Après une très longue absence des réseaux sociaux, le frère du président de la République, Naoufel Saïed est de retour. Il n'avait plus rien publié depuis octobre 2021. Ce retour, Naoufel Saïed a choisi de le faire en Anglais, dans un long post Facebook où il dresse un bilan de la situation avant 25 juillet et explique la démarche de son frère de président. En effet, en sa qualité de premier « explicateur » présidentiel, Naoufel Saïed critique fortement l'élite politique avec toutes ses composantes au pouvoir en Tunisie au cours de la dernière décennie et estime que cette élite, qui ne présente aucune alternative, a été rejetée par le peuple. « Ignorant cet état de fait, les membres de cette élite poursuivent toujours leurs efforts pathétiques et désespérés pour réparer un semblant de nouvelle légitimité basé sur un récit s'appuyant sur une dérive soi-disant autoritaire du président Saïed depuis le 25 juillet et sa présumée atteinte aux droits humains. Mais ces efforts se sont avérés stériles ». Selon Naoufel Saïed, le président a mis en échec les tentatives de cette élite corrompue et l'Etat profond, car il a toujours eu une longueur d'avance et une popularité sans précédent. « Ils n'ont donc trouvé aucun autre moyen de déstabiliser le pays que la provocation de pénuries alimentaires, la manipulation des prix des biens et des marchandises de base, orchestrant des fuites affectant l'honorabilité du président et des membres sa famille... tout cela dans le but de saper la crédibilité du président auprès du peuple... mais pourtant toutes ces tentatives se sont avérées finalement contre-productives et ont été mises en échec renforçant la popularité du président et aggravant le désarroi de ses adversaires... ». Il assure aussi que le haut niveau de confiance et de fiabilité dont jouit le président lui ont permis d'absorber le mécontentement du peuple, d'atténuer l'impact de la profonde crise politique et sociale et d'assurer la stabilité du pays. Naoufel Saïed concède toutefois qu'il est nécessaire de mettre en place, à court terme, des institutions véritablement représentatives pour décharger le président du lourd fardeau qui lui incombe. Il reprend les éléments de langage répétés par les explicateurs : « ces institutions doivent être véritablement démocratiques, loin de la démocratie de façade qui a prévalu depuis une décennie ». Le frère du président affirme aussi que la décision prise par Kais Saïed est tout sauf permanente et prendra fin une fois le processus électoral terminé en décembre 2022 et la mise en place d'un nouveau parlement démocratiquement élu. « Maintenant, il faut laisser du temps au président. Toute autre position sera préjudiciable aux intérêts du pays et de la région. Il est d'autant plus important d'éviter tout type d'escalade dans les jours à venir avec l'approche du 25 juillet 2022, date du référendum, que certains veulent à tout prix avorter de peur que cela ne crée pour eux un point de non-retour en perdant définitivement les intérêts qu'ils ont accumulés au cours de la dernière décennie ». Naoufel Saïed s'est arrogé le droit de prodiguer des conseils aux adversaires de son frère, en leur intimant de plutôt régler leurs différends avec le peuple qui les a rejetés, que d'attaquer le président. D'après ses dires, il vaudrait mieux pour eux de s'engager dans une longue période de révision, d'initier un processus d'autocritique et de présenter ouvertement des excuses au peuple. Il a de ce fait critiqué les partis politiques et les organisations nationales qui n'ont pas daigné se remettre en question depuis le 25 juillet (10 mois), ironisant en ces termes : « Comme si la seule opposition à Kais Saïed pouvait désormais constituer en soi un programme politique viable capable de justifier leur retour à la vie politique comme si rien ne s'était passé ». Le frère du président estime enfin que maintenir une rhétorique anti-Saïed et prendre des mesures dans cette direction va certainement intensifier l'impasse et braquer le peuple tunisien et surtout « mettre en péril la stabilité et la sécurité du pays et dans la région ouvrant largement les portes devant des cohortes de terroristes et de migrants clandestins qui s'échoueront sur les côtes nord de la Méditerranée ». Il affirme que le président fait des progrès notables sur ces deux fronts et « nous voulons certainement la consolidation de ces progrès dans les mois à venir ». Naoufel Saïed conclut que supposer l'illégalité de la décision du 25 juillet risque de devenir « une énième mauvaise hypothèse sur la Tunisie, l'Afrique du Nord et probablement ailleurs aussi...». La rédaction de cette note explicative en anglais n'est pas anodine. Certains éléments de langage, notamment en ce qui concerne les migrants, le terrorisme et la déstabilisation de la région, laissent entendre que Naoufel Saïed s'adresse en premier aux observateurs étrangers.