Les grossistes ont eu peur de constituer les stocks de régulation habituels en eau embouteillée pour ne pas être accusés de monopole et de spéculation, d'où le manque flagrant de cette denrée aujourd'hui. C'est ce qu'a révélé, mercredi 14 septembre 2022, le président de la Chambre syndicale de producteurs de boissons non-alcoolisées, Lassâad Mzah. En effet, les autorités ont multiplié les descentes en réponse aux ordres du président de la République dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le monopole. Le hic, c'est que tout ce qui a été stocké a été considéré comme de la fraude et de la spéculation, à moins qu'on prouve le contraire. Ce qui est difficile vu que c'est plutôt une tradition que les professionnels sont habitués à faire sans pour autant augmenter les prix à la vente.
Au micro de Jihène Miled dans son émission Sbeh Enness sur Mosaïque FM, M. Mzah a expliqué que la consommation en eau embouteillée double l'été par rapport à l'hiver, à environ 7 à 8 millions de bouteilles par jour. Or, les grossistes créent pendant l'hiver un stock de régulation pour combler la différence entre la production et la consommation et pouvoir répondre à la demande estivale. Ceci n'a pas été fait, ces derniers ayant eu peur d'être accusés de spéculation et des représailles avec d'importantes amendes et des poursuites judiciaires qui peuvent déboucher sur un emprisonnement. « Nous n'avons pas de stock aujourd'hui, ce qu'on produit on le consomme », a indiqué le président de la chambre, en appelant à rationaliser la consommation. Pour lui, il y a une frénésie de la part des consommateurs, de peur de pénurie comme les autres produits. Il a aussi démenti que la contrebande ait sévi dans le secteur. Il s'est voulu aussi rassurant, affirmant que d'ici une semaine, la situation sera régulée à cause de la baisse de consommation avec la baisse des températures.
Sur un autre volet, Lassâad Mzah a tenu à spécifier que le prix du litre à la sortie des usines hors taxes est compris entre 420 et 445 millimes. Et de noter que 60% du prix couvre le plastique qui a augmenté de 35% par rapport à un an auparavant. Le reste du prix à la vente est composé de la TVA, des frais de transport, des divers frais des intermédiaires et des frais de conservation au froid chez les détaillants. Et de spécifier que le litre d'eau parvient aux grossites à un prix compris entre 540 et 560 millimes. En outre, il a indiqué que les eaux embouteillées ne représentent que 0,19% de la nappe phréatique.
En ce qui concerne les jus et les boissons gazeuses, M. Mzah a indiqué que les usines ne tournent pas normalement à cause du manque de sucre : de petites quantités sont parvenues mais ne couvrent pas les besoins. Cela dit, il a précisé qu'un bateau est en route. Il arrivera bientôt et va les ravitailler à partir de la semaine prochaine, selon les promesses des autorités.