La présidente de l'Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLTP), Raoudha Laâbidi, est intervenue ce mercredi 2 août 2023, dans l'émission 90 Dkika, sur IFM, pour revenir sur la situation des migrants et la réaction de l'Organisation des Nations unies (ONU) face à la politique migratoire adoptée par la Tunisie. Raoudha Laâbidi a commencé par mettre en doute la crédibilité de l'ONU et des agences de presse qui ont relayé la détresse des migrants expulsés et emmenés de force vers les frontières libyennes puis abandonnés en plein désert dans des conditions dramatiques. « Ce sont des informations qui restent à vérifier et nous n'avons pas vu l'ONU réagir au drame des migrants tunisiens qui périssent en mer sous les balles et aux pratiques qu'on observe dans le monde entier (…) cette problématique est posée dans tous les pays et personne n'accepte les migrants irréguliers sur leurs sols, tout cela évidemment dans le respect des droits de l'Homme, qui accepte un inconnu chez soi, personne » a-t-elle poursuivi.
La responsable a ensuite précisé que la moitié des victimes de traite sont des migrants dont 80% de Subsahariens en situation irrégulière, originaires de la Côte d'Ivoire surtout. « Ces personnes voient leurs droits violés et des personnes en profitent car étant en situation irrégulière elles se cantonnent au silence. Les deux phénomènes vont de pair et cela a aussi un impact sur le travail des enfants qu'on observe de plus en plus (…) concernant le trafic d'organes, les transplantations nécessitent un matériel de pointe et le phénomène concerne principalement des Tunisiens qui ont choisi de vendre leurs organes et vont dans certains pays pour le faire » a-t-elle conclu.
L'ONU, rappelons-le, a exprimé sa profonde préoccupation par l'expulsion des migrants, des réfugiés et des demandeurs d'asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye et aussi l'Algérie. Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général Antonio Guterres, s'est exprimé, mardi 1er août 2023, lors d'une conférence de presse. « Plusieurs sont morts à la frontière avec la Libye et des centaines, dont des femmes enceintes et des enfants, seraient toujours bloqués dans des conditions extrêmement difficiles avec un accès limité à la nourriture et à l'eau ». Il a ainsi réitéré l'appel lancé la semaine dernière par la Commission des Nations unies pour les réfugiés et l'Organisation internationale pour les migrations pour « qu'il soit mis fin immédiatement à ces expulsions et que les personnes bloquées le long de la frontière soient relogées d'urgence dans des endroits sûrs, où elles peuvent être protégées et avoir accès à de l'eau en quantité suffisante, à de la nourriture, un abri et des soins médicaux ». Le porte-parole a également réaffirmé la position de l'ONU « que tous les migrants, réfugiés et demandeurs d'asile doivent être protégés et traités avec dignité, dans le plein respect de leurs droits humains, quel que soit leur statut et conformément au droit international relatif aux droits humains et aux réfugiés ».