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Kaïs Saïed en campagne électorale ? Mais non voyons !
Publié dans Business News le 30 - 07 - 2024

Les visites de terrain de Kaïs Saïed, inopinées et planifiées, se multiplient et ressemblent, comme deux gouttes d'eau, à des visites de campagne électorale. Le président sortant le nie catégoriquement et affirme juste qu'il est en train de venir voir le peuple.

« En politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois qu'un événement survient, on peut être certain qu'il avait été prévu pour se dérouler ainsi ». Cette célèbre phrase de Franklin Roosevelt (1882-1945=), 32e président des Etats-Unis (1933-1945) a été maintes fois prouvée, très rarement démentie. C'est une des règles basiques qu'on enseigne dans les sciences politiques, il ne saurait y avoir de coïncidences en politique.
En Tunisie, cette règle ne s'applique pas au président tunisien. Nous sommes en pleine période électorale, les candidats et leurs représentants sont sur terrain pour collecter les parrainages et vanter leur programme, sauf le candidat-sortant Kaïs Saïed qui est, certes, sur terrain comme les autres, mais qui ne serait pas en campagne.
C'est juste une coïncidence qu'il est allé rendre visite hier lundi 29 juillet aux citoyens de Awled Salah, Sidi Alouane et Karkar du gouvernorat de Mahdia. Des visites à l'issue desquelles la présidence a monté une vidéo de 22 minutes diffusée sur Facebook à 2h12 du matin. C'est également une coïncidence qu'il est allé rendre visite à son chef du gouvernement à son siège à la Kasbah. Une visite suivie d'une vidéo, de quinze minutes, diffusée sur Facebook à 0h33.
Dans les deux vidéos, le président de la République parle de lobbys, de corruption, de l'administration qui bloque les projets, de ces mafias qui assoiffent le peuple et, coïncidence, de ces candidats qui font la campagne électorale et mentent au peuple.

Les visites de ce lundi 29 juillet ne sont pas les premières qu'a effectuées le président de la République depuis le démarrage de la période électorale le 14 juillet. Le 23 juillet, il a effectué des visites aux barrages de Bou-Heurtma et Barbara à Jendouba, puis au barrage de Nabhana à Kairouan, puis aux imadas de Menzel Harb (Bembla, Monastir) où l'on constate plusieurs coupures d'eau aussi bien dans cette région que dans les régions voisines et, enfin, à la région de Grombalia pour voir le canal de Medjerda où l'eau est fluide. Des visites à l'issue desquelles la présidence a diffusé une vidéo de trente minutes montrant le chef de l'Etat devant le barrage de Barbara plein à ras bord. Kaïs Saïed s'interroge, dès lors, pourquoi l'eau est disponible ici à Barbara, mais indisponible dans les robinets des citoyens. « Ce n'est pas naturel, ce qui se passe est anormal et entre dans le cadre de la campagne électorale des lobbys. L'eau est disponible, mais les gens souffrent de la soif (…) Il y a une antichambre pour assoiffer le citoyen », s'exclame le président en colère ce 23 juillet. Même exclamation et mêmes accusations contre les lobbys, observée durant ses visites du 29 juillet.
L'avant-veille du démarrage de la campagne électorale, le 12 juillet, le président de la République s'est déplacé à Jebeniana et El Amra, visite à l'issue de laquelle la présidence a diffusé une vidéo de neuf minutes. Ce même 12 juillet, il est allé à Hammam-Lif avec une vidéo, à la clé, de quinze minutes. Le 19 juillet, le chef de l'Etat était à Borj El Khadhra, extrême-sud de la Tunisie, d'où il a annoncé son intention de briguer un second mandat.

