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Climat des affaires : les entraves majeures, selon les entreprises tunisiennes
Publié dans Business News le 10 - 07 - 2023

Le climat des affaires ne cesse de se détériorer. Les entreprises tunisiennes tentent tant bien que mal de surmonter les entraves, mais cela s'avère difficile surtout qu'en plus d'une conjoncture nationale morose, la conjoncture internationale a été sévèrement impactée par la guerre en Ukraine. Une récente étude indique que la corruption, le climat politique et le financement bancaire sont les trois principales contraintes en Tunisie selon les chefs d'entreprises. Neuf autres y sont aussi recensées.

C'est globalement ce qui ressort de la 22e enquête sur le climat des affaires et la compétitivité des entreprises réalisée par l'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ). L'étude montre que la perception des chefs d'entreprise sur l'environnement des affaires devient de plus en plus morose. Le baromètre du climat des affaires s'est encore creusé en 2022 avec une baisse de 3,4 points du score global par rapport à 2020. Pour la deuxième fois successive depuis son initiation, il s'est situé en dessous de 50/100, avec un score de 45,2/100, attestant d'une perception plus morose de l'écosystème et de l'environnement des affaires en général (plus le score se rapproche de cent, plus le climat des affaires est jugé favorable, ndlr).
Douze domaines sont évalués : l'infrastructure, les ressources humaines, le cadre macro-économique et juridique, les procédures administratives, le système judiciaire, le financement bancaire, la fiscalité et charges sociales, les pratiques dans le marché, le climat politique, la corruption, la situation sécuritaire et le climat social. Un indicateur synthétique de perception est ensuite élaboré par l'ITCEQ.


Sur les douze volets du climat des affaires couverts par l'enquête, dix domaines ont accusé une baisse de leur indicateur partiel par rapport à 2020.
Avec des indicateurs de perception bien en deçà de la moyenne, la corruption (31,4/100), suivie par le climat politique (31,8/100), le financement bancaire (32,2/100) et le climat social (32,8/100) se positionnent comme les principaux obstacles pour le développement des affaires en 2022. Il s'agit des quatre principales contraintes du climat des affaires recensées depuis 2018.
Les plus fortes baisses sont relevées au niveau du système judiciaire (10,9 points), du financement bancaire (6,4 points), des ressources humaines (6,2 points) et des pratiques dans le marché (4,9 points). En 2022, "la fiscalité et charges sociales", "le système judiciaire" et "les procédures administratives" rejoignent le groupe des domaines les moins bien perçus pour atteindre le nombre neuf, soit les 3/4 des domaines couverts par l'enquête.
Le pilier ayant trait à "la situation sécuritaire" a connu une amélioration substantielle de la perception que lui portent les chefs d'entreprise. En effet, la situation sécuritaire est passée de la 3e contrainte en 2015 à la 10e en 2022. Ceci traduit la reconnaissance de l'effort déployé par le dispositif sécuritaire pour rétablir la sécurité dans le pays.
Deux domaines se distinguent toujours comme étant des points forts du climat des affaires et ont maintenu leur classement comme étant les mieux perçus. Il s'agit de "l'infrastructure" et des "ressources humaines" même s'ils cachent certaines insuffisances.

La corruption
S'agissant de la corruption, ce phénomène est de plus en plus mal perçu, notamment dans le secteur public. L'indicateur partiel de perception relatif à la corruption a continué sa tendance baissière. Les résultats de cette enquête montrent que les chefs d'entreprise portent une perception de plus en plus négative quant à la corruption dans le secteur institutionnel, avec 70% la considérant comme contrainte majeure. L'analyse selon la taille de l'entreprise montre que la corruption pèse plus sur les petites entreprises (72%) que sur celles de moyenne et de grande taille (61 et 63% respectivement).
Les enquêtes 2020 et 2015 menées par l'ITCEQ pointent nombre de raisons pouvant être à l'origine de la corruption en Tunisie. Certaines incombent à l'entreprise, elle-même, qui cherche à éviter l'application de la réglementation ou à diminuer les frais à payer, et d'autres, plus évoquées, relèvent plus du fonctionnement de l'administration publique et qui s'expliquent, essentiellement, par la complexité et la lourdeur des procédures.

