Le dirigeant du Front de salut national, Ahmed Nejib Chebbi, a réaffirmé, dans la matinée de samedi 21 janvier 2023, la détermination de l'opposition à poursuivre la lutte contre le pouvoir en place. S'exprimant lors d'un point de presse organisé pour commenter l'arrestation de l'avocat et député extrémiste Seif Eddine Makhlouf tard dans la nuit de vendredi à samedi, il a avancé que le chef de l'Etat voulait couper les têtes de ses opposants en référence aux nombreux procès engagés contre plusieurs figures de l'opposition au putsch de Kaïs Saïed. Il a ajouté, dans ce sens, que couper les têtes ne serviraient à rien notant que l'histoire en est, d'ailleurs, témoin. Au sujet de l'arrestation de Seif Eddine Makhlouf, Ahmed Nejib Chebbi a relevé plusieurs violations commises par la justice militaire ; la violation du principe non bis in idem, notamment, et qui signifie que personne ne peut être poursuivi ou puni à raison des mêmes faits. Poursuivi avec plusieurs autres membres de la coalition Al Karama et par la justice civile et par la justice militaire pour l'affaire dite de l'aéroport, Seif Eddine Makhlouf a été condamné, vendredi, à une peine de quatorze mois de prison avec exécution immédiate, par la Cour d'appel militaire. Rappelant que la justice civile a déjà tranché dans cette affaire en condamnant le député à trois mois de prison, Ahmed Nejib Chebbi a signalé que la justice militaire n'avait guère le droit d'exécuter ses jugements dans l'immédiat. L'article 43 du Code de la justice militaire stipule : « Les jugements rendus par les tribunaux militaires sont exécutés dans un délai de vingt-quatre heures suivant le jour où ils deviennent définitifs ou suivant le jour de la lecture de l'arrêt rejetant le pourvoi en cassation en ce qui concerne les jugements ayant fait l'objet d'un pourvoi en cassation. Toutefois, en cas de condamnation à mort, il ne pourra être procédé à l'exécution qu'après présentation du jugement au président de la République qui peut gracier le condamné et commuer la peine par une autre ». Le politicien a réitéré que poursuivre des civils n'était point du ressort de la justice militaire soutenant que la condamnation de Seif Eddine Makhlouf et son arrestation dénotent « d'un esprit de vengeance ». « Cela prouve que nous vivons une étape où l'on veut assassiner la liberté et détruire la démocratie », a-t-il déclaré évoquant les poursuites engagées contre la membre du Front de salut national Chaima Issa et l'avocat et porte-parole du comité de défense des magistrats révoqués Ayachi Hammami, sur la base du décret 54, ainsi que les procès collés aux dirigeants nadhaouis, Noureddine Bhiri et Ali Larayedh, et autres dirigeants du Front de salut. La chambre criminelle près la Cour d'appel militaire s'est prononcée dans l'affaire de l'aéroport, vendredi 20 janvier 2023. Sur les cinq accusés, un seul a eu un non-lieu, selon l'avocate Ines Harrath. Seif Eddine Makhlouf écope de quatorze mois de réclusion. Nidhal Saoudi doit faire sept mois de prison et ses collègues Mohamed Affes et Maher Zid cinq mois. Abdellatif Aloui est, lui, acquitté. La juridiction a prononcé un non-lieu en sa faveur. L'avocat Mehdi Zagrouba est lui condamné à onze mois de prison et a été interdit d'exercer pendant cinq ans. Celui-ci est, notons-le, l'avocat de la dame fichée S17. Les faits remontent à mars 2021 quand des députés d'Al Karama ont mené un raid sur l'aéroport de TunisCarthage afin d'obliger les autorités à permettre à une femme fichée S17 de voyager. La scène a été filmée et massivement partagée sur les réseaux.