A Siliana, Kairouan, Kasserine, etc. plus particulièrement dans les zones rurales, la colère gronde quotidiennement pour cause de coupures d'eau se prolongeant depuis Ramadan dernier. Les groupements d'intérêt collectif gérant la distribution de l'eau sont pointés du doigt, faute de paiement de leurs dettes auprès de la Sonede C'est devenu un phénomène récurrent : les coupures d'eau qui peuvent aller jusqu'à une semaine ou plus font désormais partie intégrante de notre vécu quotidien, plus particulièrement dans les régions de l'intérieur du pays. Plus grave encore : durant le mois saint de Ramadan, plusieurs agglomérations rurales à Kasserine, Siliana, Jendouba, Sidi Bouzid, Kairouan, etc. ont été privées d'eau et se sont trouvées obligées de recourir aux moyens traditionnels (camions-citernes et tracteurs) pour s'approvisionner en eau potable et on est revenu aux vendeurs d'eau qui ont profité de l'aubaine pour imposer leurs prix. Les fêtes de l'Aïd passées, on croyait que la crise allait être résolue à la suite de l'intervention des autorités locales et régionales alertées sur la situation difficile dans laquelle se trouvent les groupements d'intérêt collectif gérant la distribution de l'eau dans ces agglomérations. Ces groupements sont, en effet, en état de cessation de paiement de leurs dettes vis-à-vis de la Sonede et de la Steg qui ont décidé de leur couper l'eau. Hier, les habitants de la délégation de Siliana-Sud ont barré la route reliant Siliana à Oueslatia en signe de protestation contre les fréquentes coupures d'eau. Idem à Kesra où on a bloqué la route qui mène vers Oueslatia pour les mêmes raisons. Les autorités régionales ont réagi en tenant une séance au siège du gouvernorat de Siliana. La décision prise est toute simple : les habitants de Kesra seront approvisionnés en eau par le biais de tracteurs et de camions-citernes avec l'aide de particuliers. C'est ce qu'annonce une dépêche de l'agence TAP provenant de Siliana, sans se soucier d'indiquer si cette solution est provisoire ou non et sans préciser ce que les autorités régionales prévoient en vue de calmer la colère d'autres localités comme celle de Jebel Serj (Siliana-Sud) ou la Mansoura. On ne sait pas également comment ces mêmes autorités vont se comporter avec les responsables gérant les groupements d'intérêt collectif qui ont failli à leur mission. Il faut payer l'eau à consommer Et si les autorités de Siliana ont agi sous la pression de la rue pour trouver une solution «provisoire» aux habitants de Kesra, qu'en est-il de la réaction des autorités centrales au niveau du ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques ? «La solution est simple, précise à La Presse Ridha Gabouj, directeur général du génie rural et de l'exploitation des eaux au ministère. Il faut que les autorités régionales et locales (gouverneurs et délégués) assument effectivement leurs responsabilités en obligeant les groupements d'intérêt collectif à fonctionner normalement. Ceux qui se sont retirés doivent être remplacés au cours d'assemblées générales qui éliront les nouveaux responsables. Et dans tous les cas, il est impératif que ces groupements payent ce qu'ils doivent à la Sonede et à la Steg. Dans le monde entier, on paye l'eau qu'on consomme. S'il existe des familles pauvres ou démunies ne pouvant pas payer l'eau qu'elles consomment, c'est l'affaire des autorités locales qui peuvent leur trouver des solutions exceptionnelles, les autres plus aisées ne peuvent en aucune manière s'y dérober et consommer gratuitement». Voilà qui est clair : pour consommer l'eau dont on a besoin, il faut payer. Un discours qui tranche avec les solutions de replatrage auxquelles recourent les autorités régionales et locales. Le problème est de savoir si ce discours peut convaincre des citoyens privés, des semaines durant, d'eau potable et qui voient leurs animaux domestiques menacés de mort, comme ce fut le cas des habitants de la région Ouled Ali (Kasserine-Sud), sans eau depuis le dernier jour de Ramadan. Ayant contacté directement les responsables du district de la Sonede à Kasserine, ils n'ont reçu aucune réponse positive.