Six visites de terrain loin du palais de Carthage, en l'espace de quinze jours, cela ressemble étrangement à un candidat en campagne. Sauf que le président sortant le nie catégoriquement. Devant le chef du gouvernement et devant des citoyens venus l'acclamer, il a dit et répété qu'il n'était pas en campagne. S'il est là sur terrain, c'est juste pour voir le peuple et constater, de lui-même, les souffrances des citoyens à qui on coupe l'eau de 11 heures à 5 heures du matin et qui n'ont pas droit à une eau potable et transparente. Dans les vidéos diffusées, on l'entend comme à son habitude accuser de sombres lobbys et une administration à la solde de ces lobbys. C'est par là que vient tout le mal et ce sont ces lobbys qui coupent l'eau, durant cette campagne électorale, car l'eau n'était pas coupée avant. Il s'interroge plus d'une fois, dans la foulée, pourquoi les hôtels ont l'eau disponible et pas les simples citoyens. « Ces coupures qui coïncident avec la campagne électorale ne viennent pas par hasard », tranche Kaïs Saïed.
En revanche, ses visites de terrain coïncidant avec la même campagne électorale sont un hasard. Tout comme c'est par hasard qu'il a rencontré des enfants venus l'embrasser, des foules venues l'acclamer, crier des vivats et autres formules de soutien ou encore un zakkar (sorte de trompettiste) venu avec sa zokra (sorte de trompette) parmi la foule, pour entonner une musique à sa gloire.
Franklin Roosevelt et les experts en sciences politiques peuvent aller se rhabiller. Si Kaïs Saïed a dit qu'il n'est pas en campagne, c'est que c'est vrai. Forcément.
Ne se suffisant pas des foules et des visites de terrain, Kaïs Saïed a profité de ses moments de visite de terrain, et de la caméra de la présidence qui le filmait, pour tacler ses adversaires politiques, parmi les candidats à la présidentielle, qui ne chercheraient que le trône et le pouvoir. Il en a également profité pour se dédouaner des accusations qui le ciblent. Si l'eau est coupée, c'est forcément l'œuvre des lobbys, répète-t-il inlassablement, car l'eau est disponible dans les barrages comme il l'a constaté lui-même. Le ministère de l'Agriculture publie pourtant des chiffres alarmants et affirmant que le taux de remplissage de l'ensemble des barrages tourne autour de 26%. Peu importe la vérité sur les barrages tunisiens, telle que la démontrent les chiffres du ministère de tutelle, il n'y a que la vérité de Kaïs Saïed qui compte en cette période électorale. Et cette vérité, c'est ce que le président a vu de ses yeux quand il est allé au barrage de Barbara, le seul en Tunisie rempli à plus de 90%.

Dans n'importe quel pays au monde, les visites de terrain d'un président sortant en période électorale sont systématiquement assimilées à une campagne électorale, par les médias, les observateurs politiques et les instances chargées de surveiller le bon déroulement de la campagne. Pour tout ce monde-là, il ne saurait y avoir de coïncidence. Afin d'éviter toute suspicion et toute polémique, les présidents sortants évitent les visites de terrain et les interviews avec leur costume présidentiel et font tout pour qu'il n'y ait pas d'amalgame. Quand le président effectue une visite, il éloigne les caméras et s'abstient de déclarations, surtout celles liées à son bilan ou à son programme. Quand c'est le candidat qui effectue une visite, il éloigne son cortège de véhicules de l'Etat, réduit autant que possible son dispositif sécuritaire et préfère une tenue sport-chic au costume-cravate.
En Tunisie, Kaïs Saïed fait tout le contraire et l'Instance électorale (Isie) chargée de surveiller le bon déroulement de la campagne ne dit rien. En cinq ans de mandat, il n'a jamais effectué cinq visites de terrain avec des bains de foule en l'espace de quinze jours. Il n'a toujours pas fait de visite de terrain en qualité de candidat, afin que l'on distingue clairement et sans ambiguïté le président du candidat. Il ne s'est jamais séparé de son dispositif sécuritaire imposant et de son cortège de grosses berlines et 4x4 spectaculaires. Il ne s'est jamais départi de son costume-cravate.
De prime abord, et de nature, il y a un amalgame en pareille période entre le candidat et le président sortant encore en exercice, personne n'y peut rien. Alors que les autres présidents sortants font tout pour réduire cet amalgame et dissiper tout malentendu, Kaïs Saïed le cultive et le nourrit.
Il a beau dire et jurer qu'il n'est pas en campagne, ses visites, ses propos et ses bains de foules laissent penser le contraire. Il a beau citer le hasard, quand on lit l'Histoire (qu'il adore tant citer) et quand on écoute les plus grands experts en matière de sciences politiques, on ne peut pas croire aux coïncidences en politique.


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