Pour 2016, la Fed prévoit 2,2%, montrant la résilience de l'économie américaine dans un environnement international plutôt déprimé. La croissance économique des Etats-Unis s'est avérée meilleure que prévu au dernier trimestre 2015, même si elle a confirmé sa décélération, ce qui devrait conforter la Réserve fédérale (Fed) dans sa position de vigilance prudente sur d'éventuelles hausses des taux cette année. Selon la 3e estimation du département du Commerce, publiée vendredi, le Produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 1,4% en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, d'octobre à décembre. Même si c'est un ralentissement par rapport au 2e trimestre (2%), c'est 0,4 point de plus que la précédente estimation et celle des analystes. Sur l'ensemble de l'année, la croissance aura été de 2,4% comme en 2014. Pour 2016, la Fed prévoit 2,2%, montrant la résilience de l'économie américaine dans un environnement international plutôt déprimé. Au dernier trimestre, de solides dépenses des consommations (2,4%), locomotive traditionnelle de l'économie américaine, associées à un robuste marché de l'immobilier (+10,1%) et à des exportations moins faibles que prévu (-2%) ont permis d'atténuer la décélération de l'expansion par rapport au trimestre précédent. Cette décélération reflète un retournement de l'investissement des entreprises (-2,1%), une quasi-stagnation des dépenses publiques, un affaiblissement des dépenses de consommation même si elles restent solides et une chute des exportations, conséquence de la morosité à l'étranger et du renforcement du dollar. «La faible croissance à l'étranger a continué de peser sur l'expansion au 4e trimestre, soulignant l'importance des politiques favorisant l'ouverture de nouveaux marchés à nos exportations et soutenant la demande intérieure», a affirmé Jason Furman, un conseiller économique de la Maison Blanche dans un communiqué. «Cette croissance (...) reflète les dynamiques clés de cette économie: les dépenses de consommation et le logement font marcher l'activité en dépit des freins importants du côté des exportations, des dépenses d'investissements et de l'évolution des stocks», a noté Nariman Behravesh, économiste en chef pour IHS. Il s'attend à ce que «ces faiblesses persistent au premier trimestre 2016». Ce sont les «risques» posés par la situation économique mondiale qui avaient invité la banque centrale américaine à faire une nouvelle pause sur la hausse des taux, la semaine dernière, et à tenir un discours très accommodant. La Fed ne prévoit plus que deux hausses d'un quart de point de pourcentage cette année au lieu des quatre envisagées encore en décembre. Avant sa prochaine réunion en avril, elle aura à sa disposition le rapport sur l'emploi du mois de mars, publié la semaine prochaine, pour jauger si les entreprises continuent à embaucher. Car une ombre au tableau est à noter. Les profits des entreprises ont chuté de 7,8% au dernier trimestre, après avoir déjà été dans le rouge au 3T (-1,6%). Cette mauvaise performance provient pour grande part du secteur énergétique, plombé par les bas prix pétroliers, sans compter le versement des dommages par BP (20,8 milliards de dollars) pour la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique. Le gouvernement publiera le 28 avril sa première estimation de la croissance pour le 1er trimestre. Les analystes n'ont cessé de réviser en baisse leur prévision après des indicateurs décevants en février comme les commandes de biens durables ou les reventes de logements. Les analystes du groupe bancaire Mizuho misent sur une expansion entre 1,75% et 2,25% de janvier à mars. Mais la Fed d'Atlanta vient de réévaluer en retrait son indicateur GDPNow à 1,4%... comme au dernier trimestre 2015. Il demeure néanmoins qu'avec le mois de mars s'achèvera le 84e mois consécutif d'expansion, signant une période de croissance continue de 7 ans. C'est la 4e plus longue de l'histoire contemporaine des Etats-Unis après les années Clinton (120 mois, 1991-2001), les années lancées par Kennedy (106 mois, 1961-1969) et les années Reagan (92 mois, 1982-1990).