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Espoirs des uns, illusions des autres
TRIBUNE - PRIX NOBEL DE LA PAIX 2015 POUR LA TUNISIE
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 12 - 2015


Par Maître Mohamed Laïd LADEB(*)
la remise officielle hier du prix Nobel de la paix à la Tunisie, en la personne du Quartette, de l'Ordre national des avocats tunisiens, de l'Union générale tunisienne du travail, de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat et de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, un événement majeur pour les générations présentes et futures, aussi important que celui du 20 mars 1956, date de l'indépendance de la Tunisie, ou du 14 janvier 2011, date de la Révolution tunisienne du Jasmin et sa victoire sur la dictature de l'ancien régime.
Significations du prix Nobel de la paix pour la Tunisie
Sans entrer trop dans les détails, il est à noter qu'après avoir réussi son soulèvement contre l'ancien régime, une partie importante de la société civile, organisations nationales et partis, notamment de la gauche tunisienne, ont appelé, lors du sit-in La Kasbah II, à la tenue d'une Assemblée constituante pour élaborer une nouvelle Constitution tunisienne.
Le 23 octobre 2011, des élections libres ont eu lieu, toutes les composantes de la société civile y ont participé et les résultats ont permis au parti Ennahdha de remporter les élections haut la main. Au lieu de participer à l'élaboration de ladite Constitution, ce parti a sauté sur l'occasion pour former un gouvernement provisoire qui, en principe, ne devait durer qu'une année, le temps d'élaborer cette Constitution. Mais les serments et les engagements officiels des parties concernées, notamment du chef du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, de respecter le délai d'une année non renouvelable se sont évaporés et n'étaient, à vrai dire, qu'une stratégie pour gagner du temps et rester au pouvoir le temps qu'il faut.
La joie vient toujours...
Les vraies significations du prix Nobel de la paix décerné le 9/10/2015 se situent à notre avis sur quatre plans :
1 - La communauté internationale vient de remercier et de reconnaître au peuple tunisien, ce peuple vaillant, lucide et courageux, qu'il est en train de réussir une révolution, la première dans le monde arabo-islamique, fondée sur les mêmes principes que ceux des véritables révolutions telles la révolution française de 1789, ou celle du peuple américain ou celle du peuple portugais et sa célèbre révolution des œillets.
Ces principes sont la liberté, la sauvegarde et la protection des droits de l'Homme et de la femme, la tolérance, la fraternité et la coexistence pacifique avec les autres peuples du monde.
2 - Le comité du prix Nobel, qui représente la conscience de l'humanité, a reconnu, par l'octroi de ce prix à la Tunisie, que le peuple tunisien, petit par le nombre, grand par ses réalisations, qu'il est un peuple digne de respect, d'admiration et de vénération. Un peuple millénaire qui a marqué son histoire par sa lutte acharnée contre le colonialisme français sous l'égide de feu le combattant suprême Habib Bourguiba, par des odyssées non moins grandioses de ses femmes, telles qu'El Kahina, la reine Didon ou Aziza Othmana.
La liste des femmes héroïques et militantes tunisiennes est très longue, celles que notre poète Ouled Ahmed qualifie de «Femmes et demie». Notre collègue Maître Khadija Madani vient de jeter la lumière sur cette liste en recevant un prix non moins prestigieux, celui de Women for Change pour 2015, à qui nous souhaitons succès et courage. Un peuple qui apprécie la vie, vénère la tolérance et appelle toujours à la coexistence pacifique.
Les appels de Habib Bourguiba, que J. Lacouture considère comme un géant du XXe siècle, à Ariha pour le retour à la légalité internationale sont toujours là pour illuminer la voie au peuple palestinien et à la communauté internationale qui doit tout faire pour pousser Israël à accepter une solution juste et équitable pour ce conflit qui n'a que trop duré.
Ce qui se passe aujourd'hui au Moyen-Orient, en Irak, en Syrie et en Libye — ne parlons pas de l'Afghanistan — est le fruit amer et inacceptable de la politique inhumaine, catastrophique et intolérable de «deux poids, deux mesures» que l'Occident n'a pas cessé, hélas, de suivre.
Il semble que l'accueil très chaleureux réservé à M. Béji Caïd Essebsi, président de la République, presque cinquante ans après la visite qu'a effectuée Habib Bourguiba à Stockholm, se nourrit de ce respect et de cette admiration voués par ce pays au président Bourguiba, au peuple tunisien, à sa sagesse et à sa clairvoyance.
3) Tout en manifestant sa joie et sa fierté pour l'octroi du prix Nobel de la paix, la journée du 9 novembre et les festivités organisées sous l'égide du président de la République sont à saluer et devraient être poursuivies partout dans toutes les régions de notre pays.
Le peuple tunisien est appelé par la communauté internationale à poursuivre sa révolution dans le calme et la sérénité en vue d'instaurer de façon définitive les valeurs révolutionnaires pour lesquelles tant de martyrs jeunes et moins jeunes ont donné leur sang et leur vie.
Une pensée solennelle doit être adressée notamment à feu Chokri Belaïd, Haj Med Brahmi, Lotfi Naguedh, Med Belmufti, à tous les martyrs de notre vaillante armée et à toutes les forces de sécurité, police, garde nationale et douane, tombés sous le feu des terroristes et à leur tête cette figure angélique que fut le martyr Socrate Cherni, dont la disparition a touché tous les foyers tunisiens.
