Dans plusieurs pays à travers le monde, les diffamations ou même insultes visant des dirigeants peuvent être considérées comme des crimes et sont punies par la loi. Plusieurs pays ont des lois protégeant la réputation des chefs d'Etat, bien qu'elles ne soient pas toujours strictement appliquées. Les lois varient d'un pays à l'autre en ce qui concerne les conditions dans lesquelles de telles déclarations sont considérées comme diffamatoires et les sanctions appliquées. Dans les plus les plus répressifs, ces lois restreignent la liberté d'expression et peuvent être utilisées pour étouffer l'opposition politique et la critique du pouvoir.
Aux Etats-Unis, la Constitution garantit la liberté d'expression, mais les menaces et les déclarations incitant à la violence contre le chef d'Etat sont généralement considérées comme une infraction civile plutôt que pénale.
En France, l'article 26 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse prévoit que la diffamation publique d'un chef d'Etat est passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 45.000 € et d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux ans. Cependant, cette loi ne condamnait pas toujours la satire et l'humour visant la personne du président. C'était plutôt l'atteinte à la fonction qui était punie. En 2013, le délit d'offense au chef de l'Etat a disparu. En effet, le dispositif instituant une protection propre au président de la République a été abrogé le 5 août 2013, pour limiter l'étendue de la protection des chefs d'Etat.
Dans des pays plus répressifs comme la Turquie, en revanche, la diffamation du président est considérée comme un crime et est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à quatre ans de prison. Depuis l'arrivée au pouvoir du président Erdogan, de nombreux journalistes et militants ont été emprisonnés pour avoir critiqué le pouvoir en place.
En Chine, la diffamation du président est considérée comme un crime d'Etat et est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison. Les médias chinois sont étroitement surveillés et censurés, et les autorités poursuivent les journalistes et les citoyens pour avoir critiqué le gouvernement.
Voici quelques exemples de personnes ayant été condamnées pour diffamation envers les présidents dans différents pays :
- En France, en 2020, un homme a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir publié sur Facebook des propos insultants envers le président Emmanuel Macron.
- En Turquie, en 2019, un ancien député du parti d'opposition CHP a été condamné à dix mois de prison pour avoir tweeté des propos critiques envers le président Recep Tayyip Erdogan.
- En Chine, en 2018, un ancien rédacteur en chef d'un journal local a été condamné à deux ans de prison pour avoir publié un article critiquant le président Xi Jinping.
- En Thaïlande, en 2017, une femme a été condamnée à neuf ans de prison pour avoir partagé sur Facebook des propos jugés diffamatoires envers le roi Bhumibol Adulyadej, décédé en 2016.