Il est vrai que les marchés sont bien achalandés. C'est, justement, ce que veut assurer le ministère du Commerce. Mais le problème de la hausse des prix demeure le même. Du côté des sources officielles, toutes les informations sont positives. On nous affirme que tous les circuits d'approvisionnement fonctionnent normalement. De grandes quantités de marchandises entre légumes, fruits, viandes sont disponibles à des prix abordables. D'importantes quantités d'huile végétale ont, également, été injectées pour équilibrer l'offre et la demande et réduire la spéculation sur ce produit. En parallèle, les consommateurs constatent une autre réalité. Les prix, annoncés avec un grand tapage, ne sont pas au rendez-vous. Chez le commerçant du quartier, on rencontre quelques difficultés à acheter le sucre en vrac. Cette pénurie vient s'ajouter à celle de l'huile. Ceci pousse à s'interroger sur les raisons qui sont derrière ces anomalies qui tendent à se banaliser. Pourquoi est-ce, justement, l'huile et le sucre: deux produits subventionnés par l'Etat ? On sait que les autorités vont procéder à des mesures visant à empaqueter le sucre. Y a-t-il un lien? En tout cas, cela ne participe pas à faciliter la tâche du citoyen ni à lui donner une plus grande marge de manœuvre. Hausses sur tous les fronts Le reste du paysage n'est guère satisfaisant puisque les prix, dans leur grande majorité, sont à la hausse. Au volet des légumes, on enregistre des augmentations subites entre la veille de Ramadan et les deux premiers jours de ce mois. Les tomates, les poivrons, les concombres, le persil sont au plus haut. L'explication avancée ne peut convaincre. C'est que, nous dit-on, ces produits ne sont pas de saison! Est-ce une raison valable pour pratiquer de tels prix? Qu'à cela ne tienne ! Mais que dire des tarifs pratiqués au niveau des viandes ? Le ministère a beau dire qu'il y a des baisses. Chiffres à l'appui, il précise que les poivrons doux ont baissé de 5 % par rapport à Ramadan de l'année dernière. L'oignon, aussi, de 5 à 11 %. Deglet ennour enregistre une baisse entre... 2 et 17 %. Quant au citron, il a augmenté au cours du mois d'avril et a continué sa hausse au cours de ce mois. Et même si le ministère juge que les prix affichés actuellement sont inférieurs à ceux de l'année dernière, le consommateur n'est pas du tout satisfait du niveau des prix sur cet article. Seul le prix des pommes de terre semble stable. Car, si on s'intéresse aux viandes, force est de constater que c'est, carrément, l'anarchie. Chacun y va de sa loi. Malgré des accords sur la fixation de prix plafond, du moins pour les viandes blanches, la réalité est autre. Les vendeurs affichent des tarifs bien loin de ceux annoncés officiellement. À titre d'exemple l'escalope est vendue à 11 d au lieu des 9 d convenus. Cette augmentation (de 7 %) s'ajoute à l'augmentation par rapport au mois de Ramadan 2015.Le prix du poulet, lui non plus, ne respecte pas les normes. C'est selon le marchand et... le marché. S'il y a des prix «raisonnables» c'est qu'il y a, peut-être, un problème de qualité. Les professionnels imputent ce fait à l'augmentation des coûts de production S'agissant des viandes rouges, la situation n'est pas meilleure. Pourtant, on annonce des baisses de 3 à 5 % pour cette catégorie de viandes. Près de 3.000 opérations de contrôle Le poisson reste, toujours, hors de portée. À l'exception des poissons bleus comme les sardines où on aurait enregistré des baisses allant de 5 à 23 % ! Au demeurant, un petit espoir persiste : celui d'une prochaine amélioration lorsque de nombreux produits de saison entreront sur le marché et la fièvre des achats des premiers jours aura diminué. En attendant, le contrôle économique constitue la seule arme à même de garantir le minimum de respect des règles. À cet effet, près de 3000 opérations ont eu lieu au cours des deux premiers jours de Ramadan par 142 équipes. 457 PV ont été dressés. Cette action a touché tous les circuits de distribution. Les infractions constatées sont relatives à l'alimentation générale (43 %), les légumes et fruits (24 %) les poulets et les œufs (11 %), viandes rouges et poissons (11 %) et les boulangeries et les cafés (8 %). Ce travail, aussi important soit-il, ne peut venir à bout des pratiques anciennes bien ancrées dans le secteur. Il faut passer à des crans supérieurs tout en adoptant des mesures nouvelles et en renforçant le dispositif de sanctions pour le rendre plus dissuasif.