La boulangère, désormais célèbre, Hanine Bouguerra, a publié, samedi 26 août 2023, une autre vidéo sur les réseaux sociaux, où elle pousse un coup de gueule contre le président Kaïs Saïed et la ministre du Commerce et annonce la fermeture de son commerce. Propriétaire d'une boulangerie dite moderne, Hanine Bouguerra s'est insurgée contre les récentes décisions de l'Etat obligeant les boulangeries à respecter une taille de vingt centimètres pour la baguette compensée. « Je ne peux pas vendre à 0,25 dinar un petit pain qui a la taille d'une main à un citoyen, je ne peux pas ! J'ai vendu à perte car j'ai honte ! Et le pain lève et quand une pâte lève on ne peut pas fixer sa taille. Si moi je n'ai pas eu de problème lors du contrôle, d'autres boulangeries ont été fermées illico pour un centimètre de plus dans leurs baguettes ! (…) mais qui parle de pain du pauvre, mais qui parle d'un pain unique pour tout le monde ! qu'on nous vende d'abord une farine unique pour parler d'un pain unique et puis une pâte pour le pain ça lève et il faut maintenant qu'on contrôle aussi le processus de fermentation pour lui dicter une taille ! », s'est-t-elle révoltée. La boulangère a accusé le chef de l'Etat d'ignorer complètement la situation des boulangeries et les raisons de la crise du pain et s'est exprimée en ces termes : « Je suis à Tozeur et à plus de 500 kilomètres quelqu'un qui ne sait rien de la vie décide de mon sort ! quelqu'un qui perçoit un salaire pour être assis tranquillement dans un bureau climatisé et me donne des leçons, moi qui crève sous 380 degrés ! (…) Le ministère ne comprend pas que la situation est différente dans les régions de l'intérieur du pays (…) le ministère ne veut pas d'un pain unique mais d'un pain pour les riches et d'un pain pour les pauvres et je ne veux pas être mêlée à ça ! Je n'ouvre plus c'est fini, vous avez réussi à nous dégoûter de ce pays ! (…) on nous malmène, on nous maltraite, l'Etat fait tout ce qu'il veut mais nous n'avons aucun moyen de clamer nos droits ou de porter plainte rien ! Je haïs ce pays ! Venez m'emmener en prison ! Nous vivons dans une prison les gens n'en peuvent plus ! ». Pour ne pas vendre à perte le pain au prix compensé, les boulangeries modernes ont arrêté au début du mois l'activité de fabrication de pain. On rappellera que le ministère du Commerce a opéré alors des descentes pour confisquer la farine et semoule qu'elles détiennent, bien qu'achetées conformément aux procédures en vigueur. Pire encore, le ministère avait décidé la suspension immédiate de la vente de la farine fine PS-7 et de la semoule aux boulangeries modernes, les obligeants à fermer boutique et à entamer une série de mouvements de protestation devant le ministère. Suite aux négociations, le ministère a promis de réapprovisionner les boulangeries en farine pour qu'elles puissent fabriquer les pains haut de gamme et d'étudier le dossier pour trouver une solution radicale qui satisfasse toute le monde et permette de généraliser la vente de la baguette compensée à 0,2 dinar. En réalité, le réapprovisionnement n'a repris que le 19 août 2023 avec les exigences suivantes: le changement de dénomination "boulangerie", informer le consommateur sur le type, le poids et le prix du pain vendu, en toute clarté et transparence, et en enlevant toutes les données publicitaires. « Les commerces non-classés de fabrication de pain sont spécialisés dans la conception de pain de qualité supérieure, dont le poids ne dépasse pas les 150 grammes et qui est différent, au niveau de la forme, de la baguette et du pain traditionnels compensés » alors que « la baguette compensée fait, quant à elle, vingt centimètres de long » a ajouté le ministère instaurant définitivement le concept de boulangeries des pauvres et de commerces de pain des riches.