Le climat politique
Depuis son introduction dans la batterie des indicateurs du climat des affaires, le climat politique a toujours oscillé entre la première et la deuxième place comme contrainte qui porte préjudice au bon déroulement des affaires en Tunisie.
Les entreprises estiment que l'instabilité du climat politique est l'une des raisons derrière la réticence d'engager des investissements, n'ayant pas de vision claire.
63% des entreprises qui n'ont pas investi depuis 2020, l'expliquent par l'absence de vision économique claire de long terme et 53% des interrogées évoquent l'instabilité politique comme raison.

Le financement bancaire
L'indicateur relatif au financement bancaire continue sa tendance baissière pour s'établir à 32,2 /100 en 2022, accusant un recul de 6,4 points par rapport à 2020.
Concernant l'accès au financement, 54% des entreprises interviewées en 2022 en accusent le coup contre 50% en 2020. Même les grandes entreprises se plaignent de plus en plus de l'accès au crédit. Des affinements selon la taille de l'entreprise révèlent que l'accès au crédit est devenu de plus en plus contraignant même pour les grandes entreprises (54% contre 28% en 2020), au même titre que les petites et moyennes entreprises, devenues de plus en plus vulnérables et à court de liquidité dans un contexte marqué par les retombées de la crise sanitaire et la guerre en Ukraine.
Le coût de financement bancaire est de plus en plus considéré contraignant pour 78% des entreprises l'identifiant comme obstacle majeur en 2022 contre 74% en 2020. L'analyse par taille montre qu'en 2022, la perception que se font les grandes entreprises concernant le coût du financement bancaire vire, aussi, de plus en plus vers le négatif (74% contre 54% en 2020), témoignant de l'acuité des difficultés rencontrées par ces dernières au même titre que les petites et moyennes entreprises.

Le climat social
Il s'agit de la 4e contrainte. L'indicateur relatif au climat social continue sa tendance baissière pour s'établir à 32,8/100 en 2022. Les protestations sociales sont considérées par près des 2/3 des chefs d'entreprise comme une contrainte majeure qui entrave le bon déroulement de leur activité. Son acuité est beaucoup plus ressentie par les grandes entreprises (71%) que par les petites et moyennes entreprises.
La perception portée sur le climat social a contribué à la réticence des entreprises de s'engager dans des investissements. Parmi les opérateurs qui n'ont pas investi depuis 2020, 44% l'expliquent par les tensions sociales. Cette instabilité au niveau social est considérée d'autant plus néfaste que les grèves effectuées au cours de l'exercice 2021, ont été derrière la perturbation de la chaîne d'approvisionnement pour 38% des entreprises concernées. Les investigations par taille montrent que ce taux passe à 52% pour les grandes entreprises.

Les pratiques dans le marché
La perception des pratiques dans le marché est de plus en plus négative. Avec un indicateur de 40,1/100, ce domaine se positionne au 5e rang des contraintes du climat des affaires. Il a perdu cinq points entre 2020 et 2022, laissant déduire une perception de plus en plus négative.
Près des deux tiers des chefs d'entreprise considèrent les mauvaises pratiques de la concurrence telles que les ententes implicites, l'imitation illégale, l'évasion fiscale … etc., au même titre que le marché parallèle, comme des contraintes majeures qui entravent le bon déroulement et le développement de leur activité. L'analyse par taille montre que ces deux types de pratiques sont plus dénoncées par les petites et moyennes entreprises que par les grandes.
Quant aux marchés publics, les résultats de l'enquête révèlent que la contrainte y afférente se resserre : 42% des entreprises le considèrent en 2022 comme obstacle majeur pour le développement de leur activité (contre 34% en 2020). Cependant ce résultat est à nuancer. En fait, le vrai problème dans les marchés publics réside surtout dans les délais de paiement par l'acheteur public dénoncés par 57% des chefs d'entreprise. Par contre, la plateforme TUNEPS est bien perçue par plus des deux tiers des entreprises concernées.