En décernant le prix Nobel de la paix à la Tunisie pour l'année 2015, la communauté internationale, en la personne du comité du Prix Nobel, charge notre pays, cette chère Tunisie, et les différentes composantes de la société tunisienne, partis, organisations nationales, hommes politiques indépendants, hommes de lettres et des arts, d'une obligation de réussite.
La question qui se pose à tous les éléments de notre société, c'est to be or not to be. Nous devons tous être dignes de ce prix Nobel.
Toute manifestation ou prise de position qui sortent des vraies valeurs pour lesquelles tant de martyrs ont donné leur vie et tant de militants ont donné leur sang et leur sueur seront considérées comme une atteinte à cette récompense grandiose et constituent une sorte de trahison de la mémoire de nos martyrs.
4) Last but not least, la dernière signification de l'octroi de ce prix Nobel à la Tunisie est un message clair et net pour les autres peuples, notamment les peuples syrien, irakien, libyen et aux autres pays où des combats fratricides sévissent à gauche et à droite, que seul le dialogue entre les parties en conflit est la voie royale pour l'arrêt des combats.
La recherche d'une solution pacifique, négociée à ces différents conflits est la seule solution pour éviter à leurs peuples les misères des guerres, de la faim, de l'exil et des destructions systématiques des villes et des cités.
Après la peine
Puisque nous vivons des festivités populaires et spontanées, il n'est pas dans notre idée de soulever le rideau sous les méandres, excès et despotisme de la défunte Troïka.
Nous avons signalé au début de cet article que la Troïka s'est fixé une année pour élaborer la nouvelle Constitution tunisienne. Certains ont été pris par le vertige du pouvoir. Les serments donnés ont été reniés. Les paroles trahies et non respectées.
Contrairement à ce qu'a affirmé le président d'Ennahdha, lors de la cérémonie de réception du prix Averroès, en Allemagne, il y a deux ans, ce parti n'a pas quitté le pouvoir de sa propre initiative.
Après le décès du martyr Chokri Belaïd le 6 février 2013 et surtout après le lâche assassinat du grand militant Haj Mohamed Brahmi le 25 juillet de la même année, une pousse populaire immense criant sa colère et sa déception, constituée par toutes les composantes de la société civile, a poussé la Troïka à quitter le pouvoir.
Les sit-in du Bardo, les colonnes humaines de Bab Saâdoun au Bardo ont crié nuit et jour face aux tenants du pouvoir d'alors «Dégage». Le pays était au bord de la guerre civile. En Egypte, lors de l'été 2013, Sissi, répondant aux cris des millions d'Egyptiens contre l'ex-président Morsi, a pris le pouvoir.
Les remous de nos forces armées et l'exemple égyptien ont donné quelques lueurs de raison aux dirigeants de la Troïka et notamment au chef d'Ennahdha pour les obliger à quitter le pouvoir. L'appel de M. Béji Caïd Essebsi, en constituant son parti Nida Tounès, a fait le reste.
N'insistons pas beaucoup sur les agissements irresponsables des dirigeants d'Ennahdha. Ils n'ont rejoint les travaux du Quartette qu'après une longue période d'attentisme, de louvoiement et de tergiversations.
Le parti de l'ex-président de la République, tout en reniant toute légitimité au Quartette, n'a jamais participé à ses réunions.
Il semble que la culture des droits de l'Homme et de la démocratie est étrangère à certains responsables de la défunte Troïka.
L'ex-président Ben Ali a saisi le mot «Dégage» et est parti en Arabie Saoudite en un mois. Le parti Ennahdha et ses alliés ont pris plus de deux mois pour saisir la signification et le poids du mot «Dégage».
Et ils s'entêtent encore pour nous signifier qu'il ont quitté le gouvernement mais pas le pouvoir.
Conclusion : le prix Nobel de la paix de l'année 2015 est une fierté pour tous les Tunisiens et tous les militants sincères des droits de l'Homme. Il est aussi une fierté pour tous les peuples arabes et africains, mais si le comité Nobel a voulu saluer l'implication d'un parti religieux dans un processus démocratique, loin de nous de décevoir ses attentes et ses espérances mais qu'il ait à l'esprit qu'après le passage d'un parti se réclamant de l'Islam politique en Tunisie, et qui est le parti Ennahdha, le terrorisme aveugle et meurtrier a implanté son drapeau noir dans notre pays.
Ne parlons pas de ce qui que vivent la Syrie, l'Irak et la Libye.
La terreur des islamistes et des partis se réclamant de l'Islam politique a atteint des proportions catastrophiques et inimaginables et qui sont étrangères à l'Islam. Certains dirigeants occidentaux ont annoncé leur mea-culpa, notamment Tony Blair et d'autres dirigeants américains, pour les forfaits et les crimes contre l'Humanité perpétrés en Irak, en Afghanistan et en Syrie actuellement.
Puisqu'il a été primé lors de son élection d'un prix Nobel de la paix, que le sang africain coule dans ses veines et qu'il vient de recevoir Natanyahou chez lui, le 9-11-2013, je me permets de m'adresser à M. Obama pour lui dire que vous pouvez toujours rétablir la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Sincerely You Can(*). En poussant les deux parties à conclure une paix des braves durable et courageuse. Ainsi vous serez fidèle à votre sang africain qui refuse l'oppression quelle qu'elle soit et vous serez certainement hautement digne du prix Nobel qui vous a été décerné lors de votre premier mandat.
*(Avocat à la Cour de cassation)
(*) Voir La Presse 21-5-2015, Sincerely You Can


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