L'analyste financier, Bassem Ennaifer, est revenu, lundi 11 avril 2022, sur la dégradation de la situation financière de la Tunisie de par l'accumulation des dettes extérieures, entre autres. Invité de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso sur Express FM, il a expliqué que la dette de la Tunisie avait atteint le seuil vertigineux de 103 milliards de dinars répartis entre 40 milliards de dinars de dettes intérieures environ et 62,8 milliards de dettes extérieures. Commentant la situation, il a précisé que le déficit primaire était le facteur majeur de la hausse de la dette de la Tunisie. Il a signalé, dans ce sens, que le pays avait emprunté entre 2018 et 2021 près de 18 milliards de dinars pour couvrir son déficit budgétaire contre quatre milliards de dinars pour financier des projets. Il a indiqué que le pays s'était endetté sur les trois dernières années après de plusieurs parties notamment le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'Union européenne. Ceux-ci ont accordé à la Tunisie respectivement, sept milliards de dinars, près de 2,7 milliards et un peu moins de deux milliards de dinars. Bassem Ennaifer a affirmé que la hausse de la dette conjuguée à des délais de remboursement plus courts que d'habitude aurait des répercussions sur la situation financière du pays sur les cinq à six ans à venir. Il a expliqué que 2022 serait l'année la moins difficile car le pays n'a que deux milliards de dinars de dettes à rembourser notant que les souscriptions aux bons de trésorerie les plus importants sont sur les lignes des années 2027 et 2028. Revenant sur le rapport de la Direction générale du trésor français et ses prévisions sur la hausse des besoins de la Tunisie en financement sur les années à venir, l'analyste financier a évoqué les retards accusés dans l'obtention d'un accord avec le FMI. Selon la Direction générale du trésor français, les besoins de financement de la Tunisie pourraient augmenter de 12,8 milliards à 20 milliards de dinars en raison de l'impact du conflit russo-ukrainien sur le pays, entre autres. « Nous ne pouvons avoir d'accord avec le FMI qu'au deuxième semestre de l'année en cours, ce qui va coûter de l'argent à l'Etat. Le conflit russo-ukrainien a, de plus, impacté les prix de plusieurs matières que la Tunisie importe, le blé et les carburants notamment. Le déficit commercial sur ces matières nous causera des problèmes majeurs surtout que la Loi de finances de 2022 a été calculée sur la base de 75 dollars le baril de pétrole. Les prix se stabilisent aujourd'hui dans les cent dollars, ce qui va pousser l'Etat à emprunter davantage pour couvrir ce déficit », a-t-il déclaré. Interpellé sur la solution à prévoir pour éviter d'atteindre les 20 milliards de dettes supplémentaires, l'analyste a préconisé davantage de contrôle sur les circuits de distribution des produits alimentaires pour optimiser l'attribution des matières subventionnées à ceux qui en ont le plus besoin. « Pour ce qui est des hydrocarbures, il nous faut une stratégie nationale pour augmenter la production et des accords d'approvisionnement avec les pays voisins afin que l'Etat puisse stabiliser ses dépenses », a-t-il ajouté.