Le mouvement Ennahdha a estimé que la Loi de finances 2023 est une loi d'affamement et d'appauvrissement des Tunisiens. « Son élaboration n'a pas été le fruit de collaboration des parties sociales et la loi manque de vision économique complète et des mesures nécessaires pour booster l'économie et la croissance. La LF 2023 s'est contentée d'augmenter la pression fiscale sur la classe moyenne et démunie. Pour assurer la mobilisation des ressources pour répondre aux dépenses en hausse de 22% dans le budget de l'Etat, elle a ignoré l'état détérioré de la situation des finances publiques, tout en augmentant le budget de la présidence de la République de 20 millions de dinars aux dépends des budgets des secteurs sensibles tels que la santé, l'éducation et les transports, et écrasant les classes pauvres et démunies en accroissant leurs charges avec des augmentations attendues et non-étudiées des prix des carburants, de l'électricité, du gaz, des denrées alimentaires et des produits de base sans introduire des mesures qui les contrebalancent pour garantir l'équilibre avec le pouvoir d'achat des citoyens », a expliqué le parti politique dans un communiqué publié jeudi 29 décembre 2022 suite à la réunion de son bureau exécutif mercredi 28 décembre 2022 présidé par Rached Ghannouchi.
Dans ce même document, Ennahdha fait porter la responsabilité au « pouvoir putschiste » de l'augmentation des tensions sociales et du ralentissement économique dus aux répercussions de la Loi de finances 2023, « le tout sous l'égide d'un gouvernement illégitime et d'une poursuite effrénée pour aggraver la situation politique, violer les droits et des libertés, instaurer une autocratie tout en poursuivant les politiques de distraction et d'aveuglement sur l'incapacité du gouvernement du président à gérer les affaires de l'Etat ». Le mouvement a aussi dénoncé le discours de division, d'incitation, de haine et de menaces de mort proféré contre les opposants politiques et les Tunisiens qui se sont positionnés contre les choix du processus du 25 juillet 2021. Il considère qu'il s'agit d'une menace réelle de la paix sociale. Il fait porter la responsabilité de tout dépassement ou violence opéré contre les personnalités de l'opposition et leurs partisans. Il met aussi en garde contre la poursuite du ciblage des opposants via des arrestations, des harcèlements et la fabrication d'accusations, et demande, dans ce cadre, la libération de Ali Laârayedh. Le parti a également condamné les pressions continues exercées par l'autorité putschiste sur les magistrats pour les soumettre à sa volonté afin d'en finir avec les opposants politiques de Kaïs Saïed. Il a exprimé sa solidarité avec les magistrats injustement révoqués et qui sont toujours visés par les autorités, certains ayant été carrément accusés de complot contre la sûreté de l'Etat et de terrorisme. Et d'appeler toutes les forces vives du pays à soutenir les juges honorables dans leur bataille pour l'indépendance de la justice comme garantie du retour du système démocratique dans le pays.
Ennahdha a aussi salué toutes les initiatives visant à sauver le pays et a appelé à unir les efforts loin des intérêts personnels et partisans étroits, l'objectif étant un retour vers un processus démocratique.