Avec 2.643.695 habitants dont 40% résident dans le gouvernorat de Tunis, le Grand-Tunis a connu «la propagation de phénomènes urbains incontrôlés sous forme de quartiers périurbains non réglementaires» L'Agence d'Urbanisme du Grand-Tunis (Augt) a organisé mercredi dernier une journée d'études portant sur le lancement de l'observatoire urbain régional du Grand-Tunis. L'explosion démographique dans les quatre gouvernorats du Grand-Tunis que sont Tunis, Ariana, Ben Arous et La Mannouba a engendré une urbanisation massive qui échappe souvent à la vigilance et au contrôle des autorités publiques. Avec 2.643.695 habitants (dont 40% dans le seul gouvernorat de Tunis), le Grand-Tunis a connu «la propagation de phénomènes urbains incontrôlés sous forme de quartiers périurbains nos réglementaires». Une propagation qui s'est faite au détriment de zones agricoles et naturelles. La croissance démographique dans les régions du Grand-Tunis est en fait très disparate. Si la croissance moyenne annuelle est de 1,64%, elle est de seulement 0,71% à Tunis et de 3,16% pour le gouvernorat de l'Ariana. Des chiffres qui rendent essentiel la mise en place d'une structure à même de fournir des informations très précises sur le rythme et les besoins d'urbanisation sans mettre en péril l'esthétique du Grand-Tunis. Sauver les meubles D'ailleurs, un bureau d'étude privé déplore que certains plans d'aménagement urbains (PAU) élaborés dans le Grand-Tunis ne font que «régulariser des situations non réglementaires». Dans le but de sauver ce qui peut l'être ou bien quasiment de renverser la vapeur, l'Augt a chargé un bureau d'études privé de réaliser une étude sur la conception et la mise en place de l'observatoire urbain du Grand-Tunis. Un organisme qui se veut une immense plateforme d'informations géographiques avec calcul d'indicateurs pour le suivi de l'urbanisation. Selon Lotfi Moslah, chef de projet au sein du bureau d'études, l'information urbaine sera destinée aux collectivités locales et essentiellement les 34 communes composant le territoire du Grand-Tunis, aux organismes publics impliqués dans la planification urbaine et aux opérateurs urbains publics et privés, autrement dit les promoteurs immobiliers publics et privés. Le rapport présenté par le bureau d'études relève 3 grandes tendances d'urbanisation dans le Grand-Tunis à savoir la densification et l'extension de l'hypercentre par la continuation de l'opération Lac Nord et celle du Lac Sud et du port de Tunis, Le développement de l'extension vers le Nord avec la confirmation du projet du port financier de Tunis, programmé dans la zone d'El Hessiane au nord de Raoued et enfin l'étalement urbain non contrôlé au niveau des zones agricoles périphériques. Un observatoire : pour quoi faire ? L'idée est en fait de créer un instrument de «suivi, d'observation et d'évaluation de l'urbanisation». L'observatoire produira une information scientifique qui permet de mesurer l'intensité des phénomènes de développement urbain. «L'observatoire s'appuie sur un tableau de bord composé d'indicateurs pertinents provenant de diverses sources. L'observatoire servira également à évaluer l'atteinte des objectifs d'aménagement et à aider à la prise de décision», explique Lotfi Moslah qui insiste sur cet aspect «d'aide à la décision» de l'observatoire. L'organisme déploiera un matériel et des logiciels très développés dans l'objectif de constituer une véritable plateforme d'information. Une fois mis en place, cet organisme dont la forme administrative n'a pas encore été précisée permettrait in fine, selon l'étude réalisée, une intégration plus effective de l'urbanisation et de ces composantes dans la problématique de développement du Grand-Tunis ainsi qu'un échange de données plus performant entre les acteurs urbains, les décideurs et les collectivités publiques locales. Cependant, prévient Lotfi Moslah, ces objectifs ne seront atteints que grâce à la pleine coopération des partenaires et de leurs différents services concernés et par le renforcement des moyens techniques et humains et des missions de l'agence de l'urbanisme du Grand-Tunis. Le bureau d'études privé propose aux décideurs au sein du ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du territoire trois scénarios quant à la forme que prendra l'Observatoire urbain régional du Grand-Tunis. Le premier scénario est de créer une unité complètement autonome, le second scénario est de fusionner l'observatoire avec la banque de données urbaines(BDU). Ou bien, troisième scénario: transformer l'agence d'urbanisme du Grand-Tunis en observatoire.