« Une tornade dans un verre d'eau ». C'est ainsi qu'a commenté le lobbyste et avocat tuniso-français Karim Guellaty les commentaires enflammés sur les réseaux sociaux tunisiens à propos d'Emmanuel Macron et sa visite en Tunisie en novembre dernier. Après son passage au second tour de la présidentielle française, dimanche dernier, on s'est rappelé soudain à Tunis qu'Emmanuel Macron est venu en Tunisie et qu'il aurait été mal reçu. Le président de la République aurait même refusé de le recevoir, si l'on suit tout ce qui se dit, depuis dimanche, sur les réseaux sociaux tunisiens. Le seul message à retenir : Béji Caïd Essebsi et le gouvernement de Youssef Chahed ont refusé de miser sur le bon cheval et ils ont hypothéqué l'avenir des relations tuniso-françaises à cause de leur manque de tact politique.
Proche des milieux politiques tunisiens et français et proche du chef du gouvernement, Karim Guellaty a tenté de rétablir, hier soir, quelques vérités dont il était témoin à Tunis et à Paris. « - Emmanuel Macron est venu en Tunisie, mais ne s'était alors pas encore déclaré candidat. - Il a, non pas été ignoré, mais au contraire, très bien reçu. - Il a ainsi pu rencontrer deux de nos ‘'nobelisés'' de la paix - Il a eu un déjeuner privé avec la présidente de l'Utica et co-Prix Nobel de la Paix - il a été reçu plus d'une heure et demie par le ministre de l'investissement Fadhel Abdelkefi, alors que nous étions à moins de trois semaines de la conférence Tunisia 2020, en dépit du planning plus que chargé du ministre. - Il a été accueilli au Bardo pour aller se recueillir devant le mémorial aux victimes de l'attentat de 2015. - Il a rencontré également Mourad Fradi, l'un des deux commissaires de la conférence Tunisia 2020. - Il a rencontré Hafedh Caïd Essebsi, dirigeant de Nidaa Tounes pendant plus d'une heure. En plus de nombreuses rencontres avec des personnalités de la société civile. - Il n'a été ni boudé par les autorités ni ignoré, mais au contraire, Emmanuel Macron a pu rencontrer tous ceux qu'il pouvait rencontrer, compte tenu des contraintes d'agendas compliquées de tout le monde d'une part, et d'autre part au regard du fait que le voyage qui devait être initialement en décembre, a été avancé au dernier moment en novembre. Modification liée au fait qu'Emmanuel Macron souhaitait faire son premier voyage hors UE, en Tunisie. - Ce n'est absolument pas le président de la République qui a organisé la rencontre entre Hafedh Caïd Essebsi et Emmanuel Macron, rencontre qui faisait tout simplement partie du programme. Quoi de plus logique pour le fondateur d'un mouvement que de rencontrer le dirigeant du mouvement qui est arrivé premier aux dernières élections ? - Last but not least, le président de la République n'a pas refusé de le rencontrer, il n'a tout simplement pas été sollicité au regard des délais très courts de la décision sur les dates de ce voyage. Cessons donc de nous flageller, il a été ravi de son séjour et des rencontres qu'il a pu faire ! Fin de la tornade dans le verre d'eau ».
Emmanuel Macron s'est classé au premier rang dans les élections qui ont eu lieu dimanche à Tunis avec 32,11% des voix. On signalera qu'Emmanuel Macron a également eu des rencontres avec au moins un membre du Majless Choura d'Ennahdha, au cours de sa visite tunisienne, à savoir Hatem Boulabiar.