“La politique, ce n'est qu'une certaine façon d'agiter le peuple avant de s'en servir”, disait l'homme politique français Talleyrand. Dans notre pays, la politique, ce n'est qu'une certaine façon d'agiter la jeunesse avant de s'en servir. L'agiter, car ses bras et ses jambes, parfois sa vie, sont très souvent utile à ceux qui gèrent les événements depuis les coulisses. La jeunesse, pourtant à l'avant-garde de tout changement, ne semble toujours pas se rendre compte de sa force. Elle est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme, car, quelle est la moyenne d'âge de nos soldats? L'institution militaire, institution la plus respectée de notre pays, est également la plus jeune. Les jeunes sont également en première ligne face au chômage, à la dégradation des services publics, aux tentatives de lavage de cerveaux et à l'idéologie, à l'émigration clandestine, à la drogue etc. Mais la jeunesse résiste, elle apporte davantage à notre pays qu'elle ne lui coûte, par son implication dans la vie associative, dans les forces armées et de sécurité, par ses initiatives dans le secteur privé, car elle a compris que le secteur public lui est durablement fermé. Mais notre jeunesse a un défaut: elle ne termine pas ce qu'elle commence, et se laisse trop facilement diviser. Ce que la jeunesse tunisienne commence, d'autres le terminent, et la jeunesse termine spectatrice de ce qu'elle initie, trop sujette et sensibles aux stratégies de diversion. Aujourd'hui, des jeunes manifestent, et des jeunes maintiennent l'ordre. Aujourd'hui, des jeunes les appuient, d'autres jeunes les invectivent. Nous partageons le même pays, nous souhaitons tellement être l'avenir que nous oublions que nous sommes le présent. Mais contrairement à ce qui s'est passé il y a 7 ans, les événements de ce mois peuvent être l'opportunité d'un déclic majeur au sein de la jeunesse tunisienne, pour qu'elle termine, cette fois-ci, ce qu'elle a commencé, qu'elle évite les pièges de la division, de l'idéologie, de la désespérance, de la destruction, qu'elle se réunisse, au service d'un état d'esprit fondateur et constructif, pour épouser une cause à laquelle chaque jeune doit se rendre indispensable: la transition générationnelle, et la proposition de solutions Jeunes pour un pays qui a de l'avenir.