L'année 2017 finit en « apothéose ». Mais ce n'est pas comme si elle avait bien commencé. On ne peut pas clore cette année sans évoquer l'épisode Emirates. Certains ne s'en rendent peut être pas compte tout de suite, mais « l'incident », appelons-le ainsi, de cette fin de semaine avec les Emiratis est tout sauf anecdotique. Qu'un pays décide de son propre chef d'interdire l'accès à des citoyennes d'un autre pays, unilatéralement, sans préavis et sans en informer les autorités de ce pays, est tout sauf anecdotique. Au-delà de notre petit pays, cette histoire a fait le tour des médias internationaux. On ne parlait que de ça. Mais on évoquait plus la décision courageuse (et réfléchie) des Tunisiens que de l'entourloupe, lâche et non assumée des Emiratis. Au-delà de l'affront subi par notre petit pays, cet incident n'est certes pas resté sans réponse. Les Tunisiens (et surtout les Tunisiennes !) ont eu le dernier mot. Les autorités tunisiennes ont rétorqué avec la fermeté qu'il faut et avec le timing qui s'impose. D'autres se seraient laissés emporter par la vague d'indignation et de colère quasi-générale : « Où sont les autorités ? Pourquoi ne réagissent-t-elles pas ? Comment peut-on se permettre de se laisser marcher sur les pieds de la sorte ? Qui défendra la dignité du citoyen tunisien ? ». Autant de questions enflammées qui ont fini par trouver réponses.
Parfois (souvent) il vaut mieux éviter de s'emporter et de raison garder afin de ne pas faire ou dire n'importe quoi. Non je ne dirai pas que la femme tunisienne est réellement une menace pour les Emiratis. Elle représente, en effet, tout ce dont ils ont peur, de par sa liberté, son indépendance et sa grande force. Et non je ne perdrai pas mon temps à énumérer les nombreuses choses qui font que la Tunisie est un pays à la culture et à l'histoire indéniables face à une nation qui a presque une fois et demi mon âge. Pour la simple raison qu'il ne sert à rien de se justifier et que tout cela n'échappe évidemment à personne. Parfois (souvent) il faut aussi avoir le courage de ses actions. Que les Emiratis prétextent des « mesures sécuritaires » pour barrer la route aux Tunisiennes est tout simplement ridicule lorsque l'on sait qu'un désaccord politique en est la cause. Qu'on annonce la levée de cette interdiction tout en la maintenant l'est encore plus. Encore plus ridicule ? Que Anwar Gargash, ministre des Affaires étrangères émirati, exprime dans un tweet son « profond respect pour les femmes tunisiennes ».
Si aucune excuse officielle n'a été formulée, aucune explication officielle n'a non plus été communiquée par les émiratis concernant cette interdiction. On préfère maintenir le flou afin de faire avaler la pilule, faire pression sans le dire, frapper sans l'assumer afin de pouvoir s'en défendre par la suite. Et c'est tout le contraire que les autorités tunisiennes ont fait. Frapper fort et le dire ouvertement : « des excuses officielles » sans quoi la Tunisie continuera de fermer ses aéroports à tous les vols d'Emirates. Dans la bataille Emirates contre Tunisie, c'est à ce stade la Tunisie qui en sort gagnante et qui fait preuve d'un courage qui fait terriblement défaut à son adversaire.
Mais cette fin d'année n'est pas faite que de l'épisode Emirates. Plusieurs événements, bien plus grands ont marqué cette (sombre) année 2017. Si elle s'achève, au moins, sans aucun attentat terroriste pour assombrir davantage son bilan, nous ne pouvons que nous en féliciter et espérer que l'année à venir soit meilleure. Bonne année à tous ceux qui me lisent !