L'économiste et analyste financier Moez Hadidane a estimé qu'il est peu probable que la Tunisie parvienne à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), chacune des deux parties campant sur sa position : la Tunisie ne voulant faire des réformes portant atteinte au volet social et l'institution financière internationale qui pense que ces réformes sont nécessaires. Pour lui, « cet accord est tombé à l'eau ». Cela dit, avec le dossier de la migration, la Tunisie a limité les dégâts.
Au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, l'expert a affirmé, vendredi 28 juillet 2023, que la situation et le contexte avec le dossier de la migration et la position de l'Union européenne poussant les bailleurs de fonds à aider la Tunisie, ont quelque part sauvé la Tunisie. Selon lui et avec la position claire du chef de l'Etat concernant les réformes, la Tunisie aurait pu avoir des difficultés extrêmes mais le pays a pu obtenir certains financements, puis arriva le dossier de la migration appuyé par la position européenne et surtout italienne. « C'est comme si l'Union européenne a pris la place du FMI en tant que garant des bailleurs de fonds qui vont financer la Tunisie », a expliqué M. Hadidane, en notant que « les priorités de l'Union européenne sont autres, ce qui a peut-être bénéficié à la Tunisie ». Et de rappeler que selon le budget de l'Etat 2023, la Tunisie a besoin de 14,9 milliards de dinars en financement extérieur. Or, aujourd'hui, le pays a pu collecter le tiers de ces besoins en financement. En réponse à une interrogation de l'animateur sur la capacité de la Tunisie à drainer tous les fonds extérieurs nécessaires, l'analyste financier a souligné que deux mois en arrière, on ne croyait pas pouvoir collecter le tiers du montant et jusqu'à mars ou avril on avait à peine collecté 5% du montant. Ces fonds permettront de payer les dettes extérieures tunisiennes pour 2023. Pour lui, si l'Etat veut respecter toutes les dépenses inscrites dans le budget 2023, il devra veiller à drainer la totalité des fonds extérieurs prévus dans le budget 2023.
Moez Hadidane pense qu'il sera difficile pour la Tunisie de collecter les 14,9 milliards de dinars de l'extérieur et donc devra faire pression sur certaines dépenses, en essayant de drainer un autre tiers des fonds extérieurs prévus.