Par Mahmoud HOSNI AVEC le dernier remaniement, on s'attendait à un gouvernement de guerre prêt à partir sur tous les fronts : sécuritaire, économique et social. Hélas, il n'en fut rien. Les ministres, hormis quelques visites ou déclarations — parfois contradictoires — semblent confinés, dans leurs bureaux, à de simples tâches d'intendance. Pendant ce temps, les professionnels des plateaux TV et du m'as-tu vu s'égosillent dans un one-man-show, survolant dédaigneusement la triste réalité du pays. Un pays qui fait face à autant de défis, allant du terrorisme à une crise économique et sociale profonde. Comment remonter la pente, sortir de l'ornière ? That is the question, mais à laquelle peu ont répondu. Pourquoi ? Tout simplement, l'on a manqué de réalisme, d'audace et d'approche pragmatique pour diagnostiquer les maux dont souffre le pays et tenter d'y remédier au cas par cas. Un exemple concret ? La Tunisie est le premier pourvoyeur d'emplois dans la fonction publique, une conséquence des années de l'Etat providence. Le gros du bataillon de fonctionnaires est confiné dans le Grand Tunis sous la poussée de la centralisation excessive, du népotisme et du jeu de relations. Aujourd'hui, après la révolution et une fois que les langues se sont déliées, avec la liberté d'expression, on parle de plus en plus de ce phénomène, véritable fardeau pour la communauté nationale. Heureusement que le ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption — une charge herculéenne — a abordé récemment ce thème — ô combien délicat — avec des pincettes et sans un véritable coup de pied dans la fourmilière, pour ne pas provoquer un nouveau tollé de protestations syndicalo-sociales. Le ministre avait annoncé que les problèmes de l'absentéisme et de la présence formelle au bureau vont être traités en toute sérénité. En toute sérénité ? Mais ces deux phénomènes existent bel et bien... Fréquents ou pas, ils n'en sont pas moins un mal qui freine la machine, ou du moins retarde son démarrage effectif et sa vitesse de croisière. Il faudrait, dès lors, non seulement combattre ces deux fléaux, mais partir du principe de la décentralisation pour rapprocher les services des citoyens fourgués dans les zones intérieures. La preuve ? Des habitants de plusieurs localités éloignées ont manifesté pour réclamer l'implantation d'administrations locales souvent éloignées. Il s'agit donc de procéder à un état des lieux et à un véritable diagnostic des administrations surchargées pour procéder à une répartition plus équitable et plus efficiente des effectifs et à l'affectation de fonctionnaires dans les régions et les localités de l'intérieur. C'est là une opération qui permet de faire d'une pierre dix coups : entamer la décentralisation dont on parle beaucoup mais dont on ne voit rien venir encore, affecter du personnel disponible sans avoir recours aux recrutements vu la faillite financière de l'Etat, éviter aux citoyens de l'intérieur des déplacements à la fois onéreux et astreignants pour une simple démarche et, surtout, instaurer une administration plus rentable et plus efficace. D'autant que des pratiques anciennes et surannées consistaient à «mettre au frigo» des fonctionnaires désobéissants et jugés indisciplinés. C'est là une manière scandaleuse de dilapider l'argent public. Alors, autant remettre ces personnes sur la voie du labeur et leur donner la possibilité de mériter totalement leurs salaires.