Les élèves de première et deuxième année primaire ont cours seulement le matin et rentrent chez eux l'après-midi. L'école primaire de Henchir Jedid, située dans la commune rurale d'Enadhour (gouvernorat de Zaghouan), est l'un des premiers établissements éducatifs situés dans une zone rurale à se lancer dans la nouvelle expérience de la séance unique, l'une des grandes mesures de la réforme du système éducatif qui a été prise par le ministère afin de libérer davantage de temps pour les activités culturelles. Cette petite école aux murs blancs et aux persiennes bleues, située en rase campagne, accueille les enfants des localités de Chaâlil, Ouled Hfaiedh, Ouled Meftah et Riyah qui habitent à environ un kilomètre de l'école. Cette année, 175 enfants ont été inscrits dans cet établissement qui souffre de surcharge. Les huit classes qui ont été constituées — deux classes pour la première année de base, deux pour la sixième année et une pour chacun des autres niveaux — comprennent entre 15 et 35 écoliers par classe. «C'est la classe de la troisième année de base qui est la plus encombrée», note le directeur de l'école, Ezzeddine Hmidi, très à cheval sur l'application des directives du ministère. Cette année, la majorité des écoliers ont rejoint les bancs de l'école, vêtus de tabliers flambant neuf, à petits carreaux et à col rose pour les filles et bleu pour les garçons. Bien que l'école dispose de moyens modestes — l'établissement comporte quatre salles pour huit classes —, le directeur a mis en application la séance unique pour les classes de première et deuxième année de l'enseignement de base. Les cours débutent à 8h00 et s'achèvent à midi pour les 59 écoliers de ces deux classes, à l'exception des mercredi et vendredi, pendant lesquels les cours se terminent à 13h00 pour les deux niveaux du primaire. Repas frugaux et activités culturelles Malgré l'avantage de ce nouveau rythme scolaire qui permet aux écoliers soit de rentrer tôt chez eux, soit de prendre part à des activités culturelles et sportives, le directeur de l'établissement n'a pu appliquer la séance unique pour le reste des classes qui ont cours le matin et l'après-midi ou parfois l'après-midi seulement. A titre d'exemple, les élèves de cinquième année primaire font deux heures de français et deux d'arabe le vendredi après-midi, en attendant que l'établissement fasse l'objet de travaux d'extension afin de rajouter quatre autres classes. «Les travaux d'extension commenceront au début du deuxième trimestre. Quatre autres salles devront être aménagées, en plus d'une cantine scolaire, a expliqué, à ce propos, Ezzeddine Hmidi. Cette extension me permettra d'appliquer la séance unique de la première année primaire à la sixième année de l'enseignement de base. Car, il faut une classe pour chaque niveau, soit huit salles pour huit classes. Or, actuellement, nous avons seulement quatre salles pour huit classes. J'ai dû même annuler la classe préparatoire, cette année, pour libérer une salle. Après l'extension prévue, nous serons le premier établissement éducatif dans cette zone à appliquer la séance unique». Malgré l'absence de cantine scolaire, un petit débarras a été aménagé pour garder au frais les produits périssables. Pour l'heure, c'est le gardien de l'établissement qui est chargé de veiller à la restauration des écoliers. Un accord a été conclu avec une société privée et un marchand de légumes pour ravitailler périodiquement l'établissement en pain, huile, thon, beurre... C'est également le gardien de l'école qui a élaboré un semainier afin d'indiquer les rations alimentaires réservées aux écoliers au cours de la semaine. Les repas frugaux, pris généralement entre midi et 13h00, se composent essentiellement de casse-croûte au beurre, au thon et à l'harissa ou enduits d'huile d'olive que les écoliers s'empressent d'avaler rapidement avant de reprendre les cours. Contrairement à plusieurs écoles rurales, l'établissement a le rare privilège d'avoir accès à l'eau potable. Pendant la récré, les enfants s'abreuvent des filets d'eau rafraîchissante qui coulent des robinets installés dans un coin de la cour. Et, il ne s'agit pas du seul privilège. En effet, cette année, le directeur de l'école a programmé des activités culturelles et sportives pour les élèves de la cinquième et de la sixième année de l'enseignement de base. Le lundi après-midi, il y a club de santé pour les élèves de sixième année et club d'éducation physique le vendredi après-midi. Des vestiaires, un petit terrain de foot et une salle de sport ont été aménagés dans l'établissement pour permettre aux écoliers de faire du sport. Toutes ces conditions réunies expliquent probablement le fort taux de réussite enregistré en 2014 pour l'ensemble des classes de cette école qui a atteint 91%. L'établissement peut également se targuer d'avoir le plus faible taux d'abandon scolaire de toute la commune. Un exemple à suivre.