L'agence de notation met en avant une certaine amélioration des déficits jumeaux ; budgétaire et des comptes extérieurs, grâce notamment à la baisse des subventions et à l'emprunt d'un milliard de dollars levé en janvier, en estimant que la Tunisie continuera à bénéficier du soutien extérieur dans le domaine financier Sous ce ciel assombri, une bonne nouvelle se profile : l'agence Fitch vient de publier une évaluation encourageante concernant la capacité de l'économie tunisienne à surmonter les effets du terrorisme*. Fitch Ratings est l'une des principales agences de notation financière dans le monde, avec Standard and Poor's et Moody's. Son avis est important. De multiples partenaires économiques et financiers se basent sur ses rapports pour prendre leurs décisions : investisseurs, Etats, institutions financières internationales... De plus, nous sommes ici devant la première évaluation indépendante en rapport avec les conséquences économiques des actes terroristes perpétrés sur le sol national. Ce qui représente une grille de lecture importante. La Tunisie est un pays exposé, l'attaque de la semaine dernière à Sousse souligne l'exposition de la Tunisie au risque de terrorisme et de son potentiel d'endommager l'économie, écrit Fitch Ratings. Mais elle ajoute que « le succès de la transition politique du pays au cours des dernières années va pouvoir soutenir les réformes structurelles qui vont faire augmenter les taux de croissance économique à moyen terme ». Mauvaises nouvelles pour rester dans la logique ambiante, tout de même, l'agence écrit que l'impact à court terme sur le tourisme est certain. Nous le savons. La seule attaque de Sousse, selon la ministre du Tourisme Salma Elloumi Rekik, citée par Reuters, pourrait coûter plus de 515 millions de dollars cette année, soit 1,1% du PIB. Il est attendu que la croissance passera en dessous de 2% cette année, selon Fitch, après le taux de 2,3% enregistré en 2014. Les chiffres sont têtus. Toujours en 2014, le tourisme représentait 7% du PIB, 12% de l'emploi et 9% des recettes du compte courant de la balance des paiements. Le second impact certain concerne les investissements étrangers. Fitch estime que les perspectives à moyen terme dépendent, certes, d'une capacité de résilience réelle de l'économie tunisienne mais surtout des réformes structurelles, dont on sait qu'elles tardent à venir. Elles tardent, mais elles peuvent être rendues plus faciles à adopter et mises en œuvre par la seule force de la légitimité politique du nouveau gouvernement. Risques d'instabilité sociale De la note de Fitch, on le sait déjà, le moindre pas sur le chantier des réformes est rude et confronté fatalement aux résistances de toutes sortes. Il faudra donc manier à la fois la plus grande fermeté au niveau des prises de décisions économiques, également trouver la bonne approche sociale pour réduire les troubles répétitifs et dommageables à l'économie et à la stabilité civile. La vraie inquiétude concerne donc le rythme des réformes, insiste l'agence de notation, car malgré les dernières élections et le plébiscite d'une large majorité de la population tunisienne, les décideurs politiques, indécis, en manque de fermeté, semblent rechercher le consensus avant toute réforme, ce qui peut garantir le succès desdites réformes mais, d'un autre côté, reporter leur mise en application à chaque fois. En cas d'augmentation de cette instabilité économique due aux « troubles liés à la sécurité, au social ou au politique », une pression négative serait mise sur la note souveraine tunisienne (BB- actuellement), prévient l'agence et cité par Reuters. L'agence de notation met en avant toutefois une certaine amélioration des déficits jumeaux ; budgétaire et des comptes extérieurs, grâce notamment à la baisse des subventions et l'emprunt d'un milliard de dollars levé en janvier, en estimant que la Tunisie continuera à bénéficier du soutien extérieur dans le domaine financier. Maintenant, la vraie question est : le pays pourra-t-il compter sur le soutien intérieur ? Les hommes et les femmes, les dirigeants, les partis politiques, la société civile, les syndicats, maintenant qu'ils sont plusieurs ? La situation est critique au point que nous sommes entrés tous autant que nous sommes en résistance de survie. Certains s'en soucient peu, malheureusement. D'autres ont d'autres agendas que la relance économique et le bien-être des Tunisiens, force est de constater. * Fitch: Sousse Attack Hits Tunisia Growth; Transition Supportive, mercredi 1er juillet