Lors de la Journée nationale du savoir, le président de la République, Kaïs Saïed a fortement critiqué l'intelligence artificielle, la qualifiant de danger imminent. Une déclaration qui n'a pas manqué de susciter la polémique et de faire réagir les acteurs de la scène tunisienne. L'ancien ministre, Faouzi Ben Abderrahmane a commenté la sortie présidentielle, vendredi 11 août 2023, via un post publié sur les réseaux sociaux. Il a estimé qu'il y avait une différence entre critiquer l'intelligence artificielle en termes de nécessité d'une charte éthique ou de gouvernance, et celle de critiquer la science. « Tous ceux qui se sont opposés à la science, à travers l'histoire, en sont sortis perdants », a-t-il relevé. M. Abderrahmane a souligné qu'il n'était pas du rôle du président de la République de dire que l'IA représente un danger, « son rôle est de dire que ce sujet représente une opportunité pour mon pays pour décrocher une place dans le monde et prendre part à ces technologies qui changeront les choses dans les années à venir ». L'ancien ministre a continué sur sa lancée en assurant que le rôle qui incombe au président de la République, c'est de mettre en place une stratégie d'Etat pour aider les jeunes tunisiens actifs dans les domaines technologiques. Par la suite, Faouzi Abderrahmane a brossé un portrait peu reluisant d'une Tunisie en retard sur la marche du monde. « C'est le pays d'une administration moyenâgeuse. Le pays de la signature légalisée et de la copie conforme. Le pays qui interdit les drones… C'est un pays qui ne croit pas en la recherche scientifique ou à l'innovation. Les quelques jeunes brillants ne peuvent y trouver leur chance et n'ont d'autre choix que de le quitter. C'est le pays d'un système bancaire qui est loin d'encourager la recherche scientifique et les projets d'innovation… C'est un pays arriéré et son Président est la meilleure expression de son retard scientifique ». La diatribe de M. Abderrahmane continue en mettant en exergue les contradictions du chef de l'Etat qui parle toujours de nouvelles approches ou de liberté de penser qui restent, pourtant, inexistantes : « Vous dites qu'il n'y aura pas de retour en arrière. Bien ! Alors, avancez et on vous suivra. Mais vous n'avez aucune vision pour l'avenir… vous en avez peur… Votre belle époque ne reviendra plus… C'est la nature même de l'humanité depuis sa création… ». Pour Faouzi Abderrahmane, il est évident que l'intelligence artificielle a déjà commencé à changer le monde dans lequel nous vivons. Il a assuré que la Tunisie a toutes les capacités de jouer un rôle important avec ses innombrables compétences, dont beaucoup de jeunes : « Sauf que ce régime est venu environ dix siècles après son époque et ne comprend rien au monde actuel ou celui dans lequel évolueront nos enfants », a-t-il conclu, dépité.