Lors d'une intervention à l'Assemblée nationale Constituante, la députée d'Ennahdha, Halima Kanni, a regretté « l'absence de patriotisme et d'indépendance » des médias, qu'elle a qualifiés de « journalistes de Ben Ali » et les a appelés à « plus de décence, parce que le peuple n'est pas assez naïf pour croire que ces médias militent réellement en faveur de la liberté de la presse ». Halima Kanni a également accusé le SNJT de « recevoir des ordres de parties étrangères compromettant la réussite de la révolution et semant le chaos dans le pays » et ce, suite à la visite de l'ambassadeur français au siège du syndicat des journalistes et son soutient à leur grève générale, organisée le 16 octobre 2012. Le comportement de l'ambassadeur, « soutenant les journalistes dans leur conflit avec le gouvernement » serait, selon elle, « un dépassement de ses prérogatives et une ingérence dans les affaires de la Tunisie ». « Il s'agit d'un comportement irrespectueux et d'une offense à la dignité des Tunisiens ainsi qu'à la souveraineté de l'Etat », ajoute-t-elle, tout en appelant le gouvernement et les partis politiques à « condamner fortement ce comportement qui dénote d'un esprit colonial ». Et d'ajouter : « A travers ce comportement, le SNJT a perdu toute sa crédibilité, si toutefois il en avait une, et a prouvé son implication avec les ennemis de la Tunisie et de la Révolution ». « Ce genre de médias, contre-révolutionnaires, n'a pas cessé de défendre Ben Ali et est aujourd'hui encore nostalgique de l'ancien régime ».
Halima Kanni va même jusqu'à déclarer « la majorité de ceux qui contrôlent les médias aujourd'hui se nourrissent de mensonges et de rumeurs et tentent de diviser les tunisiens en imposant la discorde et la violence verbale » en concluant par : « les médias libres et honnêtes ont été exclus du paysage médiatique post-révolutionnaire ».
Suite à ces propos, l'ensemble des journalistes présents à l'hémicycle a préféré quitter la salle, en signe de protestation et d'indignation et a refusé les excuses présentées par Sahbi Atig, président du bloc parlementaire d'Ennahdha, qui a qualifié les déclarations de la députée d' « inacceptables et ne représentant pas l'ensemble du bloc parlementaire du parti » et a appelé à « ne pas faire d'amalgame ».