Le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), élu à la date du 13 novembre 2022, Bassem Trifi, a considéré que l'élection d'un nouveau bureau directeur signifiait un "rétablissement" de cette organisation. Il a expliqué que le congrès électif a eu lieu avec des années de retard en raison de la situation de la LTDH, mais aussi, celle du pays. Il a évoqué des difficultés financières. « Nous ne prenons pas l'argent de n'importe qui... La Ligue milite et propage, à travers quelques programmes, la culture des droits humains », a-t-il ajouté. Invité le 15 novembre 2022 à l'émission La Matinale animée par Myriam Belkadhi et diffusée sur les ondes de la radio Shems FM, Bassem Trifi a affirmé qu'il continuera à défendre les droits de l'Homme et l'humanisme. Le "rétablissement" de la LTDH concerne la crise structurelle et financière de l'organisation, le manque de clarté et l'absence, parfois, de prise de position. Il a expliqué que l'absence de prise de position n'était pas seulement liée au processus entamé par le président de la République, Kaïs Saïed, depuis le 25 juillet 2021. Il s'agit selon lui d'un cumul. Ceci a conduit à une crise majeure qui s'était considérablement amplifiée suite à l'annonce des mesures exceptionnelles. Bassem Trifi a expliqué avoir choisi de ne pas exprimer son avis personnel par respect aux décisions du bureau exécutif de la LTDH. Il a souligné l'importance du rôle joué par la LTDH et de la préservation de la cohésion et de l'harmonie des positions au sein de l'organisation jusqu'à la tenue du congrès électif du 13 novembre 2022. Il a espéré un soutien et une prise de position, dans le futur et de la part des militants de la LTDH, en faveur des droits humains quelle que soit l'appartenance politique ou les convictions idéologiques des personnes concernées. Il a rappelé que le slogan du 6ème congrès de la LTDH était "Tous les droits pour toutes les personnes sans exclusion ou discrimination". Bassem Trifi a rappelé que plusieurs Hommes d'affaires et politiciens avaient été assignés à résidence au temps de Youssef Chahed. La LTDH avait émis un communiqué refusant cela sans même consulter la liste des noms concernés. Il a expliqué qu'il s'agissait d'une question de principe. La LTDH est contre l'assignation à résidence et la poursuite de civils devant les tribunaux militaires. M. Trifi a considéré que la LTDH n'avait pas pris de position claire dans la révocation de magistrats par décret présidentiel. Il s'agit, selon lui, d'une décision illégale et contraire à la Constitution et aux traités internationaux. Il a, également, évoqué l'absence de prise de position au sujet du décret 54 relatif à la lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d'information et de communication et du décret 55 portant sur l'amendement de la loi électorale. Réagissant à la photo de leaders et opposants politiques à Genève, Bassem Trifi a expliqué qu'il s'agissait d'événements organisés dans le cadre de l'Examen périodique universel réalisé dans le cadre des activités du Conseil des droits de l'Homme relevant de l'Organisation des Nations-Unies. Il a indiqué que lui aussi avait été invité, mais avait refusé principalement en raison de la tenue du congrès de la LTDH. Il a critiqué l'absence d'un représentant du gouvernement à Genève. Il a, également, considéré que les recommandations des Etats présents lors de cet événement étaient les mêmes que celles souvent évoquées par la société civile tunisienne. Il a estimé qu'un représentant de la direction des droits humains relevant de la présidence du gouvernement aurait dû être présent à Genève. Bassem Trifi a affirmé que la LTDH observera les prochaines élections législatives du 17 décembre 2022. « Je tiens à saluer mon père. Il m'a inculqué à moi, ainsi qu'à ma sœur et au reste de ma famille, plusieurs principes et valeurs... Il a contribué à cela... Il ne m'a légué ni biens ni immeubles... Ma mère, aussi, m'a légué des valeurs humaines... Les militants et militantes de la ligue me connaissent bien... J'étais l'un des plus jeunes avocats à avoir plaidé dans les affaires du bassin minier. J'avais 27 ans et je venais d'avoir mon diplôme d'avocat », a-t-il déclaré.