Un projet tuniso-suisse, arrivé à terme il y a trois mois, vise à soutenir l'entreprise tunisienne à adopter les techniques de sa durabilité. Le principe majeur : faire valoir l'utilité de l'inutile. En économie verte, aimer l'environnement, c'est aussi produire propre. Un credo écologique qui s'applique dans la logique de la responsabilité sociétale, à laquelle l'entreprise industrielle ne doit pas échapper. L'avantage à lui procurer est plus qu'incitatif, au vu du manque à gagner épargné au profit d'une meilleure gestion environnementale et d'amélioration de la productivité et leur impact direct sur la compétitivité économique. D'autant plus qu'une charte de qualité éco-labellisée demeure ainsi fort exigée par autant de bailleurs de fonds que d'organismes d'assistance technique. En Tunisie, le Citet, le centre international chargé de ce volet dans le domaine, n'a guère cessé d'imposer ses consignes environnementales en cas d'intervention au titre d'appui ou d'accompagnement entrepreneurial. Et par conséquent, l'entreprise bénéficiaire se retrouve contrainte à aller jusqu'au bout dans ses engagements. L'expertise tunisienne à l'épreuve D'ailleurs, depuis 2010, le Citet, l'unique représentant du secteur public et privé auprès de la Suisse et l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) s'emploie à initier quelque 80 entreprises à la production propre. Une telle formation spécifique s'inscrit dans le cadre d'un projet quinquennal tunisien financé avec le concours du secrétariat d'Etat à l'économie suisse à hauteur d'environ 3 millions d'euros, visant à aider les entreprises adhérentes à mettre le cap sur le développement durable. Objectif à atteindre : augmenter leur productivité, faire des économies en énergies et ressources naturelles, réduire la pollution dont elles sont responsables et favoriser un cadre de travail décent et plus motivant. En ont tiré profit cinq secteurs à caractère industriel ; en l'occurrence l'hôtellerie, le textile, le cuir, l'agroalimentaire et le traitement de surface. Des domaines d'activités où l'enjeu écologique reste de taille, étant une tendance de développement durable à l'international. Mais, ce défi devrait, alors, s'accompagner de restrictions aussi sérieuses qui consacrent le principe du « pollueur payeur ». Que cela soit aussi la règle incarnant le vrai sens de la responsabilité sociétale à laquelle l'entreprise ne doit, en aucun cas, déroger. Et que l'exception soit, de même, sanctionnée. Ce projet, achevé en mai dernier, a permis à des experts tunisiens d'agir sur le site de production, mettant en avant un nécessaire diagnostic censé caractériser l'état des lieux environnemental et les difficultés propres à chaque entreprise. En fait, l'étude a porté sur le mode de fonctionnement, le rapport avec clients et fournisseurs, les équipements utilisés, le volume de consommation et la manière dont on gère ses déchets. Il a été aussi question de s'informer sur la réalité du contexte économique, l'entourage professionnel et de savoir si les déchets dégagés ont-ils servi de matières premières pour une autre entreprise, telle une cimenterie qui procède à leur recyclage. L'on parle, ici, de « symbiose industrielle » qui fait valoir l'utilité de l'inutile. A la suite de ce diagnostic, les experts tunisiens ont, d'ailleurs, proposé à l'entreprise objet d'accompagnement un plan d'action regroupant des mesures d'amélioration à mettre en œuvre. Soit, à chaque secteur des procédés d'application. Un cas d'école Par exemple, dans un hôtel, on a remplacé le traitement de l'eau des piscines au chlore par la réutilisation de l'eau pour l'arrosage des jardins. Cette technique doublée d'autres actions a permis à l'hôtel de réduire sa consommation hydrique de 70 %. En matière d'agroalimentaire, on préconise à l'entreprise concernée de faire usage de système de récupération, à des fins productives, de la chaleur et de l'eau consommées lors du processus de raffinage de l'huile. Ces pertes déjà restituées lui ont réduit ses coûts de production de 85 mille euros par an. Ces deux cas d'école cités en exemple ont montré à quel point l'intégration à l'économie verte est de mise. Selon les experts accompagnateurs, ledit projet devrait permettre aux entreprises auditées et à la société tunisienne d'engranger, en moins de 15 ans, 70 millions d'euros, soit plus de 140 MDT de bénéfices d'ici 2030. Autant dire, l'entreprise aurait à gagner doublement : sa compétitivité et sa durabilité. Ainsi se mesure, entre autres, le gage de sa pérennité. Un tel bilan positif atteint au terme de la clôture de ce projet 2010-2015 ne fait qu'encourager le milieu industriel à s'investir énormément dans l'écoproduction, afin de limiter autant qu'ils peuvent les effets du manque à gagner. Les années à venir vont leur apporter la preuve que ce choix est un créneau porteur.