Hizb Ettahrir, parti politique qui exerce légalement grâce à son visa obtenu des autorités officielles en 2012, ne cesse de créer la polémique et de défier le pouvoir de par ses actions dirigées contre l'Etat civil et démocratique. Ce parti au référentiel purement religieux, ne fait que semer la haine et inciter à la violence. Retour sur un parcours peu coutumier. Le parti Hizb Ettahrir a été suspendu pour un mois. Voilà la décision prise, hier, par le Tribunal de première instance de Tunis. C'est à la suite d'une plainte déposée par le chargé du contentieux de l'Etat pour le compte du gouvernement tunisien que ce verdict a été prononcé. Le ministre en charge des Relations avec les institutions constitutionnelles et de la Société civile, Mehdi Ben Gharbia, avait récemment annoncé que le parti islamiste sera suspendu et qu'un avertissement lui a été envoyé. Dès l'annonce du verdict, la réaction du bureau médiatique du parti a été prononcée, « la décision de suspendre les activités du parti pendant un mois est illégale », estime Imededdine Haddouk, membre du bureau médiatique. Le dirigeant a contesté la compétence de la partie ayant prononcé cette décision : « On n'a pas été convoqué, ni auditionné avant la prise de la décision de suspension », s'est-il indigné. Par ailleurs, il a accusé l'Etat de vouloir échapper à son échec à travers cette décision, notamment, dans la résolution des problèmes économiques et sociaux, qualifiant cette décision de «politique et illégale ».
Bien que certaines parties se soient réjouies à l'annonce de cette décision de suspension, un léger recul permet de se rendre compte qu'elle reste insuffisante et ne peut résoudre le problème que pose ce parti de manière fondamentale et radicale. Un parti politique qui ne reconnaît ni l'Etat, ni la Constitution et ne jure que par le califat et la Chariâa, n'est, désormais, pas à sa première sanction. De multiples sanctions ont été décidées à son encontre, qu'il n'a même pas respectées, défiant au grand jour l'Etat, la justice et les plus hautes institutions de l'Etat. Tout cela dans l'impunité totale. D'ailleurs, le dirigeant Mohamed Naceur Chouikha avait déclaré qu' « il n'existe pas un Etat qui s'appelle la Tunisie » ajoutant que « cet Etat n'existe que sur le papier et que jamais il ne reconnaitrait le régime républicain qu'il essaiera de changer à travers un combat idéologique et le militantisme politique. Nous menons toutefois nos combats dans le respect de l'administration du pays et jamais nous n'avons jeté une pierre », a-t-il souligné.
Or, il suffit de se pencher de près sur le décret-loi n° 2011-87 du 24 septembre 2011, portant organisation des partis politiques, pour voir que l'article 4 stipule ceci : « Il est interdit aux partis politiques, de s'appuyer dans leurs statuts, communiqués, programmes ou activités sur l'incitation à la violence, la haine, l'intolérance et la discrimination fondée sur la religion ou la catégorie ou le sexe ou la région » et que conformément à l'article. 28, toute infraction aux dispositions des articles 3, 4, 7, 8, 9, 16, 17, 18, 19, 22, 23, 24, 25, 26 et 27, le parti politique encourt des sanctions conformément aux procédures suivantes : 1- La mise en demeure : le Premier ministre établit l'infraction commise et met en demeure le parti sur la nécessité d'y remédier dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours à compter de la date de notification de la mise en demeure. 2- La suspension d'activité du parti politique : si l'infraction n'a pas cessé dans le délai mentionné au premier paragraphe du présent article, le président du tribunal de première instance de Tunis, à la demande du Premier ministre, décide la suspension des activités du parti pour une durée ne dépassant pas trente (30) jours. Le parti peut intenter un recours contre la décision de suspension d'activité conformément aux procédures de référé. 3- La dissolution : elle est prononcée par un jugement du tribunal de première instance de Tunis à la demande du Premier ministre, et ce, au cas où le parti n'a pas cessé l'infraction malgré sa mise en demeure, la suspension de son activité et l'épuisement des voies de recours contre la décision de suspension d'activité. Les procédures judiciaires relatives à la dissolution du parti et à la liquidation de ses biens sont régies par les dispositions du code des procédures civiles et commerciales.
Les dépassements de ce parti ne s'arrêtent pas à ce point et il a même commencé à exercer dans l'illégalité. En effet, Hizb Ettahrir a donné des consignes aux jeunes du parti de ne plus se conformer aux ordres de la police et de laisser la justice, en dernier ressort, trancher sur les différends concernant les activités du parti. C'est à se demander sur les véritables raisons qui font de Hizb Ettahrir un parti intouchable, alors qu'une simple application stricte de la loi permettrait la dissolution de ce parti qui ne peut faire partie du paysage politique et partisan actuel. Un parti prônant la haine et la violence et qui menace de couper les têtes et les mains des Tunisiens, est en totale contradiction avec les valeurs citoyennes et républicaines de l'Etat tunisien. La lutte contre ces formes de radicalisation doit faire partie des priorités du gouvernement, de même que la lutte contre le terrorisme et la corruption. Mais comme on vient de le mentionner, ce parti se montre tellement arrogant et confiant dans l'incapacité des autorités officielles de le dissoudre et de lui interdite toute activité, qu'on est en droit de s'interroger sur la discrétion affichée par le gouvernement dans le traitement de ce cas. Comme s'il avait des appréhensions à être tranchant face à un vis-à-vis pourtant, complètement hors-la-loi.