'intentions d'investissement de 10 millions de dinars qui seront subventionnés à hauteur de 5,17 millions de dinars. L'effet attendu est de 10 dinars de chiffre d'affaires export additionnel par dinar investi. De l'Afrique à la Chine Pour ce premier lot pilote sélectionné, l'appui est au niveau du cofinancement des Business Plans pour une meilleure compétitivité, le développement et la diversification des exportations des entreprises bénéficiaires. Puis, le programme prévoit un soutien financier de l'ordre de 50% du coût du plan de développement des exportations pour les entreprises et de 70% pour les associations professionnelles, les GIE, les consortiums et groupements. La subvention est plafonnée à 150.000 dinars par plan de développement et elle peut atteindre 200.000 dinars pour les projets d'implantation à l'étranger. Le coordinateur général du Projet de développement des exportations (PDE3), Samir Abid, a évoqué l'encouragement des entreprises à se regrouper pour conquérir de nouveaux marchés. Il a affirmé que des ateliers de réflexion travaillent pour étudier les secteurs et les destinations à cibler pour développer les exportations à l'instar de la Chine et de l'Inde. La présidente de Taysir+ a affirmé que le comité de pilotage de cette première session du projet a élaboré un plan de communication efficace autour du projet pour le vulgariser, notamment à travers 17 événements dans toutes les régions et avec la participation de toutes les chambres de commerce et d'industrie mais aussi à travers les différents médias et des réseaux professionnels nationaux et internationaux. Mme Htira a affirmé l'engouement des exportateurs tunisiens pour l'Afrique et de préciser que des études de prospection de l'Afrique de l'Ouest seront prochainement lancées. « Les premières tendances sur la base des dossiers validés à ce jour montrent que les entreprises s'orientent principalement vers les pays de l'Afrique de l'Ouest et notamment la Côte d'Ivoire. Au cours de la décennie précédente, les entreprises ont visé en priorité le Maghreb et plus particulièrement l'Algérie et la Libye. Il y a donc bien pérennisation de l'acquisition et développement de nouveaux marchés», a-t-elle expliqué. D'ailleurs, dans cette perspective d'ouverture sur le marché africain, l'ouverture de nouvelles lignes aériennes vers les pays africains est prévue, ainsi que l'ouverture de trois nouveaux bureaux du Cepex en Afrique. D'après Mme Htira, la Russie et l'Europe de l'Est sont aussi des destinations prometteuses pour les exportations tunisiennes. Pour ce qui est de la Chine, elle a indiqué que le Cepex vient d'effectuer une formation avec la chambre de commerce de Shanghai et qu'il va appuyer les exportateurs tunisiens sur le marché chinois. Forum Tunisie-Afrique Le conseiller du ministre du Commerce, Me Abdellatif Mahmoud, a précisé, pour sa part, que certaines entreprises qui n'ont pas été retenues ont été appelées à présenter un supplément d'information afin que la démarche du projet soit faite avec le maximum de gouvernance dans la gestion des fonds de ce programme. Pour ce qui est du marché africain, il a affirmé qu'il n'est pas étranger aux entreprises tunisiennes dont certaines y vendent directement leurs produits ou le font à travers des représentations. « Maintenant, on veut dépasser cette démarche classique en bloquant les actions directes des entreprises sur ces marchés. Si on ne le fait pas, il y a d'autres qui vont le faire et ce sont nos concurrents. Or nos entreprises ont des avantages compétitifs qui ne sont pas très visibles par les autres, donc elles ont une place à gagner même face à une concurrence plus structurée des pays européens. Nous avons du terrain à conquérir mais il faut une stratégie pour le faire. Nous travaillons dessus. Cela englobe le soutien direct aux entreprises, la signature d'accords comme celui avec le marché commun de l'Afrique orientale et australe, Comesa, nous avons aussi le soutien de la Banque mondiale pour mettre en place plusieurs mécanismes dont Tasdir+. Nous allons assurer un suivi méthodique et systématique qui nous permettra d'élaborer plus d'actions avec un maximum d'efficacité et ce à travers un système institutionnel complet pour regrouper les structures à l'exportation existantes au sein d'une même structure. C'est un travail de longue haleine que nous avons déjà entamé...», a enchaîné le conseiller du ministre du Commerce. Il a, d'autre part, précisé que le ministère du Commerce organisera le Forum Tunisie-Afrique en décembre prochain ou en janvier 2017. Mille exportateurs du continent seront attendus pour ce rendez-vous majeur. Globalement, le programme aura un budget de 23,5 millions de dollars américains pour les cinq ans 2016-2020 dont 22 millions de dollars d'appui au secteur privé, 1 million de dollars dédié à l'évaluation. 50% des fonds de Tasdir+ seront alloués à l'appui des exportations des services. Pour la session en cours, les premiers décaissements s'effectueront au cours du mois d'août.