Le cadre macro-économique et juridique
L'indicateur relatif à ce domaine continue sa tendance baissière entamée depuis 2015 pour s'établir, pour la deuxième fois consécutive, à 41,9 en 2022. Ce résultat traduit une insatisfaction de plus en plus grande des chefs d'entreprise en ce qui concerne le cadre macro-économique et juridique dans lequel ils opèrent.
En effet, 63% des entreprises considèrent le cadre macroéconomique comme contrainte majeure en raison, entre autres, d'un taux de croissance faible, d'une inflation galopante, d'un taux d'intérêt directeur qui ne cesse d'augmenter et d'un taux de change en dépréciation continue. Cette insatisfaction est compréhensible du moment que le taux de change ainsi que le taux d'inflation ont été à l'origine de problèmes d'approvisionnement pour respectivement 52 et 72% des entreprises.
De surcroît, le code de change est aussi de plus en plus mal perçu, avec 53% d'entreprises le considérant comme contrainte majeure en 2022 (contre 49% en 2020). Les mauvaises appréciations sont plus prépondérantes au niveau des entreprises de grande taille (59%) ainsi que celles opérant dans les services (58%).
Le cadre juridique, avec le changement fréquent des textes de lois, l'ambiguïté de leur lecture, le retard dans la publication des décrets d'application…, a aussi connu un resserrement selon les chefs d'entreprise dont 51% le considèrent comme une contrainte majeure en 2022, contre 48% en 2020.

Fiscalité et charges sociales
L'indicateur de perception relatif au domaine de "la fiscalité et charges sociales" a accusé une baisse de 3,6 points entre 2020 et 2022 pour se situer pour la première fois à un niveau inférieur à 50/100. Cette baisse est expliquée, d'un côté, par le recul de 4,2 points de l'indicateur partiel relatif à la fiscalité, synonyme d'une moindre satisfaction vis-à-vis du système fiscal (taxé d'être complexe), et des taux d'imposition (considérés élevés) et, d'un autre côté, par la baisse de 3,1 points de l'indicateur partiel relatif aux charges sociales.
Les résultats de l'enquête font ressortir que le système fiscal ainsi que le niveau d'imposition freinent considérablement le développement des affaires selon respectivement 57 et 53% des entreprises. S'agissant des charges sociales, 42% des entreprises déclarent qu'elles constituent une contrainte majeure pour leur activité.

Le système judiciaire
Le système judiciaire est le domaine qui a le plus tiré vers le bas l'indicateur global de perception du climat des affaires. Il a accusé la baisse la plus remarquable de 10,9 points en 2022. Il s'établit pour la première fois, à un niveau inférieur à 50/100.
Un tel résultat est compréhensible eu égard aux mouvements de protestation ainsi qu'aux grèves qui ont touché le corps des magistrats et impactant, par conséquent, l'activité de l'entreprise. L'insatisfaction quant à ce domaine est attribuable aux délais de résolution des litiges commerciaux, au même titre qu'à l'application des décisions (49%).

Les procédures administratives
L'indicateur partiel relatif aux procédures administratives a enregistré, lui aussi, en 2022 une valeur inférieure à 50/100. Ceci témoigne que la perception des chefs d'entreprise des procédures liées à "la douane", à "l'administration fiscale", à "l'administration de la CNSS" et aux "autres formalités administratives" est tirée beaucoup plus par des perceptions négatives que positives.
Les investigations menées au niveau de ces différents types de procédures montrent que seul l'indicateur relatif aux "autres formalités administratives" (création d'entreprise, autorisations, inspections…etc.) s'est légèrement amélioré (43,6 en 2022 contre 43,3 en 2020). Par contre, la perception portée sur les autres domaines des procédures administratives est devenue plus négative, tirant vers le bas l'indicateur de perception y afférant.
La plus forte baisse est enregistrée au niveau de la douane dont l'indicateur de perception est passé de 52,9 à 42 entre 2020 et 2022. Une telle baisse reflète la complexité et la persistance de certaines lourdeurs administratives liées à cette structure. Des investigations plus poussées montrent que ces procédures douanières pèsent lourd sur les entreprises qu'elles opèrent dans l'industrie (55%) ou dans les services (59%) ou qu'elles soient de petite (58%) ou de moyenne (53%) taille. Pour les grandes entreprises, les résultats de l'enquête montrent que ce sont les procédures administratives liées à l'administration fiscale (53%) qui sont, relativement, les plus contraignantes.

