La Tunisie fait désormais partie d'une coalition islamique antiterroriste, après avoir rejoint récemment, la coalition internationale conduite par les Etats-Unis pour lutter contre le groupe djihadiste Daech en Irak et en Syrie. Cette nouvelle, on l'apprend via les autorités saoudiennes, parce qu'en fait, la coalition est placée sous la conduite de l'Arabie saoudite. La monarchie pétrolière, d'autant plus, connue pour son soutien aux groupes extrémistes, leur fournissant les logistiques financières nécessaires, ne serait-ce qu'indirectement, se la joue leader arabe et musulman de la lutte antiterroriste. Et la Tunisie a, vraisemblablement, jugé bon d'adhérer à cette initiative avec tout ce qu'elle entraine comme enjeux…
Composée, entre-autres, de l'Egypte, la Turquie ou le Qatar, outre certains pays de l'Afrique subsaharienne, la coalition de 34 pays, n'inclue pas l'Irak ou l'Iran, grand rival chiite de Riyad dans la région. L'agence officielle saoudienne Spa a annoncé ce mardi, que cette coalition sera dotée d'un centre de commandement basé à Riyad pour « soutenir les opérations militaires dans la lutte contre le terrorisme et permettra de développer les programmes nécessaires pour soutenir ces efforts ». L'agence précise que les mécanismes appropriés devront être mis en place pour permettre la coordination avec les nations amies et voulant la paix ainsi qu'avec les organismes internationaux. Le nouveau ministre de la Défense saoudien, Mohamed Ben Salmane a tenu le même jour une conférence de presse où il a expliqué que ladite coalition témoigne « du souci du monde islamique à combattre le terrorisme et à être un partenaire dans la lutte mondiale contre ce fléau ». Répondant à la question si cette nouvelle alliance se consacrerait à lutter contre Daech, le ministre se limite à dire que celle-ci combattra « toute organisation terroriste qui fait son apparition dans le monde musulman, le premier à avoir souffert du terrorisme ». Toutefois, il relève qu'en ce qui concerne la Syrie et l'Irak, la coalition ne pourra mener des opérations qu'en coordination avec les autorités dans ces pays et avec la communauté internationale. On notera que l'Arabie saoudite est l'un des farouches opposant du régime syrien d'Al Assad.
Ce qui nous intéresse ici, c'est le rôle que jouera la Tunisie au sein d'une telle coalition militaire. Comment la Tunisie a-t-elle décidé de se lancer dans une telle entreprise ? Quels seraient les moyens qu'elle mettrait en œuvre pour y participer, alors que notre armée souffre, justement, d'un manque considérable de moyens ! Pour l'heure, aucune déclaration officielle du coté tunisien sur la teneur de cet engagement. Il faudra rappeler que lors de l'annonce de la participation de la Tunisie dans la coalition internationale contre Daech, nos officiels ont affirmé qu'il s'agira surtout d'un échange d'informations qui permettrait, notamment de lutter contre le terrorisme sur le territoire national. On se rappellera d'un Habib Essid évasif quant à une probable participation militaire, mais indiquant que si une demande en ce sens était avancée, les prérogatives du président de la République lui donne le pouvoir, conformément à la Constitution d'envoyer des forces à l'étranger. Ça promet ! Il serait logique de mettre cette initiative dans le contexte géostratégique actuel, alors que les américains poussent vers une plus grande implication des pays arabes dans la campagne militaire menée contre Daech. On parle même d'envoyer des troupes arabes en Syrie ou en Irak. La Tunisie est-elle prête pour se retrouver dans un tel bourbier et saisi-t-elle les enjeux stratégiques de cette coalition ?
L'Arabie saoudite se pose en meneur de la guerre ouverte contre le terrorisme. Mais disons-le ! Cette monarchie du Golfe est connue pour ses accointances avec les groupes islamistes djihadistes, au même niveau que le Qatar. Les Saoudiens ont toujours nié toute implication dans la montée de ces organismes, sauf que pour les observateurs avertis, le royaume est impliqué et il s'agit plutôt de soutiens indirects, bien évidemment, financiers et militaires, qui s'opèrent à travers des organisations privées, à titre d'exemple. Des montants faramineux ont pu ainsi renflouer les caisses des groupes terroristes en Irak et en Syrie
Dans quoi la Tunisie s'est engagée ? Dans une guerre d'influence et de pouvoir sur toute la région du Moyen-Orient. Une guerre que l'Arabie saoudite, soutenue par ses alliés américains, projette de damer le pion à l'Iran chiite, qui impose de plus en plus son poids dans la lutte contre le terrorisme. Le double jeu auquel s'adonne l'Arabie saoudite, soutenant officieusement les groupes terroristes, et affichant une volonté de les combattre, s'inscrit aussi dans cette lutte sunnite-chiite acharnée. La Tunisie ne devrait-elle pas plutôt prendre de la distance !
En attendant des explications des autorités tunisiennes quant aux modalités de notre participation dans cette coalition. Une Arabie saoudite, qui a coups de pétrodollars, propage l'idéologie extrémiste wahhabite, dans un monde arabe en pleine ébullition, se targue aujourd'hui de présider les pays musulmans dans la lutte contre ce fléau qu'elle a eu un rôle prépondérant dans sa montée en puissance.