Dans une analyse publiée sur son site web officiel, l'Union générale tunisienne du travail a jugé, samedi 24 mars, le projet de loi de finances complémentaire pour l'année 2012 comme étant très loin des objectifs de la Révolution et en deçà des attentes des acteurs économiques et sociaux. La principale organisation syndicale en Tunisie estime que ce projet ne prend pas en considération les objectifs de la Révolution comme l'emploi, la justice sociale et la réduction des disparités régionales, la lutte contre la pauvreté... « Le taux de croissance économique fixé par la loi de finances complémentaire ne peut être atteint que grâce à la mise en place d'un climat des affaires sain et d'un climat social apaisé. Or, nous constatons une absence totale de messages rassurants adressés aux acteurs économiques locaux et étrangers», souligne l'analyse. Ce projet pèche par l'absence de toute mesure relative à l'augmentation des salaires. Les experts économiques de l'UGTT notent que l'absence de majorations salariales est susceptible de favoriser une régression de la demande intérieure qui devrait constituer le principal moteur de la croissance économique surtout que le pays ne peut pas compter sur une hausse des exportations en cette conjoncture marquée par la décélération de la croissance économique partout dans le monde. « La révision à la hausse du droit d'enregistrement, des taxes relatives à la recharge des téléphones mobiles et aux factures ainsi que l'institution de taxes complémentaires sur les quittances et les abonnements délivrés par la société tunisienne Autoroute ne pourront que favoriser une plus grande détérioration du pouvoir d'achat des citoyens », ajoutent les experts de l'UGTT. En ce qui concerne les mesures visant à encourager la création des emplois et à inciter les entreprises privées à investir comme l'exonération de la taxe sur la formation professionnelle et la prise en charge des cotisations sociales des salariés, l'organisation estime que le projet de loi de finances complémentaire reconduit les mêmes politiques adoptées par l'ancien régime. En matière de fiscalité, l'UGTT relève l'absence de toute mesure se rapportant au régime fiscal forfaitaire, lequel ne contribue que d'une façon marginale aux recettes fiscales de l'Etat en comparaison avec l'impôt sur les salaires. Sur un autre plan, les secteurs du tourisme et de l'agriculture sont complètement négligés en dépit de leur importance dans le tissu économique national.