La situation sécuritaire
L'indicateur de perception retrouve sa tendance haussière en enregistrant une amélioration de 1,4 point en 2022 par rapport à 2020 pour s'établir à 53,9. Une telle amélioration traduit une reconnaissance de l'effort et actions menés par le dispositif sécuritaire pour se prémunir de tout acte qui peut nuire à la sécurité du pays. Cependant, cette amélioration de la perception ne devrait pas occulter le fait qu'une part non négligeable des entreprises (39%) continue à considérer ce domaine comme une contrainte majeure et, par conséquent, d'autres efforts sont à déployer pour regagner davantage la confiance des investisseurs.

L'infrastructure
Le facteur relatif à l'infrastructure a toujours constitué un point fort de la Tunisie. Toutefois, l'indicateur a connu une tendance baissière depuis 2015 pour se situer à 61,2 en 2022.
Notons que l'indicateur partiel relatif à l'infrastructure couvre seize domaines dont trois ont enregistré une valeur inférieure à 50/100. Il s'agit des moyens de transport maritime de marchandises, de l'infrastructure routière et de l'électricité, qu'on qualifie par la suite de maillons faibles de l'infrastructure en 2022. Le pourcentage des entreprises identifiant les moyens de transport maritime de marchandise en tant que contrainte majeure a augmenté passant de 47% en 2020 à 54% en 2022. L'acuité de cette contrainte est la même que l'entreprise opère dans l'industrie (54%) ou dans les services (54%), qu'elle soit exportatrice (52%) ou non (55%) ou qu'elle soit de petite (55%) ou de moyenne taille (54%).
Une étude menée par le ministère du Transport a révélé que la flotte maritime nationale en 2016 n'assurait que 11% du trafic maritime commercial, laissant les 89% restants aux transporteurs non-résidents. Cette dépendance aux armateurs non-résidents peut être à l'origine des perceptions négatives quant aux moyens de transport maritime de marchandises. En outre, l'infrastructure routière est identifiée en tant que deuxième faiblesse de l'infrastructure au niveau global. Elle est considérée par 46% des entreprises comme contrainte majeure. L'analyse par taille montre que l'acuité de cette contrainte est plus importante au niveau des entreprises de petite taille (47%) que celles de moyenne (42%) ou de grande taille (44%).
Concernant l'électricité qui est identifiée en tant que troisième faiblesse de l'infrastructure, 51% des chefs d'entreprise la considèrent comme contrainte majeure (contre 52% en 2020). Ce taux passe à 57% pour les entreprises opérant dans l'industrie (49% dans les services) et à 53% pour celles de taille moyenne (51% pour les petites et 49% pour les grandes entreprises).

Les ressources humaines
Bien que les ressources humaines constituent encore un point fort du climat des affaires en Tunisie, il n'en demeure pas moins que son indicateur de perception a accusé un recul considérable de l'ordre de 6,2 points par rapport à 2020. Ainsi et pour la première fois, son score descend à une valeur inférieure à 74/100, dénotant que la Tunisie est en train de perdre du terrain dans ce domaine.
Plusieurs raisons sont à l'origine d'une telle perception. Certaines ont trait à des aspects réglementaires (« code du travail » et « conventions collectives »), d'autres se rapportent à la formation et qualification des ressortissants du dispositif de formation qu'elle soit supérieure ou professionnelle.
Les résultats recueillis, à ce titre, montrent que la perception portée sur la réglementation du travail en vigueur devient de plus en plus négative que ce soit en matière de recrutement (32 contre 30% en 2020) que de licenciement (30% contre 25% en 2020). En revanche, le temps de travail ne semble pas constituer une contrainte majeure (13%).
La perception négative portée sur les ressources humaines se manifeste aussi au niveau de la formation et la qualification des diplômés et plus précisément lorsqu'il s'agit des ressortissants de l'université (27% contre 22% pour les diplômés de la formation professionnelle). Ceci appelle la recherche de solutions à même d'assurer une meilleure adéquation entre la formation dispensée et les besoins du tissu productif

Recommandations
La 22e enquête d'ITCEQ a émis plusieurs recommandations.
En ce qui concerne la corruption, et selon l'institut, la lutte contre ce phénomène gagnerait en efficacité avec le renforcement de la digitalisation des services administratifs à même d'alléger la bureaucratie et de minimiser le contact direct entre l'usager et l'agent public. Cependant, la digitalisation doit être accompagnée de réformes institutionnelles pour renforcer la transparence et l'interopérabilité, promouvoir la responsabilité et consolider la politique dissuasive. De leur côté, les entreprises sont elles-mêmes appelées à adopter des codes de conduite et à sensibiliser leurs employés à l'éthique des affaires pour changer les comportements et prévenir la corruption.
S'agissant du climat politique, la stabilité associée à une vision engageante de long terme est de mise. En outre, la continuité des textes de lois et leur prévisibilité sont essentielles pour garantir la confiance des entreprises dans leur système législatif et règlementaire. De plus, la poursuite de la simplification des procédures administratives et la promotion du dialogue public-privé pour comprendre les besoins et les préoccupations des chefs d'entreprises méritent, aussi, toute considération.
Quant au financement bancaire dont l'accès est souvent un obstacle majeur pour les entreprises, en particulier celles de petite et moyenne taille, il est question de persévérer dans les réformes financières à même de réduire le rationnement de crédit au travers notamment du développement de l'activité des bureaux de crédit privés, de la réforme du système de garantie, et de la promotion des modes alternatifs de financement, à l'instar du capital investissement et du financement participatif « crowdfunding ».
Sur le registre des atouts, la Tunisie a un fort potentiel dans le domaine de la digitalisation des services administratifs et la promotion du « e-gouvernment ». La consolidation de ce potentiel appelle l'accélération de la mise en œuvre des différentes composantes de la stratégie nationale en la matière. Il s'agit, en l'occurrence, de la consolidation des investissements dans la technologie telle que l'intelligence artificielle(1),du renforcement des infrastructures en élargissant l'accès à Internet (2), de la formation des fonctionnaires dans les nouvelles technologies (3), du renforcement des dispositifs de sécurité des données (4),de la fédération des efforts pour garantir l'interopérabilité des différents services publics (5) et de l'encouragement des entreprises à l'adhésion au processus de transition numérique (6).
L'atout d'une position géographique stratégique, bien que non abordée dans l'enquête, se doit toujours d'être érigé en avantage compétitif de premier plan pour la Tunisie. Etant située au carrefour de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen-Orient, la Tunisie doit mettre à profit sa géographie privilégiée, lui facilitant les échanges commerciaux et sa transformation en un Hub régional pour l'innovation et l'intelligence. L'approfondissement de l'intégration régionale via la multiplication des accords commerciaux doit également favoriser l'attractivité des investisseurs étrangers et faciliter l'internationalisation des entreprises tunisiennes. Pour pallier aux faiblesses et saisir les atouts, il importe de renforcer la concertation active entre les secteurs public et privé tout en veillant à la bonne gouvernance du processus d'amélioration du climat des affaires au double plan programmatique et opérationnel.

Notons que cette enquête sur le climat des affaires et la compétitivité des entreprises s'est déroulée durant la période s'étalant entre le 17 juin et le 22 juillet 2022. Elle a couvert un échantillon de 1.041 entreprises privées, structurées (employant six employés ou plus), opérant dans l'industrie et dans les services et réparties sur tout le territoire tunisien. La collecte des données s'est effectuée par la méthode de l'entretien téléphonique assisté par ordinateur (CATI) et l'exploitation des réponses s'est faite par l'utilisation de la technique de redressement qui permet de généraliser les résultats à tout le tissu productif ciblé (soit plus de 170.00 entreprises) et ne pas se limiter à l'échantillon seulement.

Le climat des affaires en Tunisie demeure difficile. Plusieurs défis sont à relever. Les autorités ont du pain sur la planche !


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