L'ambassadeur de France en Tunisie, André Parant a assuré que son pays soutenait la Tunisie dans ses efforts de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et de mettre en place des réformes structurelles. « Nous sommes du côté tunisien… Nous avons bon espoir… Nous sommes tous mobilisés pour parvenir à la conclusion de cet accord… La conclusion de cet accord ne peut plus attendre », a-t-il affirmé. À l'occasion d'une rencontre avec la presse tunisienne organisée le 10 janvier 2023 à l'ambassade de France en Tunisie, André Parant s'est dit être optimiste quant à la conclusion de cet accord. Il a assuré que la France faisait tout ce qui était en son possible pour appuyer la Tunisie et l'aider à mobiliser des fonds pouvant couvrir les besoins budgétaires relatifs à l'année 2023. Il a insisté sur la garantie des conditions permettant une croissance équilibrée. « J'espère qu'une nouvelle date pour l'examen du dossier tunisien sera rapidement fixée par le conseil d'administration du FMI… Il y a un ensemble de fausses idées qu'il faut clarifier… La Tunisie a démontré ses capacités dans le passé… Les partenaires traditionnels sont aux côtés de la Tunisie et sont conscients de la crise qu'elle traverse… La Banque mondiale, par exemple, est prête à apporter un appui technique concernant la mise en place d'une plateforme relative à l'aide directe aux personnes », a-t-il déclaré. André Parant a évoqué la création de la plateforme EVAX relative à la vaccination contre le Coronavirus. Il a considéré que cet exemple reflétait les capacités du pays dans la création de bases de données et la mise en place d'une plateforme assurant un service aux citoyens. Il a assuré que la Tunisie pouvait créer une plateforme similaire afin de permettre aux Tunisiens d'accéder aux compensations sous forme de transferts directs de fonds. Il a profité de l'occasion pour indiquer que le FMI adoptait une position ferme quant à la levée des compensations appliquées aux hydrocarbures. Néanmoins, le bailleur de fonds serait plus compréhensif concernant les compensations sur les produits alimentaires. Il a évoqué la question du ciblage, de l'identification des personnes nécessitant des transferts directs et de la création d'une base de données. « Les compensations doivent être accordées aux personnes en ayant le plus besoin… Le FMI et les partenaires de la Tunisie sont conscients de la sensibilité sociale et politique du sujet… La levée des compensations ne peut pas être appliquée d'une façon brutale… La question du calendrier, des étapes et des modalités peut faire l'objet de discussions… Nous n'avons pas envie de dépenser dans des aides budgétaires…. Nous préférons dépenser dans des projets d'investissement… Nous avons la volonté d'accompagner ces réformes sur le plan social… Nous ne laisserons pas tomber la Tunisie… Personne n'a intérêt à faire obstacle à la conclusion d'un accord avec le FMI », a-t-il dit. André Parant a assuré que le programme de réformes présenté au FMI avait été élaboré par le gouvernement tunisien et non par le FMI. Il n'y a pas de diktats ou de mesures imposées par le fonds. Il a rappelé que le FMI avait été contacté par le gouvernement. Il a, aussi, mis l'accent sur la difficulté de la mise en œuvre de certaines réformes. Il a considéré que le système actuel des compensations n'était pas viable et devait rapidement être révisé avant son effondrement. Revenant sur la visite d'Emmanuel Moulin, André Parant a assuré que ce dernier s'était rendu en Tunisie en sa qualité de Directeur général du Trésor français et non de président du Club de Paris. Il a, aussi, confirmé que ce dernier s'était entretenu avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi. Il a expliqué que ce dernier avait été sollicité par les autorités tunisiennes afin de fournir son expertise au sujet de la création d'une agence de gestion de la dette et d'une agence relative aux participations de l'Etat. Pour ce qui est des réformes fiscales, André Parant a indiqué que, lors d'un échange avec le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, ce dernier lui avait exprimé son attachement à une égalité fiscale accompagnée d'une préservation de la compétitivité des entreprises. La seule condition de la centrale syndicale serait qu'elle soit consultée à ce sujet. André Parant a évoqué l'importance de l'accompagnement des PME. Lors de cet entretien avec la presse, André Parant a affirmé son attachement aux droits et aux libertés acquises grâce à la Révolution du 14 Janvier. Il a estimé que celles-ci faisaient partie de l'image de marque du pays. Il a appelé à faire attention aux pratiques touchant ce patrimoine notamment l'application extensive du décret n°54, la comparution de civils devant les tribunaux militaires et les interdictions de voyager ne résultant pas d'un